Eglises d'Asie

Les tensions reprennent entre les deux Corées à l’approche de l’investiture du nouveau président

Publié le 26/04/2022




Le 10 mai prochain, les Sud-Coréens célébreront l’investiture du nouveau président élu Yoon Suk-yeol, du parti conservateur coréen (Pouvoir au peuple). Depuis son élection, le 10 mars, de nombreux observateurs craignent une aggravation des tensions entre les deux Corées, alors que la position du nouveau président vis-à-vis du régime de Pyongyang se démarque radicalement de celle de son prédécesseur Moon-Jae-in, catholique, qui avait même invité le pape François à visiter la Corée du Nord à plusieurs reprises.

Le nouveau président sud-coréen Yoon Suk Yeol visite le cimetière national de Séoul, le 10 mars 2022 après son élection.

La Corée du Sud s’apprête à célébrer, le 10 mai prochain, l’investiture de son nouveau président Yoon Suk-yeol, issu du parti conservateur (Pouvoir au peuple). De nombreux observateurs craignent que la menace nucléaire s’intensifie dans la péninsule coréenne avec son arrivée au pouvoir. Depuis le 10 mars, les deux nations se sont invectivées et menacées d’annihilation nucléaire à plusieurs reprises, portant un sérieux coup au mouvement pour l’unification des deux Corées.

Début avril, Kim Yo-jong, sœur du dirigeant nord-coréen Kim Jong-un, a prévenu que si la Corée du Sud lance une attaque préventive, la Corée du Nord fera usage de l’arme nucléaire pour riposter. De telles menaces, même si elles ne sont pas inhabituelles, accentuent les tensions dans la péninsule, alors que Pyongyang pourrait se préparer à un nouvel essai nucléaire. Âgée de 34 ans, Kim Yo-jong, qui occupe un rôle de premier plan au sein du régime nord-coréen, a également menacé l’armée sud-coréenne d’une « destruction totale », en cas de provocation contre le Nord.

La politique du nouveau président sud-coréen se démarque radicalement de celle son prédécesseur Moon Jae-in vis-à-vis de la Corée du Nord. Moon Jae-in, catholique, s’est montré en faveur d’un rapprochement avec Pyongyang tout au long de son mandat. Il a rencontré le leader nord-coréen à trois reprises en 2018, et a facilité deux sommets entre Donald Trump et Kim Jong-un, malgré l’échec des rencontres. L’administration américaine actuelle, sous Joe Biden, n’a pas semblé vouloir relancer les pourparlers en faveur de la dénucléarisation.

De son côté, Yoon Suk-yeol semble vouloir renforcer la défense militaire de Séoul contre les menaces nucléaires du nord. Il n’hésite pas à faire appel à l’aide militaire des Américains, même si à ce jour, il n’a pas fermé la porte à une reprise du dialogue avec Kim Jong-un. Il semble également ouvert à un déploiement de bombardiers, de porte-avions et de sous-marins nucléaires américains. Il serait aussi favorable à une normalisation des essais militaires conjoints avec les États-Unis, alors qu’ils avaient été réduits sous son prédécesseur.

Le rôle essentiel de l’Église coréenne

La réconciliation et la réunification de la péninsule coréenne font partie depuis longtemps des priorités de l’Église catholique coréenne et du Vatican. Sous l’égide de Mgr Pierre Chung Soon-taick, archevêque de Séoul, qui est également administrateur apostolique de Pyongyang, l’Église locale lance régulièrement des aides humanitaires en Corée du Nord via différents moyens, ainsi qu’en faveur des réfugiés nord-coréens vivant en Corée du Sud. Les catholiques sud-coréens ont soutenu ce désir d’unité avec une messe pour la réconciliation, célébrée tous les jeudis dans la cathédrale de Séoul depuis 26 ans, avec aussi l’intention de se rapprocher des chrétiens en Corée du Nord.

L’Église coréenne a notamment lancé des initiatives locales comme le « Pèlerinage pour la Paix », impliquant des jeunes du monde entier qui ont visité la zone démilitarisée. Le 19 janvier dernier, lors d’une rencontre entre le ministre pour l’Unification, Lee In-young, et l’archevêque de Séoul, le gouvernement coréen a demandé à l’Église locale de « continuer de jouer un rôle important pour la construction de la paix entre les deux Corées ». Le Saint-Siège et le pape François ont également lancé de nombreux appels pour un rapprochement entre les deux pays voisins. En 2018, quand le président sud-coréen sortant a réitéré son invitation au pape à propos d’une visite en Corée du Nord, le Vatican a assuré que ce serait possible sous certaines conditions, en vue de soutenir la cause de la paix en Corée. Certains espèrent qu’une telle visite puisse permettre de relancer des pourparlers de paix qui conduisent à une dénucléarisation définitive de la péninsule.

(Avec Ucanews)