Eglises d'Asie

Mgr David, président de la Conférence épiscopale philippine, contre les partisans de Marcos

Publié le 18/01/2022




Le 15 janvier lors d’un forum en ligne, Mgr Pablo Virgilio David, évêque de Kalookan et président de la Conférence épiscopale philippine, a réagi à une campagne en ligne soutenant la candidature présidentielle de Ferdinand « Bongong » Marcos Jr, le fils de l’ancien dictateur philippin Ferdinand Marcos. « Nous ne pouvons pas nous permettre de rester silencieux quand des candidats affirment que le meilleur gouvernement que nous ayons jamais eu était sous la dictature de Marcos », a-t-il protesté, en invitant les catholiques à défendre la vérité.

Mgr Pablo Virgilio David (au centre), président de la Conférence épiscopale philippine.

Le 15 janvier lors d’un forum en ligne, Mgr Pablo Virgilio David, évêque de Kalookan et président de la Conférence épiscopale philippine, a condamné des déclarations récentes des partisans de l’ancien dictateur Ferdinand Marcos, affirmant que l’imposition de la loi martiale sous sa présidence était un « âge d’or » dans l’histoire du pays. Ces affirmations ont été publiées sur les réseaux sociaux dans le cadre d’une campagne en ligne destinée à soutenir le fils de l’ancien dictateur, Ferdinand « Bongong » Marcos Jr., candidat aux élections présidentielles qui auront lieu en mai 2022.

La loi martiale a été déclarée le 23 septembre 1972, et bien que levée officiellement en 1981, elle s’est en fait maintenue jusqu’à ce que le dictateur soit chassé du pouvoir en 1986. De nombreux cas d’abus des droits de l’homme ont été enregistrés durant cette période. Parmi les victimes, on compte de nombreux opposants de Marcos, dont des étudiants et des militants politiques, ainsi que des religieux et des agriculteurs.

Le 15 janvier, en s’adressant à des hommes d’affaires et à des professionnels chrétiens, Mgr David a réagi à cette campagne en ligne en soutenant que les catholiques devaient oser élever la voix pour défendre la vérité. « Nous ne pouvons pas nous permettre de rester silencieux quand des candidats affirment que le meilleur gouvernement que nous ayons jamais eu était sous la dictature de Marcos. Ils disent même que la loi martiale était la seule façon de maintenir la discipline parmi les Philippins, que cela a permis d’améliorer notre économie et que cela a créé des emplois », a-t-il protesté durant le forum en ligne.

« Comment pouvez-vous appeler cela l’âge d’or de la société philippine ? »

L’évêque a dénoncé la loi martiale qui a entraîné la fuite de plusieurs milliers de Philippins, qui sont allés chercher de meilleurs horizons à l’étranger et qui font désormais partie de la diaspora. « Je me demande si nous aurions 10 % de notre population travaillant à l’étranger si la dictature n’avait pas fortement affecté notre économie et forcé plusieurs millions de Philippins à tenter leur chance ailleurs, malgré le fait d’être séparés de leurs familles », a-t-il ajouté. Il a appelé à réviser l’histoire récente du pays afin de mieux connaître la vérité sur les partisans de Marcos et sur la loi martiale. Selon lui, celle-ci a simplement été une façon, pour un dirigeant élu démocratiquement, de rester au pouvoir au-delà de ce que lui permettait la Constitution du pays.

« Bien sûr, pour rester au pouvoir, il a fait ce que font d’ordinaire les dictateurs. Il a dissous le Congrès, aboli la Constitution, des représentants de l’opposition ont été arrêtés, de nombreux opposants ont été arrêtés et sommairement exécutés, tout cela pour se maintenir au pouvoir pour quatorze années supplémentaires. Alors comment pouvez-vous appeler cela l’âge d’or de la société philippine ? » a-t-il insisté. Il a appelé les catholiques à ne pas rester neutres face à de tels mensonges et à ces tentatives de changer l’histoire.

« La neutralité aide la fausseté à se propager, et cela permet à des mensonges de l’emporter », a-t-il ajouté. « Nous devons lutter contre les tentatives de donner à ces années sombres de dictature, et de perte des libertés et de la démocratie, un semblant de légitimité. Ce n’est pas seulement une autre façon de voir les choses mais c’est clairement un mensonge, et une mauvaise interprétation des événements. C’est une falsification de l’histoire. » Les victimes de l’ancien dictateur ont fait part de leur consternation face à la candidature de Marcos Jr., et ont cherché à le disqualifier en évoquant des impôts sur le revenu non déclarés entre 1982 et 1985.

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Ucanews