Eglises d'Asie

Père Simon Lee, missionnaire sud-coréen : 20 ans de mission au service de la communauté catholique mongole

Publié le 09/03/2021




Le père Simon Lee, missionnaire salésien d’origine sud-coréenne, âgé de 65 ans, a déjà passé plus de 20 ans en Mongolie, au service de la petite communauté catholique et de la mission salésienne. Ils sont douze missionnaires pour trois missions locales – à Oulan-Bator, à Suwuu et à Darkhan. La Mongolie, avec 3,2 millions d’habitants pour 605 000 km², est l’un des pays les moins densément peuplés – en raison d’un climat rude et du manque d’eau potable. La population est majoritairement bouddhiste et compte seulement 1,3 % de chrétiens. La communauté catholique locale compte seulement 1 200 fidèles pour quatre paroisses.

Le père Simon Lee (à gauche) avec les membres d’un mouvement bibliste lancé à Darkhan.

Le père Simon Lee, un missionnaire salésien de 65 ans originaire de Corée du Sud, vit en Mongolie depuis 2001, où il sert la communauté locale à l’aide de ses nombreux talents –notamment comme cuisinier, fermier, éducateur, éditeur, traducteur, animateur auprès des enfants des rues et des jeunes défavorisés… Agriculteur enthousiaste, il cultive des fruits et légumes avec des étudiants et avec ses confrères à la ferme Don Bosco de la communauté salésienne de Darkhan, à environ 229 km au nord d’Oulan-Bator, la capitale. En Mongolie, l’été est la période la plus adaptée pour l’activité agricole, les autres saisons étant trop rudes pour cela. La communauté garde une partie de la production pour se nourrir. Le reste est vendu au marché, et le produit de la vente sert de financement pour couvrir les frais de scolarité des élèves les plus démunis. Les auteurs de cette initiative se sont sentis encouragés par la publication de l’encyclique Laudato Si du pape François. « Avec les années, la ferme Don Bosco est devenue un formidable moyen d’expression du mouvement écologique. En Mongolie, face à un climat extrême avec des températures jusqu’à 40 °C l’été et -40 °C l’hiver, toute forme d’agriculture est un véritable défi. Toutefois, pour les jeunes, pour les partenaires laïcs de la mission Don Bosco et pour les coopérateurs salésiens, la récolte annuelle d’été est toujours gratifiante », a écrit le père Lee sur le site de la communauté salésienne.

Le prêtre apprend aussi aux étudiants et aux partenaires laïcs à cuisiner certains plats comme le kimchi traditionnel coréen. En tant que recteur de la communauté salésienne de Darkhan, il s’occupe aussi d’un centre pour les jeunes. Il dirige également un groupe musical étudiant appelé Eco Band, qui organise des concerts à thème écologique dans différentes paroisses et institutions, afin de contribuer à sensibiliser la population locale sur la protection de l’environnement. Durant des années, avec beaucoup d’enthousiasme, le père Lee s’est aussi efforcé de suivre l’exemple de saint Jean Bosco en répandant la Bonne Nouvelle via les éditions locales Don Bosco Media. Il est soutenu dans cette tâche par un groupe de cinq employés. Don Bosco Media a publié un total de 141 livres en mongol, pour la plupart destinés au catéchisme et à l’éducation générale. Près de 95 % des livres sont traduits du coréen, les autres de l’anglais et de l’italien. Les manuels scolaires sont distribués gratuitement aux élèves des écoles rurales. Dans une interview récente, le père Lee a confié que la distribution de ces livres dans les écoles rurales précaires est la partie « la plus satisfaisante » de cette mission d’éditeur. Voyageur infatigable, le prêtre visite souvent les localités éloignées, notamment dans la province reculée de Gobi, afin d’y distribuer des livres et manuels aux jeunes élèves. Don Bosco Media a aussi lancé la production d’une série Youtube sur l’Ancien Testament, ainsi qu’un documentaire sur les changements climatiques et deux courts-métrages sur le développement humain. « Nous rêvons d’avoir une véritable production mongole un jour », ajoute le père Lee.

Du bouddhisme au catholicisme

Le père Simon Lee est né dans une famille bouddhiste en 1956. Il s’est converti au catholicisme et a fini par décider de devenir prêtre, malgré une forte opposition de sa famille. Il explique qu’il a « choisi de devenir salésien à cause de l’importance donnée par la congrégation à la formation et au développement des jeunes ». Il est donc entré au séminaire salésien où il a prononcé ses premiers vœux en 1985. Il a été ordonné prêtre le 24 juin 1993. Après sept ans passés comme prêtre en Corée du Sud, en l’an 2000, il a exprimé le désir de partir en mission en Mongolie. L’année suivante, il a rejoint la première mission salésienne en Mongolie. Au début, le père Lee était basé dans un centre salésien d’accueil de jour pour les enfants des rues et les jeunes défavorisés d’Oulan-Bator. Il a ensuite été transféré à Darkhan, où il vit depuis plus de douze ans. Ses confrères salésiens saluent le père Lee comme un missionnaire pionnier.

« Il est connu pour sa simplicité, son humilité, sa gentillesse et son dévouement auprès des jeunes, en particulier les plus démunis et les plus marginalisés. Il est admiré et aimé des jeunes qu’il accompagne. Il a utilisé ses nombreuses capacités au service de la mission en Mongolie. Il a travaillé pour les enfants des rues. Il s’est occupé des fermes et des éditions simultanément », a écrit le père Antoine Minj à propos de son confrère coréen, à l’occasion de son 60e anniversaire. En 2015, le père Lee a reçu le Prix du Premier ministre, une décoration prestigieuse remise par l’Agence coréenne de coopération internationale (KOICA). Il a été nommé parmi une liste de Coréens qui ont « embelli l’image coréenne par leur travail à l’étranger ».

Les Salésiens et l’Église en Mongolie

On compte douze missionnaires salésiens en Mongolie pour trois missions locales – à Oulan-Bator, à Suwuu et à Darkhan. Les missionnaires sont de différentes nationalités, et notamment coréens, vietnamiens et européens. La Mongolie, avec environ 3,2 millions d’habitants pour 605 000 km², est l’un des pays les moins densément peuplés au monde – surtout à cause d’un climat rude et du manque d’eau potable. Près de 40 % des Mongols consomment de l’eau insalubre et manquent d’accès à l’eau potable, selon le rapport annuel sur les ressources en eau du groupe 2030 WRG (2030 Water Resource Group). D’après un recensement de 2020, plus de 50 % des Mongols sont bouddhistes, près de 40 % sont sans religion, 3 % sont musulmans, 2,5 % sont de croyance chamanique et seulement 1,3 % sont chrétiens. Le catholicisme est arrivé en Mongolie au XIIIe siècle durant l’Empire mongol, où il a fini par s’éteindre avec la fin de la dynastie Yuan en 1368. Des activités missionnaires locales se sont cependant poursuivies jusqu’au milieu du XXe siècle, quand le régime communiste est arrivé au pouvoir.

Avec la chute du communisme et l’émergence de la démocratie en 1991, les missionnaires catholiques sont revenus pour reconstruire l’Église locale. Aujourd’hui, la communauté catholique locale compte environ 1 200 fidèles pour quatre paroisses. Les missionnaires salésiens, qui sont arrivés en Mongolie en 2001, jouent un rôle essentiel dans la mission de l’Église locale, et notamment auprès des enfants des rues et des familles défavorisées, pour les aider à construire un meilleur avenir. Les salésiens y dirigent un centre d’accueil de jour, une école primaire, des centres d’accueil pour les enfants des rues et les jeunes défavorisés, et deux écoles techniques. Un autre service vital a également été la construction d’un point d’eau potable, mis à disposition par la mission de Shuwuu, et utilisé chaque jour par plusieurs centaines de familles. Le père Simon Lee a déjà passé plus de deux décennies en Mongolie, mais il espère y rester encore longtemps. « Je me sens jeune en travaillant pour les jeunes, sinon physiquement, au moins de cœur et d’esprit », confie le prêtre.

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

ANS / Ucanews