Eglises d'Asie

Odisha : les martyrs de Kandhamal, Kanteshwar Digal et ses 34 compagnons, reconnus comme Serviteurs de Dieu

Publié le 26/10/2023




Les 35 martyrs de Kandhamal, tués dans l’État d’Odisha, dans l’est du pays, lors des massacres antichrétiens de 2008, ont été reconnus comme Serviteurs de Dieu par le Dicastère pour la Cause des saints. Dans une lettre remise à l’archidiocèse de Cuttack-Bhubaneswar, le dicastère accorde le « Nihil obstat » confirmant l’ouverture de l’enquête diocésaine sur la vie, les vertus et la sainteté de Kanteshwar Digal et ses 34 compagnons, morts en martyrs il y a 15 ans. Les massacres ont causé 101 victimes et 64 000 habitants déplacés.

Des évêques indiens rendent hommage aux martyrs de Kandhamal, en 2016 dans l’État d’Odisha, à l’occasion d’une « journée des martyrs » célébrée le 30 août.

En janvier 2023, lors de sa 34e Assemblée plénière, la Conférence épiscopale indienne (CCBI) a voté et approuvé la demande de Mgr John Barwa, archevêque de Cuttack-Bhubaneswar dans l’État d’Odisha (dans l’est de l’Inde), qui souhaiter démarrer le processus de béatification des martyrs de Kandhamal, les chrétiens tués en Odisha (anciennement Orisha) par des extrémistes hindous durant l’été 2008.

Après un temps de réflexion approfondie, de prière et de discernement, le Dicastère pour la Cause des saints a accordé le Nihil obstat (« rien ne s’y oppose »), qui confirme qu’il n’y a aucun obstacle doctrinal ou moral à entamer l’enquête sur leur vie, leurs vertus et leur sainteté. Le nonce apostolique en Inde, Mgr Leopoldo Girelli, a remis une lettre à l’archidiocèse de Cuttack-Bhubaneswar (Odisha), où se trouve le district de Kandhamal, afin de reconnaître les martyrs comme Serviteurs de Dieu, la première étape vers leur béatification.

La cause de béatification de Kanteshwar Digal et ses 34 compagnons, morts en martyrs à Kandhamal il y a 15 ans, est ainsi ouverte. Cet acte ouvre officiellement l’enquête diocésaine sur la sainteté des 35 candidats, qui reçoivent le titre de Serviteurs de Dieu à compter de ce jour. L’archidiocèse de Cuttack-Bhubaneswar peut ainsi commencer le processus canonique en recueillant les déclarations des témoins, que le dicastère devra évaluer. Si l’issue finale de l’enquête est positive, le pape pourra alors autoriser la promulgation du décret reconnaissant leur martyre, ce qui conduira à leur béatification.

Une des pires vagues de persécutions antichrétiennes en Inde

L’autorisation du Vatican pour débuter l’enquête est une étape très importante pour l’Église en Inde, qui se souvient des événements en Odisha il y a quinze ans comme la pire vague de persécutions antichrétiennes de ces dernières années dans le pays. Les violences ont atteint un niveau extrême. En plus des massacres, des églises ont été incendiées et des habitations ont été dévastées, forçant plusieurs centaines de personnes à se réfugier dans la jungle alentour afin d’échapper aux fanatiques attisés par les nationalistes hindous.

La cause de béatification est liée au nom de Kanteshwar Digal, un père de famille et catéchiste de la paroisse de Sankarakhole, tué à l’âge de 53 ans le 25 septembre 2008. « C’est pour moi une grande nouvelle, d’autant plus que je suis personnellement impliqué dans cette démarche », réagit Mgr John Barwa, archevêque de Cuttack-Bhubaneswar. « Pour les fidèles, ce sera un très fort encouragement : le fait qu’ils soient reconnus par l’Église, qu’ils soient en communion », ajoute-t-il.

« Cette année, c’est le jubilé d’or du diocèse, que nous célébrons sur le thème ‘compassion, continuation et engagement’. C’est formidable de voir nos frères et sœurs reconnus dans le monde entier, par toute l’Église, de savoir que Kandhamal n’est pas oublié, que Dieu les écoute, qu’il est avec eux à travers le martyre », se réjouit l’évêque, qui explique qu’aujourd’hui, il n’y a plus de persécution ouverte en Odisha, mais que les blessures du passé ne sont pas encore guéries. Parmi les chrétiens, il précise que « des compensations financières ont été versées à certains », tandis que « d’autres disent qu’ils n’ont rien reçu » à la suite des massacres de 2008 et des injustices qui ont suivi.

« L’Église de Kandhamal a été reconnue dans son témoignage de foi »

« La veille du décès de Mgr Cheenath [Raphael Cheenath, 1934-2016, archevêque de Cuttack-Bhubaneswar de 1985 jusqu’à sa mort], nous avons obtenu gain de cause concernant les Litiges d’intérêt public [PIL], mais certaines églises n’ont reçu aucune compensation », souligne Mgr Barwa. Pourtant, il assure qu’aujourd’hui les gens se réjouissent parce que « l’Église de Kandhamal a été reconnue dans son témoignage de foi ».

Parmi ceux qui ont célébré la nouvelle, on compte notamment le cardinal Oswald Gracias, l’archevêque de Mumbai, qui a été comblé d’apprendre la décision du Dicastère pour la Cause des saints. Le cardinal Gracias, qui se trouve actuellement à Rome pour le Synode, est celui qui, en 2017, a encouragé l’Église locale en Odisha à promouvoir la cause de béatification des 35 martyrs de Kandhamal (parmi lesquels on compte 24 hommes et 11 femmes), avec le soutien du cardinal Fernando Filoni, alors préfet pour la Congrégation de l’évangélisation des peuples.

Les violences contre les chrétiens d’Odisha, dans le district de Kandhamal en 2008, ont causé la mort de plus d’une centaine de personnes, et au moins 64 000 habitants ont été déplacés par les événements. Le massacre a été déclenché après le meurtre du leader hindou Swami Lakshmanananda Saraswati, âgé de 81 ans, le soir de la fête hindoue de Janmashtami célébrant la naissance de la divinité Krishna.

Ce dernier menait une campagne contre les conversions au christianisme dans la région, et le meurtre a été immédiatement attribué aux chrétiens du district, qui ont reçu un ultimatum leur imposant de renoncer à leur foi. Plus de 300 églises ont été détruites dans le district, ainsi que 6 000 habitations chrétiennes, rendant près de 56 000 personnes sans-abri.

(Avec Asianews)