Eglises d'Asie

Ouverture de l’enquête diocésaine pour le procès en canonisation des pères Krick et Bourry (MEP)

Publié le 18/09/2019




L’Église catholique dans l’État de l’Arunachal Pradesh, dans le nord-est de l’Inde, a ouvert officiellement le début du travail de la commission d’enquête diocésaine, nommée dans le cadre du procès en canonisation des pères Nicolas Michaël Krick et Augustin-Étienne Bourry (MEP). Les deux missionnaires sont morts assassinés il y a 165 ans, dans un village à proximité de la frontière chinoise. Samedi 14 septembre, le diocèse de Miao a marqué le lancement de la commission d’enquête par une cérémonie solennelle, célébrée dans l’église Saint-Pierre de Tezu. Les deux missionnaires français ont été proclamés « Serviteurs de Dieu » en 2010.

« C’est un jour important pour l’Église en Arunachal Pradesh », a déclaré Mgr Pallipparambil au début de la célébration eucharistique du 14 septembre dans l’église de Tezu, afin de marquer l’ouverture de l’enquête diocèse vers la canonisation des pères Nicolas Michaël Krick et Augustin-Étienne Bourry (MEP). « En constituant la commission d’enquête diocésaine, nous entrons dans la deuxième phase de notre travail pour prouver leur sainteté. Nous prions pour que le travail entrepris par les deux missionnaires, qui ont versé leur sang sur notre terre, porte bientôt ses fruits. » Les pères Krick et Bourry ont été assassinés le 2 août 1854 par un homme appelé Kaisha, chef de la tribu Mishmi, à Somme, un village situé près de la ville de Khibito, à la frontière chinoise. Ils se rendaient au Tibet alors que les Missions Etrangères de Paris avaient commencé à explorer les villages de la chaîne himalayenne. Quand ils ont été tués, l’un était étendu, malade, et l’autre était en prière. Le père Krick avait 34 ans, et le père Bourry 28 ans. Leurs dépouilles sont toujours conservées au village. Mgr George Pallipparambil, évêque de Miao, explique que les missionnaires avaient visité le Tibet et développé « une relation amicale et saine » avec le roi. Le chef tribal en était devenu jaloux, ce qui l’aurait poussé à commettre le meurtre. « Les lamas bouddhistes estimaient que cette amitié avec le roi pourrait inciter ce dernier à accepter le christianisme, et ils ont été tués. Mais cette raison n’est pas établie officiellement », ajoute l’évêque.

Proclamés Serviteurs de Dieu en 2010

Le père Felix Anthony, porte-parole de l’Église dans le nord-est de l’Inde, confie qu’il n’y a « peu de documents sur les deux missionnaires en Arunachal Pradesh, à part des lettres qu’ils ont envoyé à Paris, dans lesquelles ils décrivent la difficulté de leur voyage et où ils expliquent que leur guide les a volés ». Plusieurs dizaines de catholiques ont assisté à la cérémonie du 14 septembre. Durant la messe, l’équipe diocésaine a entendu trois témoins. À la fin de la célébration, les dépositions de 18 autres personnes ont été enregistrées. Tous ont confié avoir reçu des grâces par l’intercession des deux missionnaires français. « Pour nous, c’est une grande joie », assure le père Anthony. « En 2010, ils ont été proclamés Serviteurs de Dieu, et la proclamation a été rendue officielle en 2011 lors d’une cérémonie célébrée dans le diocèse de Miao. » Le travail de la commission d’enquête diocésaine est fondamental dans le processus de béatification et de canonisation, afin d’étudier les documents et archives historiques liés aux missionnaires et de vérifier leurs vertus héroïques. Le procès en canonisation cherche à prouver qu’un catholique a « jouit d’une réputation de sainteté » aussi bien durant sa vie qu’après sa mort, « en vivant toutes les vertus chrétiennes de façon héroïques », ou qu’il « jouit d’une réputation de martyr » parce qu’il a sacrifié sa vie pour le Christ, explique un document du Saint-Siège concernant l’étape de l’enquête diocésaine.

Cette commission d’enquête est composée d’un évêque diocésain, d’un postulateur pour la cause de canonisation, d’un délégué épiscopal, d’un promoteur de justice, d’un notaire et d’un rapporteur. Selon un communiqué de presse, l’équipe a été formée après avoir reçu l’avis favorable de la conférence épiscopale régionale des États indiens du nord-est et de la Congrégation pour la cause des saints. L’évêque de Miao a également constitué une commission historique chargée de rassembler les travaux des missionnaires, tandis que des censeurs théologiens sont chargés d’examiner les écrits, privés ou publiés, afin de vérifier non seulement leur foi et leur vertu, mais aussi de mieux comprendre leur personnalité et leur spiritualité. La commission d’enquête est autorisée à recevoir des dépositions de témoins ayant obtenu des grâces spirituelles par l’intercession des missionnaires. Les habitants de Tezu, une ville de la tribu Mishmi, se sont réjouis en apprenant l’avancée du procès en canonisation. Catherine Boo, catholique, assure qu’elle prie tous les jours et qu’elle attend le jour de leur canonisation, en espérant que «cela puisse effacer la souillure liée à l’assassinat commis par un homme de la tribu il y a 165 ans ».

(Avec Ucanews et Asianews, New Delhi)


CRÉDITS

Diocèse de Miao