Eglises d'Asie

Père Paul Carat (1921-2021) : 100 ans de vie missionnaire

Publié le 27/11/2021




Le père Paul Carat, doyen des prêtres MEP et ancien missionnaire au Vietnam, est décédé le mercredi 24 novembre, le jour de la fête des saints Martyrs du Vietnam, à l’âge de 100 ans. Retour sur une vie bousculée par l’histoire.

Les 100 ans du père Paul Carat en juin 2021.

Prêtre pendant 73 ans, et missionnaire pendant 67 ans, Paul Carat avait fêté ses 100 ans le 23 juin dernier en compagnie de Monseigneur Pierre-Yves Michel, évêque de Valence, de sa famille et des sœurs Amantes de la Croix installées à St Rambert d’Albon, dans le nord du département de la Drôme.

Paul Carat a été envoyé en 1952 par les Missions Etrangères de Paris comme prêtre missionnaire dans le nord du Vietnam, alors en proie à la guerre d’indépendance d’Indochine depuis 1946. Il est au Vietnam lorsque la guerre civile éclate en 1955, opposant le sud-Vietnam aux forces communistes dans le nord du pays. Dans un livre publié en 2012 (Dans l’enfer du Vietnam ; persécution des chrétiens par le régime révolutionnaire), Paul Carat raconte la période de sa vie où il a vécu dans le nord du Vietnam avant d’en être expulsé par les forces communistes. Il sera d’ailleurs le dernier prêtre à avoir été expulsé en 1959. Lors de cette période Paul Carat fut un témoin de l’évolution de l’idéologie communiste. Il décrit notamment la mise en place de la réforme agraire qui sera un prétexte pour la persécution des chrétiens dans le pays.

Il s’établit ensuite dans le village de Diên-Binh, dans la région de Dak-tô, dans les hauts-plateaux centraux du Sud-Vietnam. Lorsque les combats s’engagent dans la région entre les troupes américaines et l’armée Viêt-Cong en 1972, il se réfugie dans un village voisin où il sera fait prisonnier avec un ami prêtre et emmené par les Viêt-Cong dans la jungle. Ils passeront quatre mois en captivité dans un de leurs camps, expérience qu’il raconte dans un autre livre : Pris en otage par les Viêt-Cong ; journal d’un missionnaire durant les combats de Dak-Tô ; printemps 1972. Il y raconte comment il a survécu dans cet univers inhospitalier et y décrit l’organisation des Viêt-Cong.

Après la victoire des communistes au Vietnam, le Père Paul Carat est définitivement expulsé du pays par les autorités en 1976.

Dans un portrait effectué pour le magazine du diocèse de Valence, le petit-neveu du Père Paul Carat, Christian Argoud, également prêtre pour le diocèse de Valence, explique que son grand-oncle avait gardé le Vietnam au fond de son cœur. « A son retour dans la Drôme pour sa retraite », raconte-t-il, « dès qu’il invitait quelqu’un à manger, il cuisinait des repas vietnamiens ». « Avec lui rien n’était grave, il ne fallait pas s’inquiéter », raconte le Père Christian Argoud. « Il vivait les choses de manière assez simple et familière. Il était accessible et était très convivial », ajoute-t-il.

Au Vietnam, « il a marqué la vie de nombreux locaux », explique le Père Christian Argoud.

Le Père Paul Carat fut également l’auteur de nombreux autres livres où il a raconté son expérience de missionnaire au Vietnam. Son premier ouvrage, Qui sème la joie ; missionnaire dans l’enfer du Vietnam 1952-1976, donne une vue d’ensemble sur ses 25 ans passés au Vietnam et donne un témoignage sur l’évolution politique, économique et sociale du Vietnam entre la fin de la présence française et la fin de la guerre du Vietnam. Puis, dans les ouvrages suivants, il parle de périodes spécifiques de sa vie avec Jeune missionnaire à Hanoï : Viêt-Nam, 1952-1954 : Diên Biên Phu, la fin de la guerre d’Indochine, paru en 2010, Dans l’enfer du Vietnam ; persécution des chrétiens par le régime révolutionnaire, paru en 2012, Le Miracle de l’Evangile. Dix années dans la forêt vierge au Vietnam, paru en 2015 et qui retrace la vie de Paul Carat entre 1962 et 1972, lors de son installation dans les hauts-plateaux, dans le centre du Sud-Vietnam, et enfin, Pris en otage par les viêt-cong ; journal d’un missionnaire durant les combats de Dak-Tô ; printemps 1972, paru en 2011. Paul Carat est également l’auteur de deux ouvrages sur des personnalités qui ont marqué sa vie. Un sur la vie de Mgr Paul Seitz qui a été missionnaire au Vietnam durant la guerre d’Indochine de 1937 à 1975 et le deuxième sur la Vie de son oncle, le Soldat Paul Carat 1894-1915 ; mort pour la France à la Grande Guerre (paru en 2009).

 


CRÉDITS

MEP