Eglises d'Asie

Les pays membres de l’Asean s’inquiètent de l’évolution de la situation en mer de Chine méridionale

Publié le 30/06/2020




À l’issue du sommet annuel de l’Asean (Association des nations de l’Asie du Sud-Est), les dix pays membres de l’organisation ont souligné l’importance de la liberté de survol et de navigation en mer de Chine méridionale – où Pékin revendique près de 90 % du territoire dans ces eaux contestées. De leur côté, plusieurs membres de l’Asean (le Vietnam, les Philippines, l’Indonésie et la Malaisie) s’y opposent vivement. La nouvelle déclaration de l’Asean montre que l’organisation est préoccupée par « l’évolution récente des événements dans la région ». Selon les analystes, pour qui la pandémie a montré la vulnérabilité des chaînes d’approvisionnement dans la région, les pays de l’Asean vont devoir trouver un nouveau point d’équilibre dans leurs relations avec Pékin.

Le 4 novembre 2019, le président philippin Rodrigo Duterte, la Conseillère d’État Aung San Suu Kyi (Birmanie) et Lee Hsien-loong (Premier ministre de Singapour), lors du 22e sommet Asean-Japon.

Dans leur communiqué final, publié à l’issue de leur sommet annuel les dirigeants de l’Asean (Association des nations de l’Asie du Sud-Est), ont souligné l’importance de la « liberté de survol » de la mer de Chine méridionale, en dépit des revendications de Pékin dans la région. Les dix pays membres de l’organisation ont rarement pris une position commune contre les demandes de la Chine, qui revendique près de 90 % du territoire en mer de Chine méridionale. De leur côté, plusieurs membres de l’Asean (le Vietnam, les Philippines, l’Indonésie et la Malaisie) s’y opposent même vivement. Ainsi, en avril dernier, le gouvernement philippin a condamné le naufrage d’un bateau de pêche vietnamien en mer de Chine méridionale – qui aurait été coulé, selon Hanoï, par un garde-côte chinois. Fin mai, dans une note officielle envoyée aux Nations unies, l’Indonésie a également soutenu une décision de la Cour internationale d’arbitrage de La Haye, critiquant la « ligne en neuf traits » – par laquelle la Chine revendique sa « souveraineté indiscutable » sur 3,5 millions de km² dans cette zone. Selon la Cour internationale d’arbitrage, cette ligne de démarcation n’a aucune base légale et viole la Convention des Nations unies sur le droit de la mer. En plus d’occuper et de militariser une série d’îlots et de récifs de corail, la Chine n’a pas écarté la possibilité d’imposer une zone de défense aérienne (ADIZ) dans la région.

C’est d’ailleurs ce qu’a décidé Pékin en 2013 en mer de Chine orientale, concernant le conflit territorial des îles Senkaku-Diaoyu. La nouvelle déclaration de l’Asean montre que les pays membres de l’organisation sont préoccupés par « les revendications territoriales et l’évolution récente des événements dans la région », dont de nombreuses « attaques et activités » en mer. Ils insistent notamment sur le principe de la liberté de navigation dans ces eaux contestées. Ces positions sont partagées par les alliés de l’Asean et par les États-Unis. Les problèmes territoriaux en mer de Chine méridionale sont étroitement mêlés à des questions économiques, alors que l’Asean s’inquiète de sa stabilité économique, menacée par la récession post-coronavirus. La pandémie a montré la vulnérabilité des chaînes d’approvisionnement en Chine, principal partenaire commercial des pays d’Asie du Sud-Est. Pour les analystes, les pays de l’Asean vont devoir trouver un nouveau point d’équilibre dans leurs relations avec Pékin. Pour eux, les efforts commerciaux avec la Chine comme le Partenariat économique régional global (Regional comprehensive economic partnership) – un projet d’accord de libre-échange entre seize pays autour de l’océan Pacifique – devront s’accompagner d’une diversification des différents partenaires commerciaux et investisseurs.

(Avec Asianews, Hong-Kong)


CRÉDITS

Albert Alcain / Presidential Communications Operations Office