Eglises d'Asie

Les extrémistes hindous s’agitent à Ayodhya

Publié le 28/11/2018




Le 26 novembre, plusieurs dizaines de milliers d’hindous se sont rassemblés à Ayodhya, dans le nord du pays, afin de demander la construction d’un temple hindou à l’emplacement d’une ancienne mosquée qui a été démolie par des extrémistes hindous il y a plus de deux décennies. Selon les critiques, le gouvernement pro-hindou (Bharatiya Janata Party) au pouvoir utilise les agitations d’Ayodhya et la montée des pressions extrémistes afin d’attirer les votes avant les élections nationales.

Lundi 26 novembre, près de 200 000 hindous se sont rassemblés à Ayodhya pour un rassemblement religieux (« dharam sabha ») afin de demander au premier ministre Narendra Modi et au parti du BJP au pouvoir (Bharatiya Janata Party) qu’un temple dédié à Rama soit construit sur le site de Badri, une mosquée du XVIe siècle détruite par des extrémistes hindous le 6 décembre 1992. Cependant, un temple ne peut y être construit, puisqu’un procès est toujours en cours et oppose les communautés hindoues et musulmanes à propos du contrôle du terrain. Les groupes hindous affirment avoir proposé des plans et qu’ils sont prêts à construire un temple. « Nous ne serons pas tranquilles tant que la construction d’un temple n’est pas achevée », souligne Krishna Gopal, dirigeant de l’organisation hindoue RSS (Rashtriya Swayamsevak Sangh), qui a présidé la rencontre. Les hindous considèrent Ayodhya, dans l’État de l’Uttar Pradesh, comme le lieu de naissance du dieu hindou Rama. Ils affirment que le dirigeant Moghol Babar a démoli autrefois un temple dédié à Rama à cet emplacement pour y construire une mosquée. Les groupes extrémistes hindous soutiennent que le terrain leur appartenait à l’origine. La destruction de la mosquée, en 1992, a provoqué des émeutes entre hindous et musulmans qui ont entraîné plus de 2 000 morts à travers le pays.

Avant l’arrivée des hindous le 26 novembre, des centaines de musulmans ont fui la ville par peur des violences, alors que l’anniversaire de la démolition de la mosquée ne devait avoir lieu que près d’une semaine plus tard. Le BJP a été accusé d’avoir orchestré la démolition de la mosquée en 1992, et d’avoir ainsi favorisé sa popularité auprès des électeurs hindous et son arrivée au pouvoir à Delhi. Le BJP affirme que la mosquée était une insulte aux hindous, et les anciens slogans du parti ajoutaient que seule la construction d’un temple à Rama sur le site de l’ancienne mosquée pouvait restaurer la fierté des hindous. Lors des six dernières élections générales depuis la démolition, le BJP a promis la construction du temple à Ayodhya, sans passer à l’acte. Les critiques affirment que le parti hindou a manipulé la montée des pressions extrémistes afin d’attirer les électeurs. « Le RSS et le BJP sont en train d’attiser les passions en profitant de l’affaire du temple d’Ayodhya. Alors que les gens ont besoin de travail, de nourriture et de pouvoir d’achat, cela permet de détourner la population des échecs du BJP », a déclaré le leader marxiste Sitaram Yechury auprès des médias. Un autre membre majeur de l’opposition, Akhilesh Yadav du parti socialiste Samajwadi, a déclaré que le BJP essaie de détourner l’attention des gens des « erreurs colossales » du gouvernement Modi. Le trader musulman Nassim Haque, originaire d’Ahmedabad, affirme que le principal opposant du BJP, le parti du Congrès – soutenu traditionnellement par les musulmans – a choisi une stratégie d’apaisement vis à vis de la majorité hindoue. Nassim Haque cite l’exemple des partis d’oppositions et des groupes musulmans qui avaient l’habitude d’organiser des manifestations le jour de l’anniversaire de la destruction de la mosquée de Badri. « Il y a quelques années, le parti du Congrès a commencé à dire que ces manifestations ne devraient pas avoir lieu », ajoute-t-il. « Tout le monde cherche à attirer les électeurs hindous. »

(Avec Ucanews, New Delhi)


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Ians