Eglises d'Asie

Papouasie : une sécheresse extrême menace plusieurs milliers d’habitants dans l’est de l’Indonésie

Publié le 04/08/2023




La Papouasie, dans l’est de l’Indonésie, est particulièrement exposée au phénomène climatique El Niño qui provoque une sécheresse extrême dans la région. Selon les autorités locales, certains secteurs n’ont presque pas eu de pluie depuis le mois de mai, causant une crise alimentaire importante avec au moins six décès et plusieurs milliers d’habitants vulnérables. Le 2 août, le président Joko Widodo a annoncé deux semaines d’intervention humanitaire urgente dans la région.

Des habitants de la province de Papouasie centrale reçoivent une aide alimentaire après une longue période de sécheresse.

Une sécheresse extrême a détruit les cultures et causé une crise alimentaire en Papouasie, dans l’est de l’Indonésie, avec au moins six décès et plusieurs milliers d’habitants affamés. La crise a poussé le président Joko Widodo et le vice-président Ma’ruf Amin à envoyer des aides alimentaires d’urgence aux résidents de la région de Puncak, dans la province de Papouasie centrale – un des secteurs les plus touchés.

Le 2 août, Ma’ruf Amin a déclaré que le gouvernement avait décrété une période de deux semaines d’intervention d’urgence afin d’aider les habitants, et ce malgré les conflits internes qui se poursuivent entre les forces de l’ordre et les groupes rebelles séparatistes dans la région, majoritairement chrétienne.

Willem Wandik, un responsable politique de la région de Puncak, a confié que 7 500 résidents ont été exposés à la famine dans les districts d’Agandugume et de Lambewi. Il a expliqué que les six habitants décédés, dont un bébé, ont souffert de diarrhée après avoir été forcés de manger des tubercules avariés par manque de nourriture. « La famine a été déclenchée par la météo extrême. La température est très fraîche et il n’y a pas eu de pluie depuis le mois de mai. Par conséquent, les habitants n’ont pas pu récolter de patates douces et de taro [un tubercule tropical] », a-t-il précisé dans un communiqué publié le 1er août.

Selon lui, malgré l’aide financière qui a déjà été versée aux habitants, ils sont forcés de marcher deux jours pour pouvoir acheter de la nourriture dans le district voisin de Sinak. Par ailleurs, les compagnies aériennes craignent d’apporter de l’aide alimentaire depuis Sinak jusqu’à Agandugume par peur d’être attaquées par des groupes rebelles pro-indépendance.

Adrianus Alla, directeur de l’agence de Protection sociale pour les victimes des catastrophes naturelles, qui dépend du ministère des Affaires sociales, a confirmé qu’ils ont envoyé 10,7 tonnes de nourriture et que son équipe a rencontré des représentants des soignants et des résidents d’Agandugume et de Lambewi. « Nous collaborerons aussi avec le ministère de la Santé afin d’envoyer des médicaments », a-t-il assuré, en ajoutant qu’il n’y avait aucun médicament disponible actuellement dans la région.

« Cette année, la saison sèche devrait être plus intense qu’il y a trois ans »

Ce n’est pas la première fois que la Papouasie est frappée par la famine durant la saison sèche, qui a été provoquée par le phénomène El Niño – un cycle climatique caractérisé par une hausse inhabituelle des températures dans l’océan Pacifique sud, qui peut aggraver les périodes de sécheresse. En août 2022, plusieurs centaines d’habitants du district de Lanny Jaya (Papouasie) ont également souffert de la famine à cause d’une situation similaire, qui a causé la mort de trois personnes.

Selon le père Bernard Baru, basé dans la région, les autorités auraient dû se préparer à la famine puisque c’est un phénomène qui se répète. « Le gouvernement aurait dû anticiper son impact sur les populations indigènes papoues qui vivent dans les zones exposées à la sécheresse. Cela suppose que le gouvernement n’agisse pas seulement quand il y a des victimes », souligne le prêtre, alors que les habitants sont de plus en plus vulnérables en cas de changement climatique. « Il y a des années, ce n’était pas le cas en Papouasie. Les gens pouvaient encore jardiner, planter et récolter afin de produire eux-mêmes la nourriture qu’ils consommaient. Mais aujourd’hui, la situation n’est plus la même. »

L’Agence nationale de météorologie, de climatologie et de géophysique explique que sur les 600 zones saisonnières en Indonésie, 63 % sont entrés en période de sécheresse à cause d’El Niño. Fachri Radjab, chef du Centre d’information sur les changements climatiques au sein de l’agence, explique que les zones affectées comprennent Sumatra, Java, Bali, le Nusa Tenggara occidental et oriental, le Kalimantan, Sulawesi du Sud et la Papouasie. « Cette année, la saison sèche devrait être plus intense qu’il y a trois ans. Certaines régions comme Java oriental, Yogyakarta, Bali et le Nusa Tenggara oriental ont même subi des périodes sans pluie durant plus de 60 jours. »

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Asianews