Eglises d'Asie – Philippines
Patrimoine philippin : une nouvelle fresque orne le plafond de l’église de Bantayan
Publié le 30/04/2019
Quelques jours avant la semaine sainte, des artistes apportaient la touche finale aux nouvelles fresques d’une vieille église, dans l’île de Bantayan dans le centre des Philippines. Le curé de la paroisse, le père Joselito Enriquez Danao, confie qu’il a voulu ajouter des peintures afin de permettre aux fidèles de « mieux comprendre et l’amour et la miséricorde de Dieu ». C’est pourquoi il a lancé le projet en 2016, quand il a été envoyé dans la paroisse Saints-Pierre-et-Paul de l’île de Bantayan. Le prêtre a lancé cette idée alors que la Commission du patrimoine national philippin avait entamé la restauration de l’église et du couvent, construits au XVIIIe siècle. « Alors que j’observais les travaux de rénovation, je constatais que le plafond de l’église était nu et uni », explique-t-il. Le père Danao a alors commencé à faire des recherches, tout en interrogeant les résidents de longue date de l’île, afin de savoir à quoi ressemblait le plafond autrefois, mais ses recherches furent infructueuses. Il a alors demandé à la Commission pontificale pour le patrimoine culturel de l’Église et au gouvernement philippin de lui accorder la permission de repeindre le plafond. Une fois obtenue, le prêtre s’est mis à la recherche d’artistes. Il a fini par trouver l’auteur d’une fresque ornant les murs d’un bar local. « Quand j’ai regardé la fresque, je l’ai trouvée impressionnante. Les portraits avaient des regards très réalistes », explique-t-il à propos du travail d’Aris Avelino Pastor.
Un rêve d’enfant pour l’artiste
Quand on lui a parlé du projet, Aris Pastor s’est vite réjoui. L’artiste explique que c’est son rêve depuis toujours de peindre les fresques d’une église, « à l’image de ce que Michel-Ange avait fait pour la chapelle Sixtine ». Quand il a entendu parler du projet de l’église de Bantayan, l’artiste assure qu’il était « impatient d’y participer à tout prix ». Aris Avelino Pastor, originaire de Palompon, une ville de la province voisine de Leyte, a mené une équipe de douze artistes afin de s’atteler à la fresque géante, sur une surface de 1 130 m². « Je ne mesurais pas la difficulté que la tâche représenterait mais j’avais vraiment envie de le faire », confie-t-il, ajoutant que c’était une opération particulièrement douloureuse pour le cou. L’artiste devait se tenir en haut de l’échafaudage et regarder vers le haut à longueur de journée. « Monter l’échafaudage était également risqué, parce que nous n’avions pas l’habitude, mais nous avions confiance en Dieu », confie Chino Encarnacion, l’un des artistes ayant participé au projet. « Je me sens bénie », ajoute Ana Nikolai Mendoza, la seule femme de l’équipe. « Je suis heureuse de laisser un héritage aux habitants de Bantayan. » Aris Avelino Pastor explique que la fresque a été divisée en plusieurs éléments, en commençant par l’histoire de l’arrivée du christianisme aux Philippines il y a cinq cents ans, puis les récits de la fondation de la paroisse et de l’arrivée des missionnaires, entre autres, afin de représenter l’histoire de l’Église locale.
Catéchisme visuel
À l’entrée de l’église, l’attention des fidèles sera immédiatement attirée par une image du Christ et de la vie des saints Pierre et Paul. Les dernières fresques peintes au-dessus de l’autel montrent des scènes de la vie de Jésus, de sa naissance à sa mort sur la Croix. « C’est un catéchisme visuel », confie le père Danao, qui espère que les gens pourront se rappeler des Écritures en visitant l’église et en regardant les fresques. « J’espère que les fresques toucheront quelque chose dans la vie des visiteurs, que cela leur donnera de l’espoir », ajoute le prêtre. La paroisse, fondée en 1580 en tant que couvent Notre-Dame de l’Assomption (Convento de la Asuncio de Nuestra Senora), était la première paroisse établie dans le sud des Philippines. La construction de l’église, entamée en 1839, s’est terminée en 1863. La décoration du plafond de l’église a été rendue possible par les dons reçus. Le père Danao confie même qu’un habitant de l’île a donné 9 500 dollars pour le projet. Quand les premières fresques ont été terminées et que les gens ont pu les contempler, d’autres dons sont arrivés et les gens ont même appelé aux dons sur les réseaux sociaux. « Quand ils lèvent la tête, ils peuvent dire qu’ils ont fait partie du projet », se réjouit le prêtre. « Ce n’était pas que l’idée du prêtre, mais c’était le projet de la communauté tout entière. »
(Avec Ucanews, Bantayan)
CRÉDITS
Charlie Saceda / Ucanews