Eglises d'Asie

L’État du Manipur dresse le bilan du conflit interethnique : 219 morts et 8 milliards de roupies de pertes

Publié le 04/03/2024




Dans son discours à l’assemblée législative de l’État du Manipur, Anusuiya Uikey, gouverneure du Manipur, a dressé un bilan du conflit interethnique qui a éclaté début mai. Près de 10 000 plaintes ont été déposées en lien avec les violences, et des compensations ont été versées aux familles des victimes. Mgr Lumon, archevêque émérite d’Imphal, capitale du Manipur, apprécie ces aides mais souligne que « la situation reste difficile ». On ignore si les églises et les commerces affectés par les violences au Manipur en bénéficieront également.

Le 2 juillet 2023 au Tamil Nadu lors d’une journée de prière pour les victimes des violences au Manipur.

L’État indien du Manipur est toujours affecté par les violences interethniques qui ont éclaté début mai 2023 dans le nord-est de l’Inde. Selon la gouverneure du Manipur, Anusuiya Uikey, qui a dressé un bilan de la situation devant l’assemblée législative de l’État, on compte à ce jour au moins 219 personnes tuées et des pertes qui s’élèvent à près de 8 milliards de roupies indiennes (environ 89 millions d’euros) pour le gouvernement local.

« C’est malheureux que tant de personnes aient perdu la vie à cause des violences. Les familles qui ont perdu des proches ont reçu une aide d’un million de roupies chacune [11 000 euros], chaque compensation ayant été versée après vérification. Les corps des victimes ont été rendus à leur famille et les derniers rites ont été célébrés », a-t-elle expliqué devant l’assemblée.

La gouverneure Uikey a également ajouté que 198 unités des Forces de police armées (Central Armed Police Forces, CAPF) et 140 troupes militaires ont été déployées au Manipur afin de maintenir l’ordre public. Elle a signalé qu’un audit des armes volées durant un pillage des entrepôts du gouvernement du Manipur a été entrepris, en précisant que les armements manquants étaient retrouvés peu à peu.

2 milliards de roupies d’aides humanitaires dépensés depuis mai 2023

Au total, 187 143 personnes ont été détenues dans l’État du Manipur depuis mai 2023 en guise de mesure préventive, avant d’être libérées après diverses formalités juridiques. Par ailleurs, près de 10 000 dépôts de plaintes ont été enregistrés en lien avec les violences interethniques. « Afin d’assurer des enquêtes transparentes et indépendantes, le gouvernement a transféré 29 affaires au Bureau central d’enquête [CBI] et une autre à la National Investigation Agency [NIA]. Le processus de transfert de quatre affaires supplémentaires est en cours au CBI, et celui de cinq autres affaires est en cours à la NIA », a ajouté la gouverneure.

Celle-ci a également précisé que chaque personne déplacée par les violences a reçu un millier de roupies (11 euros) à trois reprises afin de couvrir les dépenses vestimentaires et autres besoins. À ce jour, au total, l’État du Manipur a dépensé deux milliards de roupies (22 millions d’euros) pour les opérations humanitaires dans la région. Face au poids financier qui s’accumule à cause du conflit, le gouvernement local espère être remboursé par le ministère fédéral des Affaires intérieures.

Mgr Lumon : « Au Manipur, la société reste divisée »

Mgr Dominique Lumon, archevêque émérite d’Imphal, a réagi à la déclaration d’Anusuiya Uikey. « Le gouvernement fait de son mieux pour que la situation revienne à la normale, donc le fait que la gouverneure de l’État en ait parlé dès le premier jour de la session de l’assemblée du Manipur est une bonne chose », a-t-il souligné. « Toutefois, la société elle-même est divisée. Les divisions internes et les désaccords sont toujours d’actualité. La situation reste très difficile », a-t-il assuré.

D’autres sources locales indiquent que le chiffre de 219 décès est le chiffre officiel, mais que le bilan réel serait supérieur à cela en incluant toutes les morts possibles. Par ailleurs, si le gouvernement local s’inquiète des pertes financières causées, aucune évaluation n’a été faite sur les destructions d’habitations et d’églises ni sur les pertes d’emplois. « Malgré les appels répétés, aucune garantie n’a été offerte sur ces problèmes par les autorités », indiquent ces sources.

(Avec Asianews)


CRÉDITS

Asianews