Eglises d'Asie – Inde
Les minorités représentent plus de la moitié des détenus indiens selon un nouveau rapport
Publié le 05/09/2020
Selon un nouveau rapport du National Crime Records Bureau (NCRB, l’agence gouvernementale indienne responsable des statistiques judiciaires), les membres des communautés musulmanes, Dalits (intouchables) et indigènes sont plus susceptibles d’être emprisonnés en Inde que les hindous. Le NCRB affirme aussi que ces groupes représentent environ 52 % des détenus à travers le pays. « Les groupes minoritaires subissent de multiples pressions depuis des années, donc ce n’est pas nouveau. Les gens pensent que les crimes sont toujours commis par les minorités ; c’est un préjugé largement répandu », commente le père Vijay Kumar Nayak, secrétaire du Bureau pour les Dalits et les castes inférieures de la Conférence épiscopale indienne. « Il est évident que ces chiffres sont liés aux problèmes d’illettrisme, aux crises financières et au manque de moyens des minorités. Faute d’avocats, ces dernières sont souvent victimes de poursuites abusives de la part de la police », dénonce le prêtre, qui explique que ces minorités sont démunies et vulnérables, ce qui en fait des proies faciles pour les autorités.
Les musulmans, les Dalits et les populations indigènes représentent près de 39 % de la population indienne, selon le recensement de 2011 (14,2 % pour les musulmans, 16,6 % pour les Dalits et 8,6 % pour les communautés indigènes). Fin 2019, selon le NCRB, les prisons indiennes comptaient 16,6 % de détenus musulmans, 21,7 % de Dalits, et 13,6 % de détenus issus des communautés indigènes. Muhammad Arif, musulman et président du Centre pour l’harmonie et la paix, affirme que les pauvres sont « laissés pour compte et livrés à eux-mêmes ». « De leur côté, les médias se préoccupent davantage des activités des élites que de défendre la voix des minorités à l’échelle nationale », poursuit Muhammad Arif, dont l’organisation est basée dans l’État de l’Uttar Pradesh. « Dans notre pays, il arrive régulièrement que la police s’en prenne aux pauvres gens uniquement pour régler la situation. » Thomas Franklin Caesar, un avocat de la Cour Suprême, explique que puisque les gens savent que ces groupes minoritaires ne répliqueront pas et qu’ils sont sans défense, il est facile de les accuser de tout. Thomas Franklin Caesar, un activiste Dalit, ajoute qu’il est dommage de voir qu’il y a aussi peu de monde pour les défendre et parler en leur nom dans les tribunaux.
(Avec Ucanews, New Delhi)
Crédit : Thessaly La Force (CC BY-SA 2.0)