Eglises d'Asie

Les victimes du typhon Rai se reconstruisent dans le centre de l’archipel philippin

Publié le 15/01/2022




Près d’un mois après le passage du typhon Rai, le bilan s’élève à 407 victimes et 1 140 blessés, ainsi que plusieurs milliers d’habitations emportées ou détruites dans les îles de Cebu, Siargao, Surigao et ailleurs, dans le centre des Philippines. L’estimation des dégâts s’élève à environ 28 milliards de pesos philippins (476 millions d’euros). La Caritas philippine et la fondation jésuite Tangin Yaman, qui a opéré depuis l’université Ateneo de Manille, sont intervenues dans les régions affectées, dont l’archidiocèse de Cagayan de Oro, le vicariat apostolique de Puerto Prinsesa et le diocèse de Dumaguete.

Une vue aérienne après le passage du typhon Haiyan, aux Philippines en novembre 2013.

Anastasia Baroro, âgée de 88 ans, a supplié les médias de transmettre son court message vidéo. « S’il vous plaît, diffusez cela pour que mes enfants puissent le voir », a-t-elle confié à un journaliste couvrant les conséquences du passage du typhon Rai à Cebu, dans le centre des Philippines. Il s’attendait à l’entendre se lamenter de sa maison en bambou détruite à cause du typhon, qui a aussi emporté la petite boutique qui lui permet de subsister.

Pourtant, Anastasia a commencé son message avec ces mots : « Mes enfants, je remercie Dieu parce que je suis toujours en vie. Ne vous inquiétez pas pour moi, parce que je suis toujours là. Je vous verrai bientôt. » Plutôt que de maudire ou se désoler, la vieille femme a senti que le Ciel lui avait donné une nouvelle chance malgré sa maison démolie autour d’elle, en souhaitant seulement revoir sa fille vivant dans une autre ville. Quelques jours plus tard, un jeune couple qui avait vu sa vidéo en ligne est passé la prendre en voiture afin de l’emmener retrouver sa fille.

Quand le typhon Rai a frappé les Philippines, le 16 décembre dernier, la tempête a détruit des routes, des ponts et des infrastructures avec des dégâts estimés à près de 28 milliards de pesos (476,57 millions d’euros). Le bilan des victimes s’élève à 407 personnes tuées et à plus de 1 140 blessés. Plusieurs milliers d’habitations ont été emportées dans les îles de Cebu, Siargao, Surigao et ailleurs, laissant les populations locales sans électricité ni eau potable. La Caritas philippine et la fondation jésuite Tangin Yaman ont été parmi les premières organisations à intervenir sur le terrain. De son côté, la Conférence épiscopale philippine a lancé des appels à l’aide pour les victimes du typhon.

Deux journées de prière nationale déclarées fin décembre

Dans une lettre publiée le 19 décembre, Mgr Kolin Bagaforo, directeur national de Caritas, a appelé tous les diocèses philippins à soutenir les victimes, non seulement avec des dons matériels et financiers mais aussi par la prière. L’évêque a déclaré les 25 et 26 décembre comme des journées de prière nationale pour les familles et les communautés affectées par la tempête, l’une des plus puissantes à avoir frappé le pays. Il y a eu des collectes organisées dans de nombreuses paroisses pour les diocèses les plus touchés. L’archidiocèse de Cagayan de Oro, le vicariat apostolique de Puerto Prinsesa (à Palawan) et le diocèse de Dumaguete ont fait partie des bénéficiaires de l’opération menée par Caritas.

Le père Antonio Labiao, secrétaire général de l’organisation caritative catholique, a confié à la presse, en décembre, que les gens avaient un besoin urgent de nourriture, de matériel, d’eau potable et de médicaments. Le prêtre a notamment décrit le sort vécu par une mère de trois enfants, qui a perdu sa maison, faite en bambou. « Elle a souffert mais elle s’est battue pour la survie de sa famille », a salué le père Labiao.

30 tonnes d’aides distribuées par la fondation Tangin Yaman

De son côté, le père Manoling Francisco, jésuite, estime que les gens devraient donner des biens matériels plutôt que de l’argent, parce que les habitants des régions affectées ne peuvent faire aucun achat, entre les magasins fermés, les banques injoignables et les marchés détruits. « Avec la fondation Tangin Yaman, nous avons collecté des aides élémentaires comme du savon, de l’eau potable et de la nourriture en conserve, parce que c’est ce dont ils ont le plus besoin. Même s’ils ont de l’argent, il n’y a pas de boutiques où acheter quoi que ce soit, puisqu’elles ont été fermées ou détruites », confie le père Francisco.

La fondation jésuite a mené ses opérations à l’université Ateneo de Manille, où de nombreux catholiques de la capitale philippine ont donné ce qu’ils pouvaient avant que des groupes de volontaires puissent les empaqueter et les envoyer dans les zones les plus touchées. Ils ont travaillé aux côtés de la Marine nationale philippine afin de transporter les aides d’urgence. « Nous avons envoyé 30 tonnes d’aides aux victimes. La Marine les a emportées dans les régions touchées », explique le père Manoling Francisco.

Les colis ont ensuite été distribués par des membres de l’armée philippine. Le prêtre ajoute que beaucoup de ceux qui sont passés pour donner quelque chose étaient des gens ordinaires, sans beaucoup de moyens, et qui ont donné plusieurs kilogrammes de riz et des boîtes de sardines. « La main de Dieu était à l’œuvre quand il nous a appelés, riches ou pauvres, à partager ce que nous avions avec les plus démunis. Vraiment, personne n’est trop pauvre pour pouvoir donner. Et il n’y a personne qui soit trop riche pour recevoir », poursuit le père Francisco.

(Avec Ucanews)