Eglises d'Asie

Narendra Modi visite la cathédrale de New Delhi le soir du dimanche de Pâques

Publié le 12/04/2023




Le 9 avril au soir, le jour de Pâques, le Premier ministre Narendra Modi, au pouvoir depuis 2014 à la tête du parti pro-hindou du BJP, a visité la cathédrale du Sacré-Cœur de New Delhi en présence de Mgr Anil Joseph Couto, archevêque de Delhi, de Mgr Kuriakose Bharanikulangara, de l’Église syro-malabare, et de Mgr Thomas Antonios Valiyavilayil, de l’Église syro-malankare. La visite suscite l’espérance parmi les responsables chrétiens indiens après une vague d’attaques antichrétiennes par des groupes extrémistes hindous.

Le Premier ministre Narendra Modi a visité la cathédrale de New Delhi le dimanche de Pâques.

Le Premier ministre indien Narendra Modi a visité la cathédrale du Sacré-Cœur le soir du dimanche de Pâques. Une initiative vue par les responsables chrétiens du pays comme une opportunité de dialogue avec le gouvernement, dans le but de mettre fin au harcèlement subi par les chrétiens indiens.

Depuis l’arrivée au pouvoir en 2014 du leader du parti pro-hindou du BJP (Bharatiya Janata Party), c’est la première fois que le dirigeant organise une telle visite dans la cathédrale de Delhi. Il a pris cette décision alors que les responsables chrétiens de la région continuent d’accuser des groupes hindous de s’en prendre aux leurs dans les États du nord du pays, majoritairement dirigés par le parti de Modi.

« Nous sommes très heureux qu’il ait visité notre cathédrale et partagé ses vœux de Pâques avec nous », a déclaré Mgr Anil Joseph Couto, archevêque de Delhi, qui l’a accueilli dans la cathédrale. Les évêques des deux Églises catholiques de rite oriental présentes dans la région de Delhi – Mgr Kuriakose Bharanikulangara, de l’Église syro-malabare, et Mgr Thomas Antonios Valiyavilayil, de l’Église syro-malankare – ont également participé à l’événement aux côtés de Mgr Couto, évêque de rite latin.

« Nous pouvons avoir de bonnes relations »

Ce dernier a offert une statue du Christ ressuscité au Premier ministre, qui l’a acceptée chaleureusement. La visite, bien que brève et symbolique, a envoyé un message clair, selon Mgr Couto. Durant la visite de 25 minutes, le dirigeant indien a allumé une bougie devant la statue du Christ ressuscité et écouté trois hymnes pascals. Il a également échangé avec des enfants du chœur de la cathédrale « en signe d’amitié » et planté des arbustes dans l’enceinte de la cathédrale avant son départ.

Sur Twitter, Narendra Modi a aussi annoncé cette visite organisée « à l’occasion très spéciale de Pâques », en souhaitant que cet événement « approfondisse l’esprit d’harmonie dans notre société ». « Que cette visite incite les gens à servir la société et à contribuer à l’autonomisation des défavorisés. Nous nous souvenons des pensées pieuses du Seigneur Christ en ce jour », a-t-il écrit.

Mgr Bharanikulangara a souligné que l’événement « doit être vu comme une formidable opportunité d’initier le dialogue au niveau provincial et fédéral, afin de lutter contre les menaces de persécutions contre les chrétiens ». « Il n’y a aucun doute que dans beaucoup de régions de notre pays, les chrétiens et leurs institutions sont attaqués. Nous devons changer ces comportements et nous impliquer nous-mêmes de plus en plus dans le dialogue à tous les niveaux », a-t-il ajouté. Il a également confié que la visite peut être « le début de ce dialogue ». « Nous pouvons avoir de bonnes relations », a-t-il assuré, en appelant les responsables chrétiens à s’engager davantage dans le dialogue.

« Nous devons parler avec ceux qui sont au pouvoir pour régler nos différends »

Les responsables chrétiens indiens accusent régulièrement des groupes hindous extrémistes, associés au parti de Narendra Modi, de s’en prendre à leurs fidèles et à leurs pasteurs et de les piéger avec de fausses accusations. Dans la majorité des cas, ces affaires concernent des accusations de violations de clauses et de lois anti-conversion, en vigueur dans plusieurs États du pays. Les responsables chrétiens ont également signalé que Modi n’a jamais condamné de telles attaques contre les minorités chrétiennes depuis son arrivée au pouvoir.

Selon les chiffres de l’association UCF (United Christian Forum), basée à New Delhi, plus de mille cas de violences antichrétiennes ont été enregistrés au cours des deux dernières années. Parmi celles-ci, on compte des violences physiques contre des assemblées chrétiennes et des pasteurs, et des attaques de foules contre des églises et des institutions chrétiennes.

Durant la visite, Mgr Bharanikulangara, a cependant souligné que cette visite de Pâques, que Narendra Modi a initiée de lui-même, ouvre une voie de dialogue pour les chrétiens. « Afin d’assurer leur sécurité, nous devons parler avec ceux qui sont au pouvoir pour régler nos différends », a-t-il ajouté. La visite survient aussi alors que les partis politiques indiens se préparent à des élections parlementaires d’ici l’an prochain. Les chrétiens représentent 2,3 % de la population indienne sur 1,4 milliard d’habitants (pour environ 80 % d’hindous).

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Ucanews