Eglises d'Asie

Nagasaki : un groupe japonais prépare des vidéos sur les « chrétiens cachés » ou « Kakure Kirishitans »

Publié le 02/02/2023




Une équipe de chrétiens japonais, dont des descendants des « Kakure Kirishitans » ou « chrétiens cachés » persécutés durant la période Edo (1603-1867), ont lancé un projet de production vidéo afin de permettre aux générations futures de mieux les connaître. « Nous voulons reproduire les événements de cette époque aussi fidèlement que possible », confie Kazutoshi Kakimori, un descendant des « chrétiens cachés ». Aujourd’hui, les descendants des Kakure Kirishitans vivent en majorité dans l’île de Naru, dans la préfecture de Nagasaki.

L’église d’Oura, ou basilique des Vingt-Six-Martyrs-du-Japon (cocathédrale de l’archidiocèse de Nagasaki).

Des descendants de chrétiens japonais ayant vécu les persécutions aux XVIIe et XIXe siècles projettent de produire des vidéos afin de mieux faire connaître les « chrétiens cachés » du Japon aux plus jeunes. Les vidéos présenteront des baptêmes, des fêtes pascales et autres rites pratiqués traditionnellement par les « chrétiens cachés » ou Kakure Kirishitans, persécutés durant la période Edo (1603-1867), selon The Yomiuri Shimbun.

Kazutoshi Kakimori, un descendant des Kakure Kirishitans, s’est lui-même engagé dans ce projet. Il explique qu’ils voudraient utiliser ces vidéos pour montrer aux générations futures comment les rites et rituels étaient pratiqués par leurs ancêtres. « Utiliser des objets ne suffira pas pour bien transmettre la foi de nos ancêtres aux futures générations. Nous voulons reproduire les événements de cette époque aussi fidèlement que possible, tant que nous sommes en mesure de le faire », confie-t-il.

L’initiative de Kakimori et de son équipe de prêtres catholiques survient aussi face au déclin démographique du Japon et à un certain abandon des croyances religieuses depuis la modernisation du pays. Selon Kakimori, les rites traditionnels des Kakure Kirishitan tentent à s’oublier alors que les plus âgés qui s’en souviennent encore ne seront bientôt plus là.

Aujourd’hui, les descendants des Kakure Kirishitans vivent majoritairement dans l’île de Naru (qui fait partie des îles Goto, un archipel du Japon situé dans l’est de la mer de Chine orientale, au large de la côte occidentale de Kyushu). L’île de Naru fait partie de la préfecture de Nagasaki. La population de l’île est passée de près de 9 000 en 1960 à seulement 1 900 actuellement.

Permettre aux gens de comprendre plus en profondeur l’histoire des « chrétiens cachés »

Après avoir pris sa retraite en 2008, Kakimori a emménagé à Naru pour y fonder un centre de recherche sur l’histoire des Kakure Kirishitans, en interrogeant les plus âgés sur les événements passés et en collectant des objets religieux.

Selon le père Renzo De Luca, provincial de la province jésuite japonaise, le fait de garder leur foi malgré des persécutions prolongées et l’absence de clergé est quelque chose de très rare. « Il y a peu de cas dans le monde où les gens ont maintenu leur foi durant une longue période sous l’oppression. Nous voulons coopérer autant que possible avec la production de ces vidéos », assure-t-il.

L’équipe utilisera des costumes traditionnels portés à l’époque en se basant sur des photos, des vidéos et autres documents disponibles. Le groupe prévoit de reproduire des rites, rituels et prières pratiqués par les chrétiens cachés autrefois dans des vidéos sous-titrées et détaillées, qui pourront être utilisées comme matériel éducatif. Ils envisagent aussi de les utiliser pour des conférences, des colloques et autres événements afin de permettre aux gens de comprendre plus en profondeur l’histoire des « chrétiens cachés ».

Les sites chrétiens cachés de Nagasaki classés au patrimoine mondial de l’Unesco en 2018

Selon les archives de l’Église locale, un prêtre français visitant la cathédrale d’Oura, à Nagasaki, a découvert les Kakure Kirishitans quand ils lui ont parlé de leur foi. Les chrétiens seraient partis vers 1800 dans l’île de Naru depuis ce qui est aujourd’hui comme la région de Sotome, à Nagasaki. Beaucoup de ces migrants ont vécu dans des régions reculées, en pratiquant leur foi malgré l’absence de prêtres.

Ils se sont organisés localement autour d’un responsable appelé « chokata », chargé de les guider dans leurs activités religieuses. Une autre personne appelée « mizukata » administrait les baptêmes au sein de la communauté. En 1873, le gouvernement de Meiji a finalement levé les interdictions en reconnaissant officiellement le christianisme, pressé par les nations occidentales. Les « sites chrétiens cachés de la région de Nagasaki » ont été classés au patrimoine mondial de l’Unesco en 2018. En 2019, le Japon comptait plus de 540 400 catholiques et 16 diocèses, pour une population d’environ 125 millions d’habitants.

(Avec Ucanews)