Eglises d'Asie

Manille : les autorités annoncent la reprise des cours à distance aux Philippines lors de la rentrée 2021

Publié le 15/09/2021




Le 13 septembre, les écoles philippines ont repris les cours à distance, les autorités ayant décidé d’annuler la réouverture des établissements scolaires en raison de la situation sanitaire. Depuis le 6 août, le gouvernement enregistre un nombre croissant de contagions liées au variant Delta, ce qui a poussé le pays à instaurer une zone rouge renforcée dans la métropole de Manille. Dans ce contexte, vu la situation d’extrême pauvreté affectant une partie de la population, seul un nombre limité d’élèves pourra suivre les cours en ligne – les autres devront étudier chez eux sans réelle supervision.

En juillet 2021, lors d’un événement organisé par la Commission pour la jeunesse de la paroisse Marie Reine des Apôtres de Parañaque (Manille).

Officiellement, la rentrée des classes était prévue ce lundi 13 septembre aux Philippines. Finalement, les enfants et adolescents philippins continueront d’apprendre à distance pour un certain temps. Alors que presque tous les pays du monde ont partiellement ou complètement réouvert les écoles aux élèves, les Philippines les ont gardées fermées depuis le début de la crise sanitaire. À ce jour, le président Rodrigo Duterte a rejeté les propositions d’un projet de réouverture pour les écoles du primaire et du secondaire. L’année scolaire, qui débute dans l’archipel, promet donc d’être compliquée pour les élèves comme pour les enseignants. Une rentrée qui s’annonce pleine de difficultés, qui seront probablement amplifiées dans la vaste métropole de Manille. Depuis le 6 août, le nombre croissant de contagions dues au variant Delta a poussé les autorités philippines à annoncer une zone rouge renforcée dans la capitale, avec des restrictions particulièrement strictes concernant toutes les activités commerciales.

« Au niveau national, seul 15 % de la population a reçu une double dose de vaccin, tandis qu’à Manille, ce taux monte à environ 30 %. Mais on parle d’une région où vivent plus de 12 millions d’habitants », explique le père Simone Caelli, missionnaire PIME (Institut pontifical pour les missions étrangères) aux Philippines depuis quelques années, et aujourd’hui curé de l’église Marie Reine des Apôtres de Parañaque, en périphérie de Manille. « Les hôpitaux de la ville n’en peuvent plus : ils n’ont plus assez de lits à cause de l’augmentation des contagions, qui excèdent près de 15 000 nouveaux cas par jour », ajoute le prêtre. Dans ce contexte, les écoles ont été forcées d’instaurer des règles particulièrement strictes durant la rentrée, conformément aux mesures anti-Covid dans le pays. « Les établissements privés ont déjà repris avec les enseignements en ligne, tandis que les écoles publiques rentrent aujourd’hui [lundi 13 septembre] », poursuit le père Simone. Vu la situation d’extrême pauvreté affectant une grande partie de la population, il est évident que seul un nombre limité d’élèves pourra suivre les cours en ligne. Les autres continueront de suivre des « modules » expérimentés au cours de l’année scolaire précédente – c’est-à-dire des devoirs et des lectures préparés par les enseignants pour les élèves, qui devront étudier chez eux en totale autonomie et sans aucune supervision.

Certaines écoles ont dû fermer à cause du manque d’inscriptions

« Peu de familles peuvent se permettre d’acheter un ordinateur et de payer une connexion Internet pour que leurs enfants puissent suivre les cours en ligne », reconnaît le missionnaire. « Je ne peux pas préciser le nombre exact d’enfants qui continueront avec les modules, mais je peux donner un exemple. Près de notre paroisse, on compte l’une des plus grandes écoles publiques aux Philippines. On parle d’environ 11 000 élèves. En discutant avec certains enseignants, j’ai appris que seule une quinzaine de classes (sur près de 250) bénéficiera des cours en ligne. Les autres seront ‘livrées à elles-mêmes’ avec les modules. » Naturellement, cela entraînera une augmentation considérable du nombre de décrochages scolaire, qui a déjà forcé de nombreux instituts – en particulier les écoles privées – à fermer. En septembre 2020, les inscriptions ont fortement chuté et n’ont été que de 26,9 millions. Elles ont encore baissé de 5 millions depuis, selon les chiffres officiels. « L’école dirigée par les religieuses près de ma paroisse a souffert d’une baisse significative du nombre d’élèves, et j’ai appris que certains instituts gérés par des religieuses ont dû fermer à cause du manque d’inscriptions. La conséquence logique de cette situation est une baisse encore plus forte du niveau d’éducation et de la qualité du système éducatif », regrette le père Simone.

Un programme adapté, mélangeant des cours en lignes, du matériel pédagogique imprimé et des leçons diffusées à la télévision et sur les réseaux sociaux, a également été lancé en octobre 2020. Cependant, selon une enquête récente, près des deux tiers des parents, inquiets pour leurs enfants, souhaitent la réouverture des écoles. Le prêtre remarque qu’« inévitablement, quand dans une situation ‘normale’, les enseignants se retrouvent avec des classes de 50 à 60 élèves, il faut imaginer la situation aujourd’hui, alors que le même nombre d’élèves n’a pas l’opportunité de suivre les cours et doit étudier à domicile ». Ainsi que le confirme le père Caelli, la pandémie a également gravement affecté l’économie aux Philippines, avec une augmentation exponentielle de personnes pauvres et démunies : « Beaucoup de nos paroissiens ont perdu leur travail durant le confinement, et aujourd’hui, ils n’ont plus de quoi vivre. Bien que le gouvernement ait fourni des aides providentielles aux familles dans le besoin, le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté augmente. Les enseignants eux-mêmes, par exemple, ont dû mal à joindre les deux bouts avec un seul salaire. »

(Avec Asianews et Ucanews)


CRÉDITS

MQAP Media Team / Asianews