Eglises d'Asie

Les Sud-Coréens appelés dans les bureaux de vote après cinq ans de mandat du président Moon

Publié le 09/03/2022




Après une campagne présidentielle sud-coréenne tendue, les électeurs sont invités dans les bureaux de vote pour élire leur prochain président pour un mandat de cinq ans, non renouvelable. Alors que le dirigeant actuel Moon Jae-in, du parti Minju (parti démocrate, de centre-gauche), catholique, achève son mandat, deux principaux candidats, du parti sortant et du parti conservateur, s’affrontent en proposant deux visions politiques radicalement opposées, entre rupture et continuité.

Le président Moon Jae-in, en 2017 lors de la cérémonie d’inauguration de son mandat. Les Sud-Coréens doivent élire un nouveau dirigeant ce mercredi 9 mars.

Ce mercredi 9 mars, avec les élections présidentielles sud-coréennes, le président Moon Jae-in achève son mandat après cinq années de gouvernance particulièrement complexes. Son administration est arrivée au pouvoir en 2017 après une large victoire, lors des premières élections de l’ère post-Park Geun-hye (ex-présidente, condamnée à 20 ans de prison pour un scandale de corruption et graciée en 2021). Après le précédent mandat présidentiel (non renouvelable en Corée du Sud), les Sud-Coréens attendaient notamment de Moon Jae-in qu’il respecte sa promesse de rendre le pays plus juste et plus équitable, et de lutter contre les abus de pouvoir.

Cinq ans plus tard, malgré de réels efforts, beaucoup de ces promesses ne sont pas accomplies, même s’il faut reconnaître que l’administration du Parti démocrate (ou Parti Minju) a entrepris d’importantes avancées pour la « démocratisation économique » en Corée du Sud. Avant tout, le gouvernement a réduit le nombre maximum d’heures travaillées par semaine de 68 à 52, et augmenté les impôts sur les plus hauts revenus. Entre 2018 et 2019, le revenu minimum légal a été augmenté respectivement de 16,9 % puis de 10,9 %. La réforme des chaebols, les conglomérats industriels (comme Samsung et Hyundai) qui dominent l’économie sud-coréenne, était également prévue et trois lois ont été votées dans ce sens en 2020.

Démocratisation économique et bilan mitigé

Toutefois, ces mesures ont été fortement critiquées. La réforme des chaebols a été notamment considérée comme trop limitée. Les trois lois entrées en vigueur, appelées « Fair Economy Bill », ont introduit de nouvelles règles sur le fonctionnement interne des conglomérats, en exigeant au moins un audit externe. Mais à cause des conséquences économiques dues à la crise sanitaire, le poids des chaebols est devenu encore plus influent sur le plan politique – le président Moon a même fait appel à eux pour aider à lutter contre le chômage des jeunes.

Par ailleurs, il a rencontré beaucoup de résistance interne concernant sa proposition de réforme judiciaire. La création d’un nouveau corps chargé d’enquêter sur les hauts fonctionnaires, y compris le président, a été fortement débattue durant des années, jusqu’à amener l’ancien procureur général Yoon Seok-youl à dénoncer ce qu’il a décrit comme une violation de l’État de droit. Par ailleurs, la loi contre les fake news a stagné au parlement sur fonds d’accusations de museler les médias, tandis qu’une proposition de loi contre les discriminations n’a jamais été présentée jusqu’à il y a quelques semaines seulement.

Légère avance du candidat conservateur

De plus, la crise du secteur de l’immobilier est l’une des questions majeures qui ont marqué les années du mandat du président Moon, et elle devrait peser sur le vote de ce mercredi 9 mars. Malgré les mesures adoptées, le gouvernement du Parti démocrate n’a pas pu limiter la hausse continuelle des prix des logements, devenus prohibitifs pour de nombreux Sud-Coréens.

De son côté, le candidat du parti sortant, Lee Jae-myung, propose de renforcer les mesures contre la spéculation immobilière, et également d’augmenter le parc locatif de près de 2,5 millions de logements. Lee Jae-myung pourrait ainsi prendre le flambeau et compléter la vision politique de Moon Jae-in.

D’un autre côté, en termes de développement économique, le candidat démocrate souhaite maintenir la tendance dirigiste du gouvernement démocrate (qui a lancé le New Deal à la coréenne en 2020 avec des investissements massifs), en soutenant les transitions écologiques et numériques. Mais même au sein du camp démocrate, de nombreux militants sud-coréens se demandent à quel point les électeurs souhaitent la continuité, alors que le candidat conservateur, Yoon Suk-yeol, bénéficie d’un léger avantage sur le candidat démocrate.

(Avec Asianews)