Les habitants de Manille confrontés à des coupures d’eau à cause de la sécheresse

Une manifestation à Manille en 2019 afin de dénoncer la crise de l’eau dans la capitale philippine.

Depuis le 12 juillet, la capitale philippine et ses environs sont affectés par de graves pénuries d’eau potable, ce qui force de nombreux résidents à faire la queue devant les fontaines publiques et les casernes de pompiers tous les jours durant plusieurs heures. Dans les quartiers défavorisés de Manille et des banlieues de Navotas et de Quezon City, plusieurs centaines d’habitants patientent avant de pouvoir remplir leurs seaux.

Plus d’un demi-million de foyers de Manille et des villes alentours sont affectés par les coupures d’eau, qui peuvent durer jusqu’à onze heures par jour. Les coupures ont lieu de 19 heures à 4 heures du matin, mais peuvent être prolongées dans certaines zones.

Le problème de pénurie d’eau dans le réservoir principal du Grand Manille est attribué aux conséquences du phénomène climatique El Niño, qui revient tous les deux à sept ans et qui s’est réenclenché cette année en 2023. Caractérisé par des températures anormalement élevées à la surface de l’océan Pacifique, il peut provoquer une hausse des températures mondiales et réduire les précipitations.

Des résidents de la capitale ont commencé à faire la queue dès 3 heures du matin afin d’éviter les embouteillages à Manille, avant de se rendre au travail. « Je me lève un peu avant 3 heures pour aller chercher de l’eau. Nous n’avons pas d’eau à la maison, donc nous devons aller en prendre dans une fontaine publique située au bord d’un trottoir », explique un habitant de Manille, un facteur âgé de 38 ans, interrogé le 12 juillet. Carmona précise que l’eau est avant tout destinée à ses enfants, avant qu’ils aillent à l’école. « J’ai deux enfants au lycée, et ils doivent être en cours à 7h30. Donc je vais d’abord chercher de l’eau pour eux, et en tant que père, je viens seulement après », ajoute-t-il.

Caritas collecte des bouteilles d’eau pour les distribuer dans les bidonvilles

Jenylyn Mesonia, une mère de trois enfants âgée de 35 ans, souligne qu’elle doit être à l’hôtel où elle travaille avant 7 heures du matin, mais qu’elle ne peut pas parce qu’elle doit aller chercher de l’eau avant et préparer le repas pour ses enfants. « En principe, quand je me lève, je prépare leur petit-déjeuner. Mais maintenant, je dois aller faire la queue pour l’eau. Donc je finis par être en retard au travail », confie-t-elle.

Selon la société Maynilad Water Services, la plus grande société privée de distribution d’eau potable aux Philippines, ses clients subissent des pénuries à cause du faible niveau du barrage d’Angat, un réservoir qui alimente les réserves de la capitale, situé au nord-est de Manille. L’allocation d’eau potable a été réduite par la société en raison de la diminution du niveau du barrage, et des effets du phénomène El Niño qui risquent d’empirer au cours des prochains mois.

La Caritas locale, la branche sociale de l’Église aux Philippines, a prévenu que les résidents les plus démunis risquent de ne pas pouvoir acheter d’eau en bouteille faute de moyens. « Ils n’ont déjà pas de quoi payer leurs factures », a réagi Mgr Jose Colin Bagaforo, directeur national de l’organisation catholique. Selon Mgr Bagaforo, Caritas a commencé à collecter des bouteilles d’eau afin de les distribuer dans les bidonvilles. « Nous pensons avant tout aux enfants et aux personnes âgées qui ont besoin d’eau potable mais qui n’ont pas d’argent pour en acheter. Nous ferons face à cela en leur donnant à boire… Des gestes simples mais essentiels dans ces circonstances », a-t-il insisté.

(Avec Ucanews)