Eglises d'Asie

L’héritage de Gwangju inspire les catholiques hongkongais

Publié le 22/11/2018




Une délégation de la Commission Justice et Paix de Hong-Kong s’est rendue à Gwangju, en Corée du Sud, du 9 au 15 novembre afin de découvrir la lutte qu’ont menée les habitants de Gwangju durant des années pour la démocratie, suite à la révolte de Gwangju du 18 au 27 mai 1980 qui a entraîné plusieurs centaines de mort face à la répression militaire. Un combat que les Hongkongais n’ont pu s’empêcher de comparer au massacre de la place Tiananmen de 1989, et qui a incité la délégation à continuer leur action, alors que commence le procès des neuf leaders de la révolte des parapluies.

Les membres de la Commission Justice et Paix de Hong-Kong (HKJPC) se sont rendus à Gwangju, en Corée du Sud, afin d’y découvrir la lutte pour la démocratie qu’ont vécue les habitants. La révolte de Gwangju, en 1980, a en effet éclaté suite à la répression violente des étudiants de l’université de Chonnam, qui manifestaient contre le gouvernement militaire. Les autorités sud-coréennes ont déclaré que près de 200 personnes sont mortes durant le soulèvement du 18 au 27 mai, mais selon les militants, il y aurait eu près de 2 000 morts. Le pèlerinage de la commission Justice et Paix, auquel ont participé douze visiteurs hongkongais du 9 au 15 novembre, a été coorganisé par la commission Justice et Paix de l’archidiocèse de Gwangju. Leur parcours s’est ouvert avec un tour des sites historiques du soulèvement de Gwangju, guidé par Kim Do-won, qui a survécu à l’événement. Kim Yang-rae, qui a été condamné pour avoir pris part à la révolte, leur a parlé des actions de l’Église catholique suite à l’événement.

La délégation a également rencontré les « May mothers », un groupe formé de membres de la résistance et de mères ou de sœurs de victimes, ainsi que les membres de la Fondation du mémorial du 18 mai, du centre de traumatologie de Gwangju et de la Fondation des droits de l’homme et de la paix, qui soutient les victimes de violences politiques. Lee Yuk Mei, qui a pris part à la délégation hongkongaise, confie qu’en parcourant les sites historiques, « j’avais l’impression d’assister à une scène de la révolte de l’époque et je pouvais sentir le mouvement de résistance des habitants de Gwangju ». Leur guide, Kim Do-won, a confié que la société civile avait empêché les autorités d’effacer les traces historiques du soulèvement. « Nous avons reçu un accueil chaleureux de la part de beaucoup d’organisations et de groupes locaux », ajoute Molly Chu, une catéchumène.

Gwangju et Tiananmen

Durant et après le soulèvement, les manifestants ont été accusés d’être des agitateurs et des communistes. Alors que Gwangju était isolée, l’Église catholique a été la première à dévoiler la vérité. Le prêtre qui a été responsable de cela a été arrêté et interrogé. « Dans les temps difficiles, l’Église joue un rôle important. Parce que nous avons le soutien de notre foi, nous ne devons pas avoir peur et nous pouvons avancer », souligne Lee Yuk Mei. La délégation hongkongaise a comparé la révolte de Gwangju au massacre de la place Tiananmen en Chine, en 1989. Les deux soulèvements ont été réprimés violemment par les autorités, qui ont essayé d’effacer les traces du massacre et de déformer la vérité. Les deux pays partagent également le défi de l’éducation des nouvelles générations. Joyce Au, qui a pris part à l’Union des organisations catholiques hongkongaises de soutien au mouvement patriotique et démocratique chinois durant des années, confie que cette expérience l’a convaincue de continuer. « J’ai compris que le travail de l’union, au fil des années, ressemble à celui qu’ont mené les citoyens et l’Église sud-coréens. Je pense que nous avançons ensemble », assure-t-elle. Plusieurs jeunes sud-coréens ont partagé leur regard sur les soulèvements ainsi que leurs propres expériences. « Je me souviens que l’un d’entre eux a dit que même la voix d’une seule personne compte, et que la force d’une personne peut faire autorité », poursuit Joyce.

Alors que le voyage de la délégation à Gwangju arrivait à son terme, le procès des neuf leaders de la « révolte de parapluies » de Hong-Kong commençait. « Le gouvernement hongkongais poursuit sans cesse ceux qui ont participé à la révolte. Cela a rendu les gens découragés et déçus, ils commencent à se préoccuper uniquement de leurs propres intérêts et deviennent indifférents aux questions sociales », estime Jackie Hung, chef de projet au sein de la commission Justice et Paix hongkongaise. Celle-ci pense que même si Hong-Kong et la Corée du Sud ont des contextes historiques et culturels différents, et que Hong-Kong manque d’un véritable système démocratique, « je reste convaincue que si les citoyens de Gwangju avaient renoncé comme les Hongkongais, la vérité sur le soulèvement du 18 mai n’aurait peut-être jamais été dévoilée au monde ».

(Avec Ucanews, Gwangju)


CRÉDITS

Ucanews