Eglises d'Asie – Indonésie
Nusa Tenggara oriental : une mère catholique indonésienne dans l’île de Flores
Publié le 19/07/2022
En transportant des cabosses de cacaoyer fraîchement récoltées dans un panier, pour les entreposer dans l’arrière-cour de sa maison, Maria Yuliana Farida précise que « si l’une d’entre elles s’abîme, nous aurons moins à manger la semaine prochaine ». La saison de la récolte des cabosses a lieu en juin et juillet dans l’île indonésienne de Flores, majoritairement catholique. Pour la famille de Maria, il s’agit d’une de leurs principales sources de revenus.
« Je crois en Dieu, que nous appelons ‘Mori Kraeng’ dans notre langue ; il pourvoit toujours à nos besoins. Mais bien sûr, nous devons aussi travailler dur », confie cette mère et grand-mère de 44 ans. Avec son mari, Fransiskus Din, âgé de 47 ans, ils travaillent cinq jours par semaine, du matin jusqu’au soir, pour nourrir leurs trois enfants et les élever dans la foi chrétienne.
Le samedi est le jour de marché, et le dimanche est un jour de repos et de prière pour la famille, qui partage ses dimanches entre leur paroisse et leur domicile. Tous les samedis matin, Maria et Fransiskus Din empruntent le seul chemin qui relie leur village de Wae Sano au reste du monde. Sur 10 km vers l’est, ils transportent leurs produits agricoles le long d’un étroit sentier plein de nids-de-poule, vers le marché traditionnel de la ville de Werang.
Leur village, humble et isolé, entouré de collines et de forêts, fait partie de la province des Petites îles de la Sonde orientales (Nusa Tenggara), majoritairement chrétiennes. Maria Farida explique que les dimanches sont « comme un petit jour de fête », alors que la population locale fait une pause dans les travaux agricoles de l’aube au crépuscule, en commençant la journée par la messe dominicale dans le village. Ainsi, le dimanche matin, la famille de Maria Farida se dirige vers l’église paroissiale Saint-Michel, à seulement 100 m de chez eux, vêtus de leurs meilleurs habits du dimanche.
Une des plus anciennes églises du diocèse de Ruteng
La paroisse compte près de 4 000 catholiques et dépend du diocèse de Ruteng, qui couvre les trois districts de Flores-Manggarai occidental, Manggarai occidental et Manggarai oriental. L’église du village, construite en 1916 et restaurée il y a dix ans, fait partie des plus anciennes du diocèse. Alors qu’elle peut accueillir près de 700 personnes, elle est toujours bondée le dimanche. « Des tentes sont installées dehors pour accueillir plus de monde pour les jours de fêtes comme Noël et Pâques », explique-t-elle.
Maria Yuliana Farida est née dans une famille catholique de l’ouest de l’île de Flores. Ses grands-parents ont fait partie des cinq premières familles à avoir été baptisées par le père jésuite Henrikus Looijmans, en 1912. La foi catholique a été introduite tard dans la région, alors que les missionnaires sont arrivés en Indonésie au XVIe siècle avec les commerçants portugais. Maria explique qu’elle s’efforce de transmettre sa foi comme ses parents l’ont fait. « Je connais peu les enseignements et les dogmes de l’Église ; ce que je fais, c’est inviter mes enfants à prier et à croire que Dieu nous aime tous et qu’il nous donne ce dont nous avons besoin. »
« Nous vendons la plupart des produits au marché »
Elle ajoute que sa vie de foi a aussi été influencée par les pratiques religieuses des paroissiens. Ainsi, en mai et en octobre, les fidèles forment des groupes pour se rendre visite et prier le chapelet. Durant l’avent et le carême, les paroissiens prennent part à des activités de catéchisme, organisées par le diocèse. Maria aide aussi l’Église locale en mettant de côté une partie de leurs revenus pour les activités de la paroisse. Elle gagne environ 200 000 roupies (13 euros) par jour, voire 500 000 (33 euros) durant la saison haute. Sa famille participe également à un fonds de développement tous les ans à hauteur de 230 000 roupies. Ils ont aussi lancé une loterie pour soutenir les familles plus démunies qui ne peuvent contribuer pour la paroisse.
En plus des légumes et fruits de saison, comme le bétel, la laitue, le manioc, la papaye et le haricot ailé, elle fait aussi pousser du cacao et du café. « Nous vendons la plupart des produits au marché. Parfois, je vends aussi des balais faits à partir de fibres de palmier et des cuillères en coque de noix de coco et bois, faits par mon mari. » Elle explique que cela permet de nourrir les huit membres de la famille. Outre ses trois enfants, sa belle-mère, sa belle-fille et son petit-fils vivent aussi sous leur toit, une habitation traditionnelle de 6 mètres par 7, avec des murs de bambou tressé, un sol en béton et un toit de tôle.
Selon elle, outre la pauvreté et un travail dur, les épreuves qui peuvent menacer la foi sont liées aux anciennes coutumes tribales. « Je suis catholique, mais je tiens aussi aux valeurs reçues de nos ancêtres », confie-t-elle. Ainsi, les paroissiens pratiquent toujours le culte des ancêtres et considèrent toujours certains lieux comme sacrés. « Mais nous avons l’habitude de prier à la maison, bien que les jours de travail, nous sommes souvent trop fatigués le soir. »
(Avec Ucanews)
CRÉDITS
Ario Jempau / Ucanews