Les Papouasiens en deuil suite au décès du père Tebay, reconnu pour son action pour la paix

Les Papouasiens sont en deuil suite au décès du père Neles Kebadabi Tebay à l’âge de 54 ans, le 14 avril à Jakarta, des suites d’un cancer du sang. Le prêtre était connu pour son combat pour la paix en Papouasie, dans l’est de l’archipel indonésien. Le président Joko Widodo lui-même, ainsi que le chef de la police indonésienne, Tito Karnavian, se sont joints aux messages de condoléances. Le père Neles Tebay, qui était également président de l’école Fajar Timur de philosophie et de théologie d’Abepura, était célèbre dans le pays pour son engagement pour la fin des violences en Papouasie. En 2010, il a fondé le Réseau pour la paix en Papouasie (Papua Peace Network), un groupe qui milite pour la résolution pacifique des conflits et des violences en Papouasie. La région est frappée depuis plusieurs décennies par les violences des groupes rebelles indépendantistes, depuis l’annexion de la région par l’Indonésie en 1969, suite à un référendum controversé. Le père Tebay faisait partie des quelques leaders papouasiens qui ont participé au « dialogue Papouasie-Jakarta », une rencontre organisée avec le président Widodo à Jakarta, en août 2017, afin de tenter de mettre fin aux violences. Il a également écrit de nombreux articles pour des médias indonésiens et internationaux afin de défendre la paix dans la région. Il a également écrit plusieurs ouvrages sur le sujet, dont « Dialogue Jakarta-Papouasie : une perspective papouasienne », « Prendre la plume pour le dialogue papouasien » et « Réconciliation et paix : effort interreligieux pour la paix en Papouasie occidentale ».

Le décès du père Tebay est une grande perte pour tous les Papousiens, selon un autre prêtre engagé pour la même cause, le père John Djonga. « Il a mené une lutte acharnée pour trouver une solution digne aux problèmes des Papouasiens », explique-t-il. Le père Djonga ajoute que le père Tebay était une personnalité qui était acceptée par tous les groupes. Markus Haluk, directeur général du Mouvement uni pour la libération de la Papouasie occidentale (ULMWP), s’est dit profondément attristé par le décès du prêtre. « Le père Tebay représentait le pont que nous devons construire pour mettre fin aux conflits en Papouasie. C’était aussi un pasteur pour tous les Papouasiens », confie-t-il. Adriana Elisabeth, une chercheuse de l’Institut indonésien des sciences (LIPI) qui a collaboré avec le père Tebay, explique que le prêtre essayait toujours de favoriser l’optimisme parmi les militants pour la paix, en insistant pour dire qu’un jour, le dialogue entre Jakarta et la Papouasie aboutirait. « Sa persévérance et son optimisme ont aidé les membres du Réseau pour la paix en Papouasie à rester confiants, malgré les doutes », ajoute-t-elle. Mathen Goo, un militant pour la paix dans la région, confie que le père Tebay était une source d’inspiration pour tous ceux qui partageaient sa cause. « Il ne sera pas facile de trouver quelqu’un d’autre comme lui », assure-t-il. Le père Neles Tebay est né le 13 février 1964 dans le district de Dogiyai. Après avoir étudié à l’école Fajar Timur de philosophie et théologie, il a obtenu un master à l’université Ateneo de Manille, aux Philippines, avant de préparer un doctorat en missiologie à l’Université pontificale urbanienne de Rome. En 2013, il a reçu le prix sud-coréen Tji Hak-soon pour la justice et la paix, pour récompenser son combat pour la paix en Papouasie. Les funérailles du père Tebay auront lieu le jeudi 18 avril à Timika, la capitale du kabupaten (subdivision administrative locale) de Mimika, en Papouasie.

(Avec Ucanews, Jakarta)