Eglises d'Asie – Philippines
Les Philippines s’engagent à redoubler d’efforts contre la traite des êtres humains
Publié le 23/05/2023
Le 15 mai, le Bureau d’immigration philippin et la Commission pour les Philippins à l’étranger se sont engagés à renforcer les activités contre la traite des êtres humains et les migrations illégales après avoir démantelé une vaste escroquerie en ligne et secouru six Philippins émigrés en Birmanie. Norman Tansingco, commissaire à l’immigration, a notamment signé un accord destiné à remonter la trace des migrants illégaux et sans papiers victimes de la traite des personnes. Dans cet objectif, il a souligné l’importance du contrôle de l’immigration.
Selon les autorités, les six victimes secourues récemment s’ajoutent à plus de 1 000 Asiatiques déjà libérés de réseaux d’escrocs, dont les principaux meneurs sont basés dans la province de Pampanga, au nord de Manille, la capitale philippine. Les six victimes ont déjà porté plainte contre leurs recruteurs présumés – trois Philippins et un Chinois – pour avoir violé la loi nationale contre la traite (Anti-Trafficking in Persons Act).
Elles ont déclaré avoir été recrutées en ligne et envoyées de manière abusive en Thaïlande, puis de là en Birmanie, afin d’y travailler pour des trafics frauduleux et des réseaux de faux investissements dans les cryptomonnaies. Le 18 mai, Lucas Bersamin, de la Commission présidentielle contre le crime organisé, a également signalé que les victimes ont subi un voyage extrêmement pénible par la route et par bateau. « On nous frappait à différents endroits. On nous attachait avec des câbles et nous devions rester debout durant 24 heures devant nos ordinateurs », a raconté l’une des victimes, interrogée le 17 mai par la chaîne d’informations ABS-CBN.
« Les trafics humains sont un fléau majeur. C’est de l’esclavage moderne »
Joven Atayde, âgé de 34 ans, a expliqué avoir été contacté par une agence internationale de recrutement appelée Jobs Connect, qui lui promettait un emploi au Moyen-Orient en moins d’un mois. « Je gagnais seulement 12 000 pesos [199 euros] par mois comme concierge dans une école de Manille. L’agence m’offrait un minimum de 50 000 pesos par mois pour un emploi dans la restauration à Dubaï. Donc j’ai déposé ma candidature », a-t-il décrit. « J’ai payé la somme initiale de 100 000 pesos en empruntant de l’argent à des amis, et j’ai envoyé les documents requis », a-t-il ajouté. Selon lui, il a quitté Manille en février 2021 avec deux autres Philippins de la région de Mindanao.
Les leaders du réseau formaient ensuite leurs victimes sur différents aspects des cryptomonnaies avant de les forcer à participer à des activités frauduleuses. On leur a également demandé de créer des relations amoureuses en ligne dans le but d’arnaquer des internautes. Au moins 171 Philippins, 389 Vietnamiens, 307 Chinois, 143 Indonésiens, 40 Népalais, 25 Malaisiens, 7 Birmans, 5 Thaïlandais, 2 Taïwanais ainsi qu’un Hongkongais ont été secourus à ce jour.
« Ces agences de recrutement illégal doivent être fermées, leurs biens doivent être saisis et l’argent doit être rendu et utilisé comme réparation pour les victimes », a réagi Mgr Ruperto Santos, évêque de Balanga et vice-président de la Commission pour la pastorale des migrants et des personnes itinérantes de la Conférence épiscopale philippine. Avec l’une des diasporas les plus importantes au monde, les Philippines sont une source majeure pour les réseaux de trafic humain et sexuel, selon les experts de la lutte contre la traite des personnes. Les évêques philippins ont également souligné qu’ils se sont toujours opposés à cet « esclavage moderne ». « Les trafics humains sont un fléau majeur de notre société, et ils ne méritent rien d’autre que des poursuites judiciaires sérieuses et des sanctions sévères. C’est de l’esclavage moderne », a martelé Mgr Santos.
(Avec Ucanews)
CRÉDITS
Denden Galicia / Ucanews