Eglises d'Asie

Les prix du riz atteignent leur plus haut niveau en quinze ans à cause de pénuries en Asie

Publié le 21/09/2023




Selon un rapport publié ce mois-ci par la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture), les prix du riz ont atteint leur plus haut niveau depuis la crise de 2008. Certains parlent de la plus grande pénurie mondiale de riz depuis 20 ans, à cause de différents facteurs dont les conséquences de la pandémie et de la guerre en Ukraine. On compte aussi des événements climatiques extrêmes comme les inondations de 2022 en Chine et au Pakistan, et une interdiction des exportations de riz non-basmati imposée par l’Inde.

Un agriculteur vietnamien dans une rizière du nord du pays, près de Hanoï.

En août, les prix du riz ont atteint leur plus haut niveau en quinze ans, depuis la crise économique et financière mondiale de 2008, selon un rapport publié la semaine dernière par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). L’indice des prix All Rice de la FAO indique une augmentation de 9,8 % en août par rapport au mois précédent. Certaines estimations prédisent la plus grande pénurie mondiale de riz depuis vingt ans, à cause d’événements climatiques extrêmes qui ont frappé le Pakistan et la Chine l’an dernier, en affectant fortement la production.

À l’échelle mondiale, après un pic atteint en mars dernier à cause de la pandémie de Covid-19, de la guerre en Ukraine et des changements climatiques, les indices des prix alimentaires de la FAO ont recommencé à baisser avec une chute de près de 24 %. Mais les prix de certains produits, comme le riz ou le sucre, n’ont pas diminué. Cette situation a particulièrement affecté les pays d’Asie du Sud-Est. Environ 30 % de la production rizicole mondiale vient de cette région, tandis que le riz fournit près de 50 % de l’apport calorique des populations locales.

« La plupart des échanges commerciaux ont été limités à de faibles volumes »

Cette augmentation soudaine des prix du riz est survenue après une interdiction par l’Inde des exportations de riz non-basmati, qui représente environ un quart des exportations de riz du pays. « Les incertitudes à propos de la durée de l’interdiction et les inquiétudes concernant les restrictions sur les exportations ont poussé les différents acteurs de la chaîne d’approvisionnement à conserver leurs stocks, à renégocier les contrats ou à cesser de faire des offres de prix. Ainsi, la plupart des échanges commerciaux ont été limités à de faibles volumes et des ventes qui étaient déjà conclues », explique le rapport de l’organisation.

Près de 40 % du riz exporté dans le monde vient d’Inde, les principaux acheteurs étant le Bangladesh, l’Arabie Saoudite, l’Iran, l’Iraq et le Bénin. Selon la FAO, même si l’Inde lève son interdiction, la réduction des prix en Asie risque d’être faible en 2024 à cause des conséquences possibles des changements climatiques sur le secteur.

La production a diminué de 31 % sur un an au Pakistan

Des faibles précipitations en Thaïlande ont également contribué à augmenter les prix du riz en août dernier ; en fait, la Thaïlande, deuxième plus grande exportatrice de riz au monde (et dont les exportations ont augmenté de presque 12 % cette année), fait aussi partie des principaux exportateurs de sucre.

Les précipitations dans les régions centrales du pays ont été 40 % plus faibles que la normale, alors que les zones de cultures diminuent d’année en année, à tel point que la production agricole pourrait être réduite de 6 % soit 25 millions de tonnes. Ainsi, le riz thaïlandais a atteint 648 dollars US par tonne, soit le plus haut niveau enregistré depuis octobre 2008 – une augmentation de presque 50 % par rapport à l’an dernier selon Bloomberg.

D’autres études ont également examiné le rôle des inondations survenues en Chine et au Pakistan au cours du second semestre de l’an dernier. Des inondations ont frappé d’importantes régions productrices en Chine et dévasté des centaines d’hectares au Pakistan (dont la production a diminué de 31 % par rapport à l’année précédente, soit une baisse plus importante que prévu).

Le Vietnam, troisième plus grand exportateur de riz après l’Inde et la Thaïlande

En Asie, la volatilité des prix a poussé les pays affectés à rechercher différentes solutions. En Thaïlande, les autorités ont encouragé les fermiers à se concentrer sur un seul type de culture, à planter moins de riz et à choisir des cultures qui nécessitent moins d’eau. La Malaisie a également subi des pénuries de riz (en général importé), ce qui a fait passer le prix du riz dans le pays à 33 ringgits (7 dollars US) par kg. Selon les producteurs, les pénuries proviennent d’un manque d’eau pour l’irrigation et de semences de mauvaise qualité, ce qui génère un faible rendement.

Dans un contexte d’inflation galopante, les Philippines, qui font partie des plus grands importateurs de riz en Asie du Sud-Est avec la Malaisie et l’Indonésie, ont imposé un plafonnement des prix du riz et négocié un accord sur cinq ans avec le Vietnam (troisième plus grand exportateur de riz au monde après l’Inde et la Thaïlande). Grâce aux importations du riz vietnamien, les Philippines peuvent couvrir 90 % de leurs besoins, bien que les rizières du delta du Mékong, au sud des Philippines, soient affectées par la sécheresse. Début septembre, le président philippin Ferdinand Marcos Jr a parlé d’une « augmentation inquiétante du prix au détail » du riz (qui a atteint 60 pesos par kg, soit 1,05 dollar US).

(Avec Asianews)