Eglises d'Asie

Les minorités religieuses de l’État d’Odisha saluent une nouvelle mesure en faveur des rapports interreligieux

Publié le 18/02/2020




Près de 60 délégués d’organisations chrétiennes et musulmanes ont salué une initiative destinée à renforcer les liens et affaiblir les barrières interreligieuses dans l’État d’Odisha, dans l’est de l’Inde, frappé par l’une des pires violences antichrétiennes de l’histoire indienne il y a plus de dix ans. Le 13 février, la délégation a rencontré le ministre en chef de l’État d’Odisha, Naveen Patnaik, en exprimant leur gratitude pour une subvention de 160 millions de roupies (2,07 millions d’euros), qui sera versée à leurs institutions par un fonds spécial de l’État d’Odisha au cours de l’année. Cet argent doit servir à la construction de bâtiments et de centres d’accueil pour les pèlerins et de visiteurs dans la région.

Le père Ajay Kumar Singh lors d’un séminaire à New Delhi, le 25 août 2018 lors du 10e anniversaire des violences antichrétiennes de Kandhamal, en Odisha.

« C’est vraiment une belle initiative de notre ministre en chef, parce que cela permettra d’approfondir les liens entre toutes nos communautés, pour que nous puissions continuer de travailler au développement de l’État », a déclaré le père Prasanna Kumar Pradhan, vicaire général de l’archidiocèse de Cuttack-Bhubaneswar, à propos de l’annonce d’une subvention de 160 millions de roupies (2,07 millions d’euros) aux minorités religieuses de l’État d’Odisha, dans l’est de l’Inde. Le 13 février, une délégation de 60 responsables chrétiens et musulmans a rencontré le ministre en chef Naveen Patnaik afin d’exprimer leur reconnaissance. L’aide financière, qui doit être versée au cours de l’année, doit permettre de développer les accueils de pèlerins et de visiteurs dans la région. « Ce n’est pas la première fois que le ministre en chef prend une telle initiative vis-à-vis des différentes communautés religieuses, y compris des chrétiens, et nous devons saluer cette décision. En décembre dernier, il avait déjà participé à des concerts de Noël », ajoute-t-il. « Bien sûr, autrefois, il y a eu des tensions entre les minorités religieuses dans la région, pour différentes raisons, mais depuis que le gouvernement local lui-même a adopté une politique d’ouverture, nous n’avons plus aucune plainte particulière à exprimer. Nous souhaitons exprimer notre gratitude pour ces égards et pour ce soutien financier en faveur de l’accueil des pèlerins. »

Récemment, le gouvernement de l’État a également annoncé vouloir accorder une somme de 20 millions de roupies (258 462 euros) à l’église de Jésus-Christ de Satyanagar, à l’église Mère Marie de Bhubaneswar et à la mosquée Capital Masjid de Bhubaneswar. De plus, une aide de 20 millions de roupies a également été confirmée pour l’église baptiste Odia de Cuttack et pour la mosquée Kadam-e-Rasool de Dargha Bazar. La mosquée Markazi de Fakirabad, la cathédrale Saint-Joseph de Sambalpur, l’église baptiste Odia de Giri Road et la mosquée Sunni Jama de Rajgangpur ont également reçu chacun une subvention de 10 millions de roupies. « Nous sommes tous particulièrement reconnaissants pour ce beau geste, qui devrait permettre de renforcer les liens interreligieux dans la région. Mettons de côté nos différences », a renchéri Munna Khan, responsable musulman local. « Il faut saisir cette opportunité de travailler ensemble avec le gouvernement local, parce qu’une telle avancée montre une véritable reconnaissance de notre contribution envers la société indienne », souligne le père Madan Sual Singh, directeur de Jana Vikas, la branche sociale de l’archidiocèse de Cuttack-Bhubaneswar (où se trouve le district de Kandhamal, théâtre du massacre d’Odisha survenu le 23 août 2008). Alors que les hindous célébraient la fête de Janmashtami, ou la naissance de Krishna, un chef hindou local, Swami Lawmanananda, a été tué. Des extrémistes hindous se sont alors attaqués aux chrétiens en les accusant d’un complot. Les violences se sont poursuivies durant sept semaines, entraînant près de 120 morts et 56 000 déplacés, et la destruction de 6 000 maisons et 300 églises.

(Avec Ucanews, New Delhi)


CRÉDITS

Bjay Kumar Minj / Ucanews