Eglises d'Asie

Madhya Pradesh : huit chrétiens accusés de conversion forcée en 2017 enfin acquittés par la justice

Publié le 21/02/2020




Le 18 février, la Cour pénale du Madhya Pradesh, dans le centre du pays, a acquitté huit chrétiens, accusés à tort en 2017 de la conversion forcée de 60 enfants au christianisme. Leur avocate, Tehmina Arora, directrice de l’équipe juridique de l’ONG chrétienne Alliance Defending Freedom (ADF), s’est réjouie de la nouvelle, en rappelant que « les lois anti-conversion sont des outils manipulés pour harceler les chrétiens, et elles répriment la liberté religieuse garantie par la Constitution ». Les accusés avaient été libérés sous caution après trois mois de détention. Ils ont été acquittés après deux ans et demi d’investigation, et après avoir toujours revendiqué leur innocence. Les chrétiens représentent près de 0,3 % de la population du Madhya Pradesh sur 73 millions d’habitants.

Des chrétiens manifestent à New Deli, en 2014, après un attentat contre une église de la capitale.

Les responsables et activistes chrétiens de l’État du Madhya Pradesh, dans le centre de l’Inde, se réjouissent de l’acquittement de huit chrétiens, qui étaient accusés à tort de l’enlèvement de 60 enfants dans le but de les convertir au christianisme. Les accusés, six hommes et deux femmes, ont été libérés le 18 février par la Cour pénale du Madhya Pradesh. « Justice est enfin rendue », a salué leur avocate, Tehmina Arora, qui est également directrice de l’équipe juridique de l’ONG chrétienne Alliance Defending Freedom (ADF). « Mais nous ne devons pas oublier ce que subissent les familles frappées par de pareilles affaires. Les lois anti-conversion sont des outils manipulés pour harceler et cibler les chrétiens, et elles devraient être supprimées, parce qu’elles répriment la liberté religieuse garantie par la Constitution indienne. » Au début, les avocats se sont d’abord tournés vers la Haute Cour de l’État du Madhya Pradesh pour demander que les enfants soient réunis avec leurs parents. Puis ils ont obtenu la libération sous caution des accusés au bout de trois mois. Deux ans et demi après le début des enquêtes, les juges ont finalement pleinement acquitté les chrétiens accusés, qui ont toujours clamé leur innocence. Selon les activistes chrétiens de l’État, « le courage et la foi des chrétiens envers et contre tout et leur confiance en la justice doit être salué ». « Ces hommes et ces femmes ont gardé la foi malgré les épreuves », assurent-ils.

Une des lois anti-conversion les plus dures du pays

L’affaire remonte à mai 2017, quand dix chrétiens ont été arrêtés dans le cadre de deux incidents différents, et accusés des conversions religieuses illégales d’enfants indigènes du Madhya Pradesh. En effet, outre les huit accusés innocentés, deux autres chrétiens ont été accusés à Indore dans le cadre d’une deuxième affaire. Ces derniers sont également défendus par les avocats d’ADF, et espèrent pouvoir être libérés prochainement. Concernant la première affaire, les huit accusés chrétiens ont été mis en cause dans le cadre de la loi du Madhya Pradesh sur la liberté de religion. Ils ont été arrêtés le 21 mai 2017, et accusés d’avoir enlevé 60 enfants dans la gare de Ratlam dans le but de les emmener à Nagpur, dans l’État voisin du Maharashtra, pour les convertir. Selon la police, les accusés ont maintenu que les enfants étaient chrétiens et qu’ils se rendaient à Nagpur pour participer à un camp biblique. Une version confirmée par leurs parents par la suite. Dans la deuxième affaire, survenue le 22 mai 2017, les deux hommes chrétiens d’Indore ont été accusés de la conversion de onze autres enfants. Les enfants et les deux accusés, qui se rendaient au même camp biblique à Nagpur, appartiennent à un groupe charismatique appelé Shalom.

« Finalement, la vérité est enfin dévoilée, et nous saluons ce verdict parce que nous savons qu’ils sont innocents. L’Église ne défend aucunement les conversions religieuses », a déclaré Mgr Leo Cornelio, archevêque de Bhopal. « Il est malheureux de voir régulièrement des groupes fanatiques agresser les pauvres gens, en particulier les Dalits [intouchables] et les minorités indigènes. C’est inacceptable dans un pays démocratique comme l’Inde », dénonce-t-il. « L’Église et ses institutions doivent être vigilants et prudents dans la région, parce que ce genre d’affaire n’est pas nouveau. Il est même arrivé que les nôtres soient attaqués alors qu’ils entonnaient des chants de Noël, ce que les groupes extrémistes considèrent comme une tentative de conversion religieuse. » L’État du Madhya Pradesh fait partie des États indiens qui ont voté les lois anti-conversion les plus dures. Selon la loi, toute personne doit obtenir l’autorisation du gouvernement de l’État avant une conversion à une autre religion. Toute personne qui essaie de convertir une autre en offrant de l’argent ou autre moyen de persuasion est passible de trois ans de prison et d’une lourde amende. Les peines peuvent aller jusqu’à quatre ans concernant la conversion des Dalits ou des personnes indigènes. Les chrétiens représentent environ 0,3 % de la population sur les 73 millions d’habitants du Madhya Pradesh.

(Avec Ucanews et Asianews, New Delhi)


CRÉDITS

Bijay Kumar Minj / Ucanews