Eglises d'Asie

Les Vietnamiens viennent se ressourcer au sanctuaire marial de La Vang après deux ans de crise sanitaire

Publié le 26/05/2022




Du 9 au 13 mai, après plus de deux ans de pandémie, les 40 membres d’une association de mères de la paroisse de Yen Bai, dans le nord du Vietnam, sont venues en pèlerinage au sanctuaire marial national de Notre-Dame de La Vang, dans la province de Quang Tri, dans le centre du Vietnam. Il s’agissait du premier pèlerinage de l’association, créée il y a 17 ans à Yen Bai, au sanctuaire. De nombreux Vietnamiens, y compris d’autres confessions, visitent le sanctuaire de La Vang, fondé il y a 224 ans, au moins une fois dans leur vie, en particulier le 15 août pour l’Assomption.

Des pèlerins visitent le sanctuaire marial national de Notre-Dame de La Vang, dans la province de Quang Tri.

Du 9 au 13 mai, Marie Nguyen Thi Nhai, âgée de 40 ans et mère de deux enfants, est venue pour la première fois en pèlerinage au sanctuaire marial national de Notre-Dame de La Vang, dans la province de Quang Tri, dans le centre du Vietnam. Elle a ramené des chapelets et une statue de Marie de style vietnamien à l’image de Notre-Dame de La Vang. Revenue de pèlerinage, elle décore le coin de prière familial avec des fleurs, avant de prier le chapelet avec sa famille pour des intentions de prière comme la paix et la santé, après deux ans de pandémie. « Nous sommes heureux d’être revenus en paix et d’avoir pu approfondir notre foi grâce à la Vierge, après le pèlerinage », confie-t-elle.

Marie Nhai, qui vend des objets et du linge d’occasion, explique que son activité reprend peu à peu après les difficultés liées à la crise sanitaire. Marie, qui est également responsable adjointe de la Good Mothers Association dans la paroisse de Yen Bai, dans le nord du pays, ajoute que d’autres membres sont sorties de la dépression causée par la pandémie grâce au pèlerinage, et quelles sont revenues enthousiastes à propos de l’apostolat de l’association, qui rassemble des mères catholiques de la paroisse. Les 40 membres de l’association sont parties en car pour La Vang où elles sont restées cinq jours, au sanctuaire situé à près de 800 km de chez elles. Certaines sont également venues avec leur mari et leurs enfants.

Il s’agissait du premier pèlerinage au sanctuaire marial depuis la fondation de l’association locale il y a 17 ans. À cette occasion, durant les cinq jours de pèlerinage, elles ont assisté à la messe, organisé des danses traditionnelles et offrandes de fleurs, acheté des images et des statues de Notre-Dame de La Vang – vêtues à la mode traditionnelle vietnamienne –, et visité plusieurs sites religieux dont la paroisse de Binh Dien, où vivent les villageois de l’ethnie Van Kieu. Elles ont également offert 13 millions de dongs (525 euros) pour soutenir les œuvres d’évangélisation de la paroisse locale.

« Nous avons voulu témoigner de notre gratitude en faisant ce pèlerinage »

« Le pèlerinage a permis de nous ressourcer et d’encourager les membres à s’engager dans des services caritatifs, alors que la pandémie a affecté la santé physique mais aussi psychologique de nombreuses personnes durant deux ans », confie Marie Nguyen Thi Lan, responsable du groupe. La plupart des membres de l’association ont été infectées par le Covid-19 et ont été placées dans des hôpitaux et des centres de quarantaine, où certaines se sont senties angoissées et déprimées.

Beaucoup ont également perdu leur travail durant cette période. Marie Lan, âgée de 71 ans, explique aussi que la pandémie les a empêchées de nettoyer l’église et les locaux paroissiaux, de prendre part aux activités de la chorale, d’assister à la messe et à l’adoration eucharistique, d’offrir des fleurs à la Vierge et d’aider les personnes dans le besoin dans les zones les plus reculées. De plus, la foi de certains a été fortement affectée, même si les célébrations ont repris en avril dernier après la fin de la dernière vague de contagions.

« C’est un miracle d’avoir pu survivre à cette crise sanitaire, et nous avons voulu témoigner de notre gratitude en faisant ce pèlerinage », souligne Marie Lan. « Aujourd’hui, notre priorité est de faire connaître la dévotion à Notre-Dame de La Vang en organisant des danses et des offrandes de fleurs dans les églises », précise-t-elle, en ajoutant qu’elles vont également lancer des collectes de fonds pour les communautés catholiques les plus reculées de la province de Yen Bai. Ainsi, le 23 mai, elles ont dansé pour la première fois dans l’église de My Hung, à près de 40 km de la ville de Yen Bai. Elles ont aussi offert de l’argent et du mobilier à la paroisse. Marie ajoute qu’elles prévoient, en octobre prochain, de visiter des stations missionnaires où vivent des minorités ethniques qui manquent de moyens dans la province de Son La, dans le nord-ouest du Vietnam.

Notre-Dame de La Vang choisie comme patronne de l’archidiocèse de Hué en 2020

Les membres de la Good Mothers Association, de la paroisse de Yen Bai, le 11 mai lors d’une danse traditionnelle à La Vang.

De nombreux Vietnamiens, y compris d’autres confessions religieuses, visitent le sanctuaire marial, fondé il y a 224 ans, au moins une fois dans leur vie, en particulier à l’occasion du 15 août pour la fête du sanctuaire, le jour de la solennité de l’Assomption. Les pèlerins viennent demander à la Vierge de La Vang de continuer de les soutenir comme elle a protégé leurs ancêtres des persécutions religieuses en 1798, quand beaucoup de catholiques ont dû se cacher dans la jungle pour éviter la répression des autorités locales.

La Vierge est apparue à plusieurs reprises pour les consoler et les inviter à ramasser des plantes dans la jungle pour se soigner, en leur disant : « Ayez confiance en moi, j’ai entendu vos prières, dorénavant, je bénirai ceux qui viendront prier ici. » Beaucoup ont survécu et ont pu rentrer chez eux. En 1860, les habitants ont érigé une première chapelle en toit de chaume, et depuis, ils ont utilisé des plantes et de l’eau du sanctuaire pour soigner différents maux.

Mgr Joseph Nguyen Chi Linh, archevêque de Hué et président de la Conférence épiscopale vietnamienne, a choisi Notre-Dame de La Vang comme patronne de l’archidiocèse en 2020. Ces dernières années, beaucoup de paroisses ont érigé de grandes statues de Notre-Dame de La Vang dans leurs églises pour soutenir la dévotion mariale des fidèles. Le 13 mai dernier, le père Pierre Nguyen Van Doi, curé de la paroisse de Thing Long dans le diocèse de Bui Chu, un berceau du catholicisme dans le nord du Vietnam, a ainsi inauguré une statue dans l’enceinte paroissiale. Près de 300 personnes en costumes traditionnels ont dansé et présenté des offrandes de fleurs devant la statue mariale.

Les catholiques du nord du pays n’ont pas pu venir à La Vang de 1955 à 1975

Les catholiques des diocèses du nord du pays n’ont pas pu venir à La Vang à cause des guerres entre 1955 et 1975. Bartholomée Nguyen Anh Hien, de la paroisse de Tri Buu, située près du sanctuaire, confie que l’histoire des apparitions de La Vang a touché le cœur des gens et qu’elle s’est répandue de génération en génération. Bartholomée Hien, 72 ans, qui a trois enfants et six petits-enfants, explique qu’il passe ses week-ends à prier au sanctuaire. Il ajoute qu’il a commencé à approfondir sa dévotion à la Vierge en mai 1968, quand un obus de mortier a explosé derrière sa maison alors que les 11 membres de sa famille priaient le chapelet. « Nous aurions tous été tués si l’obus avait touché le jardin, nous avons vraiment été sauvés par Notre-Dame de La Vang. »

Le père Bartholomée Hoang Quang Hung, curé de la paroisse de Van Quat Dong, raconte que durant le mois de mai, les familles locales ont l’habitude d’installer des statues mariales dans leurs maisons, où ils prient souvent le chapelet tous les jours durant le « mois de Marie ». Ils décorent leurs maisons et leurs coins de prière, et accueillent les visiteurs avec des gâteaux, des fruits et du thé après avoir prié pour eux, pour renforcer les relations entre voisins. Les enfants dansent également devant les statues mariales tous les samedis avec des offrandes de fleurs. « Le mois des fleurs est une occasion spéciale pour les catholiques de la région, pour montrer leur dévotion fervente et leur gratitude à la Vierge, qui les a gardés en paix malgré les difficultés », confie le prêtre.

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Ucanews