Eglises d'Asie

L’université nationale de Singapour lance une nouvelle plateforme de recherche sur les catholiques en Asie

Publié le 02/10/2021




Le 1er octobre, l’université nationale de Singapour a lancé l’ISAC (Initiative for the Study of Asian Catholics), une plateforme de recherche sur le catholicisme en Asie. Cette initiative a pour but de favoriser le dialogue entre les chercheurs et d’encourager les projets de recherche sur les catholiques asiatiques. « Nous cherchons à montrer combien ce sont des acteurs importants dans la transformation de nos sociétés aujourd’hui en Asie », confie Michel Chambon, un des universitaires à l’origine de la plateforme, qui propose un regard multidisciplinaire sur les réalités vécues par les catholiques en Asie.

Le 15 août 2021, des catholiques de la province de Nghe An, dans le nord du Vietnam fêtent l’Assomption dans la cathédrale de Xa Doai.

Le 1er octobre, l’Université nationale de Singapour a lancé l’ISAC (Initiative for the Study of Asian Catholics), une nouvelle initiative de recherche sur les catholiques asiatiques. Il s’agit d’un projet monté au sein de l’Asia Research Institute (ARI), un institut de recherche en sciences humaines de l’Université nationale de Singapour. L’ISAC cherche à encourager la recherche sur les multiples formes du catholicisme en Asie. Michel Chambon, un chercheur français basé à Singapour, s’est associé à Bernardo Brown, un professeur d’anthropologie enseignant à Tokyo, afin de créer cette plateforme. Celle-ci regroupe déjà une vingtaine de chercheurs, basés notamment en Malaisie, aux États-Unis, en France et en Inde.

Pour les chercheurs, un des objectifs de la nouvelle plateforme est de faciliter les collaborations entre universitaires et de contribuer aux recherches déjà existantes aux Philippines, à Hong-Kong, en Inde et ailleurs. Les coordinateurs de l’initiative cherchent à développer et approfondir les débats scientifiques et l’analyse méthodique des différentes réalités religieuses, des contributions socioculturelles et des épreuves rencontrées par les catholiques en Asie, que ce soit au niveau local, régional ou national. Ils expliquent qu’à travers des perspectives anthropologiques, artistiques, environnementales, économiques, politiques et sociales, l’ISAC se concentre particulièrement sur le catholicisme asiatique contemporain afin de mieux comprendre comment l’Asie et l’Église catholique s’influencent mutuellement.

« Des témoins uniques de l’évolution actuelle de l’Asie et de l’Église »

Les coordinateurs de l’ISAC évoquent différentes questions fondamentales qui encouragent la communauté universitaire à mieux étudier le catholicisme asiatique. Ils expliquent notamment que « les catholiques vivant en Asie sont souvent membres de communautés minoritaires. Dès lors, leur visibilité et leurs rôles sont facilement dissimulés par des dynamiques plus puissantes ». « Même s’ils sont nombreux dans certaines parties de l’Asie, leurs influences régionales et mondiales restent difficiles à percevoir », constatent-ils. Ainsi, selon eux, bien que beaucoup de communautés catholiques asiatiques peuvent sembler minoritaires localement – et donc rencontrer différentes formes d’hostilité et de discrimination qui devraient susciter l’attention de la communauté internationale –, ces catholiques contribuent à la vie de leur pays, favorisent la coexistence ethnique et religieuse et développent des réseaux transnationaux qui interpellent les sociétés asiatiques. « En plus de refléter la riche et complexe histoire du christianisme et la mutation actuelle du monde catholique, les catholiques en Asie sont des témoins précieux pour comprendre l’évolution actuelle de l’Asie et de l’Église », soulignent-ils.

Pour expliquer l’origine de l’ISAC, Michel Chambon souligne que « dans le monde universitaire, on trouve beaucoup de centres de recherche sur l’islam, le bouddhisme, le taoïsme, l’hindouisme, etc., mais pas de plateforme qui soit dévouée à l’étude des catholiques et du catholicisme en Asie ». « En sciences humaines, c’est comme si le catholicisme n’avait rien à nous dire sur les sociétés asiatiques d’aujourd’hui. Ce qui est faux ! Et c’est le cœur de notre argument. On ne devrait pas les négliger en les considérant comme la ‘périphérie’ de ces sociétés ou de l’Église », ajoute-t-il.

« Étudier cela, c’est étudier mille et une facettes des sociétés asiatiques »

« Nous avons aussi une série de podcasts qui commencent à être publiés à partir du 1er octobre. Il s’agit de découvrir des universitaires qui ont conduit des recherches sur les catholiques asiatiques. L’un d’eux étudie par exemple des jeunes entrepreneurs indiens, chrétiens, travaillant dans le milieu de la high-tech à Bangalore et Mumbai. Un autre présente ses travaux auprès des étudiants philippins, un autre la diaspora catholique vietnamienne au Cambodge et aux États-Unis, etc. Nous voulons mettre tous ces travaux ensemble. Il y a des recherches rigoureuses qui sont faites et cela vaut le coup de les entendre. »

Outre les projets de recherche et les podcasts, l’ISAC prévoit également des conférences universitaires, dont la première aura lieu en février 2022 à Singapour, sur le thème « catholicisme, famille et sociétés asiatiques ». « L’objectif de ce colloque universitaire est d’entendre les chercheurs, de les laisser analyser et présenter comment des catholiques en Asie s’engagent sur les questions sociétales liées à la famille. À travers un tel événement, l’ISAC vise à créer du savoir scientifique, disponible à quiconque s’intéresse à ces questions », explique Michel Chambon.

Pour le chercheur, le but est aussi de montrer qu’il s’agit bien d’une religion asiatique. « C’est même la seule religion en Asie qui est véritablement transasiatique. C’est la seule que l’on trouve en commun entre des Coréens et des Afghans, ou entre des Timorais et des Bengalais », assure-t-il. « Il n’y a aucun autre vecteur culturel qui soit aussi transrégional que le catholicisme en Asie. Étudier cela, c’est étudier mille et une facettes des sociétés asiatiques, et comprendre ce qui se passe sur le terrain. »

(EDA)


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