Eglises d'Asie – Philippines
Les Philippins les plus démunis particulièrement affectés par les changements climatiques
Publié le 20/06/2019

164 672 fermiers touchés par la sécheresse
À Capacuan, un village près de la ville de Rizal, dans le nord, Daniel Ranojo, fermier, se demande comment traverser la saison sèche. Il confie que sa communauté était encore en train de se remettre des suites d’un typhon l’année dernière, quand la sécheresse a achevé de détruire leurs récoltes. En septembre 2018, le typhon Mangkhut, une tempête de catégorie 5, a frappé le nord des Philippines, détruisant les cultures et endommageant les infrastructures – des dégâts estimés à 3,77 milliards de dollars US. La province de Cagayan, où se trouve la ferme de Ranojo, était l’une des régions les plus durement touchées. Il a dû faire un emprunt pour acheter des graines et des engrais, en espérant que la nouvelle récolte serait suffisante pour couvrir les pertes. En janvier 2019, la province a été touchée par un épisode El Nino, un phénomène climatique caractérisé par des températures anormalement élevées et des pluies réduites, provoquant la sécheresse. « Maintenant, nous n’avons plus rien », ajoute Daniel Ranojo. En avril, le Conseil national de réduction et de gestion des risques de catastrophe a évalué les dégâts provoqués par la sécheresse à hauteur de 95 millions de dollars. Le conseil gouvernemental a également annoncé que 164 672 fermiers avaient été touchés par le phénomène, 26 gouvernements locaux ayant déclaré un état d’urgence. Sylwyn Sheen Alba, coordinatrice du groupe catholique ACT Philippines Forum, estime que ce sont les communautés les plus démunies qui sont les plus touchées par les changements climatiques. « Et les dégâts sont extrêmes », souligne-t-elle. « Ces gens sont déjà victimes d’inégalités sociales, et ils sont incapables de se relever après plusieurs catastrophes successives, faute de ressources. » Selon l’Indice mondial des risques climatiques de 2018, les Philippines sont au 3e rang sur 171 pays en termes de vulnérabilité aux catastrophes naturelles et aux changements climatiques.
Conversion écologique
Jing Rey Henderson, de Caritas Philippines, explique que « la protection de l’environnement est également une façon de protéger les pauvres des conséquences dramatiques des changements climatiques ». Il ajoute que les évêques philippins appellent sans relâche à la conversion écologique, « à vivre en harmonie avec la nature plutôt que de chercher à la dominer », dans la lignée de l’encyclique Laudato Si du pape François. Jing Rey Henderson confie que les changements climatiques et leurs conséquences « sont bien là et inéluctables, mais nous pouvons agir pour tenter de réduire leurs effets sur les communautés locales ». « Une famille aisée peut se soulager de la chaleur écrasante en allumant l’air conditionné, mais une famille pauvre vivant dans un village reculé n’aura que les arbres pour se protéger du soleil », poursuit-elle. Le père Catral assure que les plus pauvres, en particulier les populations agricoles, seront les premiers affectés par les changements climatiques. Toutefois, le prêtre ajoute que des cultures détruites, ce sont des marchés vides. « Nous devons comprendre que tout est lié », insiste-t-il. « Si un village est perdu à cause de la montée des eaux, c’est un village de pêche perdu pour le pays. »
(Avec Ucanews, Manille)
CRÉDITS
Mark Saludes / Ucanews
