Eglises d'Asie – Corée du Nord
Les Nord-Coréens épuisés par les sanctions, les famines et la maladie
Publié le 05/06/2019

« En Corée du Sud, les débats sont vifs entre ceux qui sont en faveur ou non de l’aide humanitaire dans le Nord », confie le père Hammond. « Le pays est divisé : certains sont convaincus que Pyongyang revend de la nourriture donnée, dont du riz. Selon moi, c’est possible, mais il nous faut montrer plus de compassion. Nous devons prendre le risque. Chaque fois que je me rends en Corée du Nord, les malades sont de plus en plus nombreux. La tuberculose multirésistante est une pathologie qui se développe rapidement avec la malnutrition. » Durant sa dernière visite, la délégation de la fondation a traité environ 3 000 patients atteints de tuberculose multirésistante (MDR-TB) dans douze centres de quatre provinces (Pyongan du Nord, Pyongan du Sud, Hwanghae du Nord et Hwanghae du Sud), gérés par le gouvernement nord-coréen avec l’assistance de la Fondation Eugene Bell. « Les douze centres où nous intervenons sont situés le long de la côte ouest du pays, où vit près d’un tiers de la population nord-coréenne. Pour les atteindre, il faut traverser Pyongyang. On peut donc dire que mes observations concernent au moins la moitié de la population », assure le prêtre. « Même dans cette partie du pays, dont la situation est pourtant meilleure, les temps sont très difficiles. Le long de la côte est, c’est encore pire. Bien sûr, les habitants de la capitale sont une exception. C’est la saison des semailles en ce moment, donc les travaux dans les champs sont éprouvants », poursuit-il.
Créer un climat de confiance
« Les gens cultivent chaque centimètre carré de terre pour obtenir les meilleures récoltes possible. Pourtant, ils ont connu plusieurs famines est cela se voit clairement en province. Les gens ordinaires souffrent beaucoup à cause des sanctions. Ils se serrent la ceinture, ils ont besoin de riz. » La délégation envoyée par la Fondation Eugene Bell est surveillée de près par les autorités nord-coréennes, mais ses membres peuvent malgré tout travailler avec efficacité aux côtés des agents du gouvernement. « Malheureusement, nous ne pouvons pas échanger beaucoup avec les patients », ajoute le père Hammond. « J’ai aidé le personnel médical durant les tests d’expectoration, quand les patients toussent pour prélever leurs crachats. Par cet examen, nous déterminons qui doit recevoir les traitements », explique-t-il. « Durant ces moments, les patients sont particulièrement vulnérables, désespérés. Ils savent que plusieurs d’entre nous sommes prêtres et ils nous remercient en nous disant : ‘Merci pour ce que vous faites pour nos vies’ ou ‘Merci de nous apporter de l’espoir’. Le nom des bienfaiteurs est affiché sur les caisses que nous apportons, et il est écrit ‘Église catholique’ sur beaucoup d’entre elles. C’est comme cela qu’ils savent que l’Église fait quelque chose pour eux. » Mais « nous ne faisons pas de prosélytisme », ajoute-t-il. « Les gens ont besoin de davantage. Nous servons de pont entre les deux Corées, afin d’essayer de créer un climat de confiance qui peut faciliter le travail de ceux qui nous remplacerons. »
(Avec Asianews)
CRÉDITS
Fondation Eugene Bell