Eglises d'Asie

Manille cherche à enrayer une fuite du personnel soignant à l’étranger

Publié le 19/01/2023




Face à une pénurie de personnel médical, le gouvernement philippin cherche à dissuader les soignants de partir à l’étranger malgré des offres attrayantes. « Nous avons besoin de vous ici. Nous faisons appel à votre patriotisme », a déclaré récemment le ministre de la Santé. Mgr Manalo, secrétaire général de la Commission pour les migrants et les personnes itinérantes de la Conférence épiscopale philippine, a réagi : « Ce n’est pas facile de laisser un enfant ou une mère souffrante. Ils veulent sauver leurs familles de la pauvreté. »

L’hôpital maritime de Manille, Intramuros, Philippines.

Un groupe philippin, la Nagkaisa Labor Coalition, qui représente la plus grande coalition d’organisations syndicales dans le pays, a accusé l’Union européenne et d’autres nations étrangères d’attirer un trop grand nombre de personnel médical et paramédical philippin, en aggravant une pénurie de soignants dans le pays.

Selon la déclaration de l’organisation, publiée le 16 janvier, plusieurs pays européens dont l’Allemagne ainsi que d’autres pays développés recrutent des infirmiers et infirmières philippins en leur offrant des rémunérations attrayantes, ce qui affecte les hôpitaux dans l’archipel.

« Ces pays ont les moyens de payer des salaires plus élevés, ce qui a causé une pénurie d’infirmières et d’aides-soignants dans les hôpitaux », confirme Sonny Matula, président du groupe philippin. Selon lui, son organisation a reçu des rapports indiquant que les frais de visas sont couverts pour les soignants, entre autres avantages accordés afin de les attirer dans les pays européens.

« Nous avons seulement la moitié du personnel dont nous avons besoin »

Récemment, le ministère philippins de la Santé a publié un rapport annonçant une pénurie de personnel médical dans le pays d’Asie du Sud-Est, et en invitant ces derniers à résister à la tentation de partir à l’étranger. « Je vous appelle à envisager d’abord de travailler aux Philippines avant de chercher un emploi dans d’autres pays. Nous avons besoin de vous ici. Nous faisons appel à votre patriotisme », a confié le ministre de la Santé, Rosario Vergeire, le 15 janvier.

Les écoles de médecine et autres formations médicales dans le pays ont reconnu qu’elles coopéraient avec des sociétés médicales étrangères, en ajoutant que ce n’était pas illégal. « Il n’y a rien de mal à ce que ces entreprises fassent leur promotion aux Philippines. Beaucoup d’entre elles le font en ligne », souligne Vilma Garcia, président du Centre médical De La Salle. « Certaines fournissent aussi des formations gratuites tout en couvrant les frais alimentaires et le logement. C’est bien sûr une offre généreuse », ajoute-t-il.

Les évêques philippins soutiennent les migrants

« Nous avons seulement la moitié du personnel dont nous avons besoin », affirme le ministre Vergeire. Ceux qui sont partis à l’étranger cherchent toutefois à justifier leur décision. « Nous sommes partis pour offrir une meilleure vie à nos enfants [restés aux Philippines] », explique Crystal Cusi, qui travaille en Allemagne.

Les hôpitaux privés philippins proposent des salaires mensuels entre 12 000 et 15 000 pesos philippins (entre 200 et 250 euros) contre au moins 80 000 pesos (1 350 euros) dans les pays européens, selon le rapport du ministère de la Santé. « Pourquoi rester dans ce pays si vous avez l’opportunité de gagner plus dans un pays étranger ? D’autant plus que nous envoyons de l’argent à nos proches », réagit Crystal Cusi.

De son côté, la Conférence épiscopale philippine (CBCP) tient à exprimer sa sympathie envers les migrants. « Ce n’est pas facile de laisser un enfant ou une mère souffrante. Mais c’est justement ce que font beaucoup de nos travailleurs philippins à l’étranger. Parce qu’ils veulent sauver leurs familles de la pauvreté », souligne Mgr Roger Manalo, secrétaire général de la Commission pour les migrants et les personnes itinérantes de la CBCP.

(Avec Ucanews)