Eglises d'Asie

Odisha : cinq chrétiens libérés sous caution après dix ans de détention

Publié le 28/11/2019




La Cour Suprême a annoncé, le 26 novembre, la libération de cinq chrétiens après dix ans de détention. Ils avaient été accusés à tort, avec deux autres chrétiens, du meurtre du gourou hindou Laxamananda Saraswati, dans l’État d’Odisha. Cet assassinat avait déclenché, en 2008, une vague de violences antichrétiennes dans la région de Kandhamal. Sur les sept chrétiens accusés, deux avaient déjà obtenu leur libération en début d’année. Le père Josh Barwa, avocat et prêtre de l’archidiocèse de Cuttack-Bhubaneswar (Odisha), s’est réjoui de leur libération : « C’est une victoire pour les innocents. »

Le père Ajay Kumar Singh, prêtre et militant pour les droits de l’homme, en 2018 lors du 10e anniversaire des violences antichrétiennes de Khandhamal, dans l’État d’Odisha.

Mardi 26 novembre, la Cour Suprême indienne a pris une décision historique en annonçant la libération sous caution de cinq chrétiens détenus depuis 2008 dans une prison du district de Phulbani, dans l’État d’Odisha (dans l’est de l’Inde). Ils avaient été accusés du meurtre d’un gourou spirituel hindou, Laxamananda Saraswati, avec deux autres chrétiens d’Odisha – qui ont également été libérés sous caution au début de l’année. Ce meurtre avait déclenché une vague antichrétienne dans la région et le massacre d’Odisha, au cours duquel 101 chrétiens avaient été assassinés. Les responsables chrétiens et les militants pour les droits de l’homme dans le pays ont salué la libération des cinq hommes, qui avaient été condamnés à la perpétuité en 2013. Le père Dibakar Parichha, avocat et prêtre de l’archidiocèse de Cuttack-Bhubaneswar, dans l’État d’Odisha, se réjouit : « Ces innocents ont enfin obtenu justice. Je suis heureux qu’ils soient enfin réunis avec leurs familles et qu’ils puissent recommencer une nouvelle vie après onze ans de détention. » De son côté, Mgr Josh Barwa, archevêque de Cuttack-Bhubaneswar, confie : « Je suis à la fois heureux et triste ; je me réjouis qu’ils aient enfin obtenu une libération sous caution, mais d’un autre côté, je suis profondément attristé que des chrétiens innocents aient été incarcérés pendant onze longues années. » Leurs familles, ajoute-t-il, « ont beaucoup souffert ». « Eux-mêmes ont beaucoup souffert, non pas à cause de leurs fautes, mais simplement parce qu’ils étaient chrétiens. Mais aujourd’hui, nous nous réjouissons. C’est un soulagement, Dieu est fidèle », poursuit-il.

« Une victoire pour les innocents »

L’évêque explique qu’il était, le 26 novembre, à Kandhamal où il a rencontré les épouses des détenus libérés, qui voulaient le remercier. « Le diocèse de Cuttack-Bhubaneswar a couvert leurs frais juridiques pour six d’entre eux, et un autre a été soutenus par ADF [Alliance defending freedom]. Le père Dibya Singh, conseiller juridique du diocèse, s’est occupé de leurs procès. Nous avons prévu une prière d’action de grâce pour leur retour. » Le père Dibakar Parichha tient quant à lui à remercier « tous ceux qui nous ont soutenu ». « Quand nous avons demandé une libération sous caution, l’affaire a été discutée par plusieurs tribunaux. Nous nous sommes finalement tournés vers la Cour Suprême, coutre la Haute Cour d’Orissa qui continuaient de refuser leur libération. C’est une victoire pour les innocents », se réjouit-il. En 2008, au cours des violences antichrétiennes perpétrées par les extrémistes hindous, une centaine de chrétiens ont été tués et 40 femmes ont été violées. Plusieurs dizaines de milliers de fidèles ont dû fuir, 8 000 maisons ont été incendiées ou pillées dans 415 villages, et 300 églises détruites. Sajan K. George, président du Conseil global des chrétiens indiens (GCIC), a déclaré que « l’arrestation des sept chrétiens avaient profondément déçu les chrétiens indiens qui étaient encore sous le choc après les attaques meurtrières d’Odisha. Des avocats chrétiens s’étaient immédiatement mis au travail pour se battre pour leur libération. La Haute Cour d’Odisha les avait condamnés à perpétuité sur la base de fausses accusations et d’un complot imaginaire, sans aucune preuve à l’appui ». « Après dix ans, onze mois et onze jours de détention, cinq innocents ont été libérés sous caution ; le GCIC remercie Dieu pour leur libération », se réjouit-il.

(Avec Asianews et Ucanews)


CRÉDITS

Bijay Kumar Minj / Ucanews