Eglises d'Asie

Les habitants du bassin inférieur du Mékong espèrent sortir de quatre années de sécheresse sur le fleuve

Publié le 18/05/2022




Après quatre années de sécheresse, les familles de pêcheurs et de fermiers vivant sur le bassin inférieur du Mékong, le plus grand fleuve d’Asie du Sud-Est, se réjouissent de fortes pluies et d’une décision de la Chine de libérer davantage d’eau au niveau des barrages situés en amont. Selon la Commission du fleuve Mékong (MRC), les premiers mois de 2022 ont été les plus humides enregistrés depuis quelques années, même si les niveaux d’eau restent largement en dessous de la moyenne enregistrée sur 60 ans entre 1961 et 2021

Des pêcheurs sur le fleuve Mékong, au Vietnam.

De fortes pluies et la décision des autorités chinoises de libérer davantage d’eau au niveau des barrages situés en amont ont permis de fournir une lueur d’espoir aux familles de pêcheurs et d’agriculteurs sur le bassin du Mékong, qui ont souffert de faibles prises et de mauvaises récoltes à cause de quatre années de sécheresse. La Commission du fleuve Mékong (MRC) a déclaré que les premiers mois de l’année 2022 ont été les plus humides depuis quelques années.

De plus, les stations de surveillance du Mékong ont indiqué que l’eau du fleuve, durant les mois de mars et avril, a fréquemment dépassé les niveaux records de l’an dernier, ce qui indique des lâchers de barrage. « Ces deux facteurs combinés permettent des flux de sédiments et de nutriments plus importants. Cela favorise les stocks de poisson et l’agriculture, et près de 70 millions d’habitants vivant dans ces communautés fluviales en bénéficient », a déclaré la Mekong River Commission dans un communiqué.

C’est en particulier l’humidité du sol – requise pour que les fermiers puissent faire pousser leurs cultures et obtenir de bonnes récoltes – qui s’est sensiblement améliorée en 2020 et 2021, avec des niveaux de précipitation près de 25 % supérieurs dans le bassin inférieur du Mékong, sur la période de novembre à avril. Toutefois, selon le MRC, cette évolution positive risque d’être éphémère car le mois de juillet pourrait amener de nouveaux épisodes de sécheresse dans plusieurs zones du bassin inférieur, selon des prévisions récentes.

« Cela nous donne malgré tout l’espoir que le Mékong se relève et se remplit à nouveau », confie Winai Wangpimool, directeur du département technique du MRC. « Cela dit, cela n’enlève pas les risques de sécheresse modérée », ajoute-t-il, en précisant que les chiffres montrent que les niveaux d’eau à travers le bassin sont restés largement en dessous de la moyenne enregistrée sur 60 ans entre 1961 et 2021 – et également en dessous des niveaux raisonnables de la décennie précédente, particulièrement entre 2008 et 2017.

65 millions d’habitants dépendent largement du plus grand fleuve d’Asie du Sud-Est

Les changements climatiques d’une part, et les accumulations d’eau en Chine et au Laos via un important réseau de plus de 100 barrages, ont été accusés d’avoir aggravé l’impact de la sécheresse. Parmi ces conséquences, on compte notamment un manque de réserves d’eau dans des villes comme Phnom Penh, au Cambodge. Le MRC – qui gère les ressources en eau au Cambodge, au Laos, en Thaïlande et au Vietnam – explique également que la saison humide traditionnelle s’est réduite de cinq à quatre mois, c’est-à-dire de juillet à octobre au lieu de juin à octobre.

« C’est ce qui rend le réapprovisionnement en eau si important. Bien sûr, davantage de précipitations entraîne aussi les risques de pluies torrentielles et de crues éclair – en mettant donc en danger les habitants et leurs biens », poursuit le MRC, en précisant que la Chine fournit des données sur les saisons sèches, en plus de celles sur les saisons humides, depuis la station de surveillance de Jinghong qui a amélioré la diffusion d’informations sur le fleuve.

La Commission du fleuve rappelle régulièrement aux pays du bassin du Mékong l’urgence des questions affectant le bassin fluvial, où vivent au moins 65 millions d’habitants et dont la survie dépend largement du plus grand fleuve d’Asie du Sud-Est. « Les terrains humides se raréfient, la quantité de nutriments transportés par les sédiments diminue, et la salinité en hausse gâche les récoltes de riz », a averti Anoulak Kittikhoun, directeur général du secrétariat du MRC, le mois dernier.

(Avec Ucanews)