Eglises d'Asie

Petites îles de la Sonde : un prêtre indonésien récompensé par un institut islamique

Publié le 20/12/2022




Le 17 décembre dans la capitale indonésienne, une organisation cofondée par un prêtre des Petites îles de la Sonde orientales (Nusa Tenggara), majoritairement catholiques, a reçu le prix Maarif 2022 de la part d’un institut culturel islamique pour avoir contribué à réduire le taux de mortalité maternelle dans la région, une des plus défavorisées du pays. L’organisation BPKD (Regional Health Advisory Body) a été créée en 2008 par le père Marcelinus Agot, un prêtre du Verbe Divin, dans le district de Manggarai occidental.

Le père Marcelinus Agot (3e à partir de la droite) a reçu le prix Maarif, le 17 décembre à Jakarta.

Le 17 décembre à Jakarta, l’organisation indépendante BPKD (Regional Health Advisory Body – Organe consultatif régional sur la santé) a reçu le prix Maarif 2022, remis par un institut culturel islamique (l’Institut Maarif pour la culture et l’humanité), pour avoir contribué à réduire le taux de mortalité maternelle.

Le groupe BPKD a été fondé en 2008 par le père Marcelinus Agot (prêtre indonésien et membre de la congrégation du Verbe Divin) et par d’autres personnalités publiques du district de Manggarai occidental, dans la province des Petits îles de la Sonde orientales (Nusa Tenggara), majoritairement catholique. Il a été officiellement reconnu en 2013.

Le prix a été décerné en reconnaissance du travail social de l’organisation contre la mortalité maternelle, notamment via la construction de lieux d’accueil maternel au sein de centres médicaux communautaires, appelés « Puskesmas ».

Le prix Maarif, qui a également été remis à deux autres lauréats (une organisation et un particulier), est appelé ainsi d’après Ahmad Syafi’i Maarif, ancien chef du Muhammadiyah, la plus grande organisation islamique d’Indonésie, et fondateur de l’Institut Maarif. Il est remis depuis 2007 à des particuliers ou à des groupes engagés sur le terrain au service de l’humanité.

« Ce prix nous encourage à continuer »

Interrogé le 18 décembre, le père Agot, qui est également président de BPKD, se dit surpris « parce que nous travaillons toujours discrètement ». « Ce prix est pour nous un défi : comment avancer et respecter les autres davantage, et les sauver sans a priori contre toute autre religion. Nous devons éviter cela. Sauver les autres quelle que soit leur appartenance religieuse est ce qui compte pour nous », souligne-t-il. « Ahmad Syafi’i Maarif était une personnalité extraordinaire. Il était très tolérant et il respectait profondément la diversité. C’est pourquoi ce prix nous encourage à continuer. »

Selon le prêtre indonésien, âgé de 71 ans, quand l’organisation a commencé son travail social il y a 14 ans, le taux de mortalité maternelle était élevé dans la province. Beaucoup de femmes choisissaient alors d’accoucher avec l’aide de chamans plutôt que de faire appel à des sages-femmes. Parmi les autres causes, on compte des hémorragies, des infections et de l’hypertension. « Tout le monde a le droit à la vie. C’est pourquoi nous devons continuer de lutter pour la vie, pour les âmes des mères et pour les nouveau-nés. »

« Ils agissent concrètement, ils nous encouragent à faire de même »

En collaboration avec les autorités sanitaires du gouvernement, son équipe a visité un centre après l’autre dans le district afin de contribuer à améliorer le service et de fournir des médicaments. Le prêtre confie aussi qu’un film sur la sécurité des accouchements a été produit en collaboration avec une agence australienne et diffusé dans les centres et dans des villages. « Le résultat a été plutôt bon, mais nous avons continué. Nous avons lancé un mouvement permettant à une famille de collecter au moins mille roupies par mois afin d’aider des femmes enceintes pauvres à donner naissance dans les centres Puskesmas », explique le père Agot.

Une autre initiative récente du groupe a été la construction de centres d’accueil maternel après la reconnaissance officielle de BPKD il y a neuf ans. « Le foyer permet d’accueillir des femmes enceintes, en particulier celles qui habitent dans des villages reculés. Elles peuvent rester gratuitement, environ deux jours avant la naissance, avant de pouvoir accoucher au centre avec l’aide d’une sage-femme », ajoute-t-il, en précisant que 17 « Puskesmas » sur les 22 que compte le district ont un tel logement. « Nous espérons en construire trois autres l’an prochain. »

Valentinus Hibur, responsable du centre Puskesmas Benteng dans le sous-district de Komodo, évoque ainsi la construction d’un foyer d’accueil maternel en 2018. « Depuis, au moins 89 femmes enceintes y ont été hébergées », explique-t-il, en ajoutant que la maison compte aussi deux sages-femmes. « Cette maison est vraiment utile pour ceux qui habitent loin. »

Adrianus Ojo, secrétaire du département médical du district, considère le prêtre et les autres fondateurs de l’organisation comme des « modèles ». « Ils agissent concrètement. Ils nous encouragent, nous autres fonctionnaires, à agir de même. Nous sommes appelés à servir la population. »

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Ucanews