Eglises d'Asie

L’État de l’Uttarakhand cherche à renforcer sa loi anti-conversion

Publié le 19/11/2022




Le 16 novembre dans le nord de l’Inde, le gouvernement BJP pro-hindou de l’État de l’Uttarakhand a annoncé la préparation d’un amendement de la loi anti-conversion de 2018 (Uttarkahand Freedom of Religion Act), deux jours après un avis de la Cour Suprême qui s’est dite préoccupée à propos des conversions religieuses forcées. Mgr Vincent Nellaiparambil, évêque du diocèse de Bijnor, a assuré que concernant les chrétiens, qui représentent moins d’1 % de la population locale, « il n’y a eu aucun incident où ils ont été visés ».

Des partisans du BJP célèbrent la victoire de leur parti à New Delhi lors des élections générales de 2019.

Dans l’État de l’Uttarakhand, dans le nord de l’Inde, le gouvernement pro-hindou du parti BJP ( Bhartiya Janata Party) a proposé une loi renforcée contre les conversions religieuses forcées, seulement quelques jours après un avis publié par la Cour Suprême sur le sujet. Le 14 novembre, celle-ci s’est dite préoccupée à propos des conversions religieuses forcées qui affectent la sécurité nationale, la liberté de religion et la liberté de conscience des citoyens.

Le 16 novembre, le gouvernement local a annoncé la préparation d’un amendement de la loi anti-conversion existante afin de rendre les conversions forcées passibles de peines jusqu’à dix ans de prison (contre deux actuellement) et sans autorisation de libération sous caution. Le ministre en chef de l’État, Pushkar Singh Dhami, a approuvé les amendements prévus pour la loi de 2018 sur la liberté de religion de l’Uttarkahand (Freedom of Religion Act), et une proposition doit être soumise par l’assemblée législative locale.

De leur côté, les responsables religieux ont fait part de leurs inquiétudes face à ces décisions. « Il faut voir dans quel contexte le gouvernement de l’État se sent contraint de renforcer la loi alors que l’État a déjà une loi pour contrôler les activités de conversion. Il y a matière à débat », confie Mgr Vincent Nellaiparambil, évêque du diocèse de Bijnor, interrogé le 18 novembre. Ce dernier assure que du côté des chrétiens, il n’y a eu aucun incident où ils ont été visés par les autorités.

« Nous sommes clairs dans notre mission »

« Nous respectons le gouvernement de l’État, nous sommes clairs dans notre mission et nous sommes transparents. Il n’y a pas non plus eu dans le passé d’implication de notre part avec des activités de conversion religieuse d’aucune sorte », ajoute-t-il. Il estime que seul l’avenir dira de quelle façon les amendements proposés affecteront les minorités dans la région. « Nous, les chrétiens, ne représentons même pas 1 % de la population totale de l’État, et nous respectons les autres religions », insiste-t-il.

En mars dernier durant les élections régionales de l’Uttarakhand, le BJP au pouvoir avait déjà promis « une loi stricte contre le ‘love jihad’ » – une théorie propagée par les nationalistes hindous selon laquelle des musulmans séduiraient des jeunes hindoues dans le but de les forcer à se convertir. Mahendra Bhatt, chef du parti BJP dans l’État de l’Uttarakhand, a déclaré que « le nouvel amendement dissuadera ceux qui seraient tentés par le ‘Love Jihad’ ». Il a ajouté que la décision d’amender la loi a été prise selon les souhaits de la population locale.

L’amendement proposé prévoit notamment, en plus des peines de prison étendues, des amendes augmentées de 25 000 roupies (295 euros) à 50 000 roupies (590 euros). La loi dit aussi que tout mariage contracté dans l’unique but d’une conversion religieuse doit être déclaré comme nul par le tribunal des familles. Près de 85 % de la population de l’Uttarakhand est hindoue, pour moins d’1 % de chrétiens et près de 14 % de musulmans.

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Bijay Kumar Minj / Ucanews