Eglises d'Asie

Mindanao vote la création d’une nouvelle région musulmane autonome

Publié le 22/01/2019




Le 21 janvier, près de 2,5 millions d’électeurs étaient attendus dans la province de Mindanao, l’île la plus au sud des Philippines, afin de voter la création d’une nouvelle région musulmane autonome. Depuis 2014 et la signature d’un accord de paix avec le Front islamique de libération Moro, une région autonome existait déjà, couvrant une partie de l’île, majoritairement musulmane. Si elle est ratifiée, la nouvelle Loi organique Bangsamoro devrait étendre la région autonome et permettre de faire avancer le processus de paix après des décennies de guérilla.

Les habitants de la province de Mindanao, au Sud de l’archipel philippin, ont participé à un référendum organisé le 21 janvier afin de voter pour une nouvelle région musulmane autonome dans l’île de Mindanao. La création d’une nouvelle autorité politique dans la région, majoritairement musulmane, fait partie de l’accord de paix signé en 2014 entre le gouvernement philippin et les rebelles Moro. La commission électorale a annoncé que 2,5 millions de votants, sur les 2,8 millions d’inscrits sur les listes électorales, devraient se rendre aux urnes. Si elle est ratifiée, la loi organique Bangsamoro devrait étendre la région autonome actuelle. Les autorités musulmanes et chrétiennes sont toutes persuadées de la victoire du « oui ». « Aujourd’hui, beaucoup de gens comprennent que la seule façon d’avancer est de choisir le chemin vers la paix », souligne Drieza Lininding, président du Moro Concensus Group. Le père Ramonito Torres, vicaire général de la Prélature de Sainte-Marie de Marawi, assure que la ratification de la loi sera une base « pour le dialogue interreligieux entre les peuples de Mindanao ». « Si nous voulons donner une chance à la paix, il faut donner une chance à la loi Bangsamoro », ajoute le prêtre.

Usman Sarangani, l’un des sultans de Mindano, confie que les anciens régimes traditionnels devraient jouer un grand rôle dans la nouvelle région autonome. Usman Sarangani assure que les sultans comme lui-même sont « indispensables pour la gestion des affaires » du gouvernement Bangsamoro, en particulier pour appliquer les mesures de paix et le maintien de l’ordre. Sous la nouvelle loi, les sultans et les « datus » (chefs des groupes indigènes) seront des conseillers pour le ministre en chef, parce qu’ils sont « efficaces pour résoudre les conflits ». À Manille, les groupes interreligieux ont lancé ce qu’ils décrivent comme une « action solidaire » pour la population de Mindanao. La veille du vote, des militants et étudiants de l’université jésuite Ateneo de Manille ont célébré la messe pour soutenir le processus de paix. Le père Vic de Jesus, jésuite, explique que la fin des décennies de conflits armés dans le sud des Philippines « est une victoire pour tous ceux qui ont travaillé pour permettre de faire avancer la justice et la paix ». Le prêtre ajoute que le travail des chrétiens dans le processus de paix « ne concerne pas que la fin des hostilités mais aussi la lutte contre les anciennes injustices et la réconciliation ». Près de 120 000 personnes ont été tuées au cours de la guérilla à Mindanao. La semaine dernière, le président Rodrigo Duterte a déclaré que le vote pour la ratification de la loi Bangsamoro sera un « témoignage » de la détermination de la population « à soutenir le développement et la paix véritable ». Une fois ratifiée, la Loi organique Bangsamoro sera appliquée cinq ans après la signature, en 2014, de l’accord de paix avec le Front islamique de libération Moro. Selon la nouvelle loi, le gouvernement philippin retirera les forces de l’ordre et les troupes militaires en poste à Mindanao tandis que les rebelles devraient déposer les armes progressivement.

(Avec Ucanews, Manille)


CRÉDITS

Ferdinandh Cabrera / Ucanews