Eglises d'Asie

L’État de l’Andhra Pradesh soutient une demande de longue date des chrétiens Dalits

Publié le 29/03/2023




Le 24 mars, le gouvernement de l’Andhra Pradesh a appelé les autorités fédérales à permettre aux Dalits (intouchables) convertis au christianisme d’accéder au statut des « castes répertoriées » (Schedulded castes). Ce statut est déjà accordé depuis longtemps aux Dalits hindous, sikhs et bouddhistes. Les chrétiens Dalits pourraient ainsi bénéficier des mêmes avantages que les autres Dalits (dont des quotas réservés dans les organes législatifs, les établissements éducatifs et les institutions publiques).

Une manifestation en 2018 pour autoriser les chrétiens Dalits à accéder aux avantages sociaux accordés aux Castes répertoriées (Scheduled Caste).

L’État de l’Andhra Pradesh, dans le sud de l’Inde, a appelé les autorités fédérales indiennes à permettre aux Dalits (intouchables) convertis au christianisme d’accéder au statut des « castes répertoriées » (Schedulded castes, SC), afin qu’ils puissent bénéficier des mêmes avantages sociaux que les autres Dalits.

Le 24 mars, le gouvernement local a voté une résolution au sein de son assemblée législative afin de soutenir les chrétiens de la communauté Dalit. Si la décision est approuvée par le gouvernement fédéral, cela leur permettrait de jouir des avantages sociaux dont ils sont pour l’instant exclus.

Parmi ceux-ci, on compte des quotas réservés au sein des organes législatifs et des institutions éducatives, et parmi les emplois fonctionnaires. « Quelqu’un doit prendre l’initiative quelque part pour que cette noble cause puisse avancer, c’est pourquoi nous sommes reconnaissants envers le gouvernement de l’Andhra Pradesh pour avoir osé de telles mesures, qui vont pour une fois dans la bonne direction », a réagi le père Vijay Kumar Nayak, secrétaire du Bureau pour les Castes et Tribus répertoriées de la Conférence épiscopale indienne (CBCI), interrogé le 27 mars.

Le père Nayak explique que d’autres États comme le Tamil Nadu, le Bihar, le Jharkhand et le Bengale occidental soutiennent les demandes des chrétiens Dalits, alors que les avantages accordés aux Dalits hindous, bouddhistes et sikhs leur sont refusés. « Le soutien du gouvernement de l’Andhra Pradesh aura un impact considérable, et cela inspirera beaucoup d’autres États qui pourront être encouragés à soutenir les chrétiens d’origine Dalit, discriminés depuis des décennies », poursuit le prêtre.

Près de 60 % des chrétiens indiens sont d’origine Dalit ou indigène

La décision de l’Andhra Pradesh, dirigé par le ministre en chef Jagan Mohan Reddy, âgé de 50 ans, suit plusieurs revendications des chrétiens Dalits de la région. Les Dalits, anciennement appelés « intouchables » durant la période pré-indépendance en Inde, sont aujourd’hui classés parmi les Castes répertoriées et peuvent ainsi accéder à des avantages sociaux, dans le cadre d’une mesure lancée après l’indépendance du pays en 1947.

Toutefois, ceux qui sont convertis au christianisme et à l’islam n’y ont pas accès, et ils ont défendu leurs droits auprès de la Cour suprême durant près de deux décennies, contredisant l’ordre présidentiel de 1950. Le gouvernement du Premier ministre Narendra Modi a clairement déclaré qu’il n’avait pas l’intention de changer les règles. Le parti pro-hindou du BJP (Bharatiya Janata Party), au pouvoir depuis 2014, a cependant créé une commission de trois membres afin d’examiner la question et de soumettre un rapport.

En raison du caractère sensible de la question en Inde, la CBCI a dédié une branche spécifique aux droits des chrétiens Dalits et autres groupes marginalisés en Inde. Près de 60 % des quelque 25 millions de chrétiens indiens sont d’origine Dalit ou indigène (Adivasi).

Le père Devasagaya Raj, ancien secrétaire du Bureau pour les Castes et Tribus répertoriées de la CBCI, a salué la décision du gouvernement de l’Andhra Pradesh, alors que la commission nationale, dirigée par l’ancien juge en chef K. G. Balakrishnan, doit déposer son rapport. Le père Raj souligne que plusieurs commissions, dans le passé, comme celle du juge Ranganath Misra en 2007, ont déjà approuvé les demandes des chrétiens et musulmans convertis. Mais pour le prêtre, le fait de créer une commission serait un moyen de gagner davantage de temps pour le gouvernement fédéral.

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Bijay Kumar Minj / Ucanews