Eglises d'Asie

L’État de l’Haryana vote une nouvelle loi contre les conversions forcées et les mariages interreligieux

Publié le 24/03/2022




Le 22 mars dans l’État de l’Haryana, dans le nord de l’Inde, a voté une nouvelle loi sur les conversions religieuses forcées et les mariages interreligieux, imitant d’autres États dirigés par le BJP comme le Karnataka et l’Uttar Pradesh, où des lois similaires sont passées récemment. « Il n’y aucun doute que cette loi a été votée afin de contrôler les activités des groupes et religions minoritaires », proteste le père Felix Jones, responsable de la Commission pour l’œcuménisme et le dialogue interreligieux de l’archidiocèse de Delhi.

Le 2 mars dernier, des catholiques forment une chaîne humaine dans le diocèse de Mangalore (Karnataka) contre les lois anti-conversion et les attaques visant les chrétiens.

L’État de l’Haryana, dans le nord de l’Inde, a voté une nouvelle loi pénalisant les conversions religieuses, rejoignant ainsi d’autres lois votées récemment par des gouvernements locaux dirigés par le BJP (Bharatiya Janata Party). La Loi de l’Haryana sur la prévention des conversions religieuses illégales 2022 a été adoptée par l’assemblée législative de l’État, le 22 mars, malgré des manifestations et un débrayage (un arrêt de travail de courte durée) organisés par le Congrès, principal parti d’opposition au BJP. La loi cherche à pénaliser les conversions religieuses et les mariages interreligieux qui auraient lieu « par la force ou par des influences trompeuses ou abusives », avec des peines d’un à cinq ans de prison et des amendes jusqu’à 100 000 roupies (1 190 euros).

« Il n’y aucun doute que la loi a été votée afin de contrôler les activités des groupes et religions minoritaires dans l’État. Elle est totalement injustifiée, d’autant plus qu’il y a déjà une loi similaire ici contre les conversions forcées », a réagi le père Felix Jones, responsable de la Commission pour l’œcuménisme et le dialogue interreligieux de l’archidiocèse de Delhi. Le père Jones, de la Congrégation du Verbe Divin, souligne que « cette loi ne rend pas justice aux minorités car elle peut être manipulée ».

« Les gens peuvent la détourner afin de régler des différends personnels », ajoute-t-il. Le prêtre évoque des tensions déjà existantes entre les hindous et les musulmans dans la région, concernant la prière du vendredi dans la ville de Gurugram. Dans le passé, des groupes hindous ont empêché les musulmans de prier dans lieux publics, et de son côté, l’Église a tenté d’apaiser la situation. « De tels contentieux sont une source d’inquiétude pour nous tous, et prévoyons d’organiser une rencontre interreligieuse avec toutes les communautés afin d’y faire face collectivement », explique le père Jones.

« Aucun État n’a pu présenter de preuves de conversions forcées »

A. C. Michael, catholique et responsable du Forum chrétien uni, estime qu’il n’y a « aucune étude indiquant la nécessité de telles lois, et pourtant elles sont votées l’une après l’autre dans différents États ». Michael, ancien membre de la Commission pour les minorités de Delhi, ajoute qu’« aucun des gouvernements de ces États n’a pu présenter de preuves tangibles de conversions religieuses forcées dans leur juridiction ». Il rappelle également que son organisation, avec d’autres et notamment avec Mgr Pierre Machado, archevêque de Bangalore, a contesté auprès de la Cour Suprême la validité constitutionnelle de telles lois, en affirmant qu’elles vont à l’encontre de la liberté religieuse individuelle. « Espérons que ce sera entendu bientôt », ajoute-t-il.

La nouvelle loi de l’Haryana, en plus des conversions religieuses forcées, vise aussi les mariages célébrés dans le seul but d’une conversion d’une religion à une autre – selon la loi, ces mariages sont alors déclarés nuls. Ainsi, si une confession religieuse est dissimulée dans l’intention de se marier, la personne concernée risque trois à dix ans d’emprisonnement et une amende jusqu’à 300 000 roupies (3 572 euros). Des lois similaires sont passées récemment dans les États du Karnataka et de l’Uttar Pradesh, tandis que huit autres États (Himachal Pradesh, Gujarat, Chhattisgarh, Odisha, Madhya Pradesh, Arunachal Pradesh, Uttarakhand et Jharkhand) ont déjà des lois anti-conversion en vigueur.

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Ucanews