Eglises d'Asie

Philippines : une campagne d’échange de riz contre du plastique, pour lutter contre la pollution

Publié le 03/05/2023




Dans la province de Zamboanga, des habitants ont récoltés plusieurs tonnes de déchets plastiques qu’ils ont pu échanger contre du riz offert par le gouvernement local.

Des ouvriers nettoient une plage dans la province de Zamboanga aux Philippines.

Dans le cadre d’une campagne du gouvernement local de lutte contre la pollution, les habitants d’une province du sud des Philippines, ont collecté des milliers de kilogrammes de plastique dans les rues, les cours d’eau et les plages afin de les échanger contre du riz offert par le gouvernement local.

Cette campagne pilote s’est déroulée pendant tout le mois d’avril dans la province de Zamboanga, dans la région de Mindanao et sera reproduite dans d’autres provinces qui luttent contre la pollution plastique, selon les déclarations d’un fonctionnaire du Bureau de l’environnement urbain et des Ressources Naturelles, (OCENR), à Zamboanga City. La directrice de l’agence, Marigold Aranza, a salué le succès de l’opération, alors que plusieurs campagnes précédentes de lutte contre les déchets plastiques avaient échoué.

Au total, 2 084 kilos de riz ont été distribués au cours de cette opération « Plastique contre riz ». Les résidents ont été priés de venir déposer leurs déchets plastiques au lieu de les brûler ou de les jeter à la mer, recevant en échange un kilogramme de riz pour deux kilogrammes de plastique ramassé.

Selon le maire de Zamboanga City, John Dalipe, le programme a été mis en place après qu’une augmentation significative de la pollution plastique a été observée dans la province.

« Nous avons commencé par quatre ou cinq barangays [communautés locales] le long des côtes. Nous avons remarqué l’augmentation du nombre de conteneurs en plastique flottant en mer et nous avons donc pensé à un programme pour les réduire. L’idéal serait d’encourager le recyclage », a déclaré M. Dalipe lors d’une conférence de presse tenue le 1er mai.

Au toatl, 4 144 kilos de sacs en plastique, sans compter les conteneurs en plastique, ont été ramassés ou donnés par les habitants. « Le projet a fonctionné. Certains étaient intéressés par l’échange, d’autres voulaient simplement se débarrasser de leurs déchets », a ajouté M. Dalipe.

Au début du projet, les villageois ont néanmoins d’abord marqué une hésitation : « ils pensaient qu’il s’agissait d’une escroquerie, raconte Wilmer Cruz, président de l’antenne locale de l’OCENR… l’idée semble étrange – échanger des plastiques contre du riz. C’est comme échanger des déchets contre de la nourriture. Qui fait cela ? » Il précise néanmoins que « lorsque le gouvernement local, par l’intermédiaire du bureau du maire de la ville, nous a officiellement présentés à la population, nous avons peu à peu gagné le soutien des habitants »

Plusieurs familles participantes ont déclaré que le programme les avait encouragé à collecter davantage de plastique et à penser au recyclage « Nous sommes devenus plus conscients non seulement de ce que nous jetons, mais aussi de ce qui se trouve dans la poubelle. Nous avons lentement réalisé qu’il y a quelque chose de bon dans les ordures, alors nous sommes allés dans d’autres villages voisins pour chercher des plastiques afin de pouvoir les échanger, eux aussi, contre du riz », déclare le pêcheur Rodel Enverga, 36 ans.

Certains habitants se sont rendus dans des épiceries et des stations-service pour collecter des déchets plastiques. « Je connais une épicerie ici qui jette beaucoup de plastique… J’y vais tous les deux jours pour collecter leurs déchets et les ramener à la maison afin de les échanger contre du riz. Non seulement nos ventres sont remplis, mais nous aidons aussi l’environnement », se réjouit Nelly Cervantes, 41 ans, mère de deux enfants. Elle ajoute que le projet a incité les propriétaires d’entreprises locales à mieux trier leurs plastiques, parce qu’ils savaient que cela représentait des ressources pour les populations pauvres qui vivent sur les côtes. « Ils [les propriétaires d’entreprises] ont demandé à leurs gardiens de trier le plastique pour nous. Avant, ils mélangeaient tout. Maintenant, ils ont appris à trier parce qu’ils savent que chaque kilo représente de la nourriture pour nous »

La Banque mondiale a classé en 2021 les Philippines au rang de troisième plus grand producteur de déchets plastiques au monde, contribuant à une quantité de plastique océanique estimée à 0,75 million de tonnes métriques chaque année. Le rapport condamne notamment l’attitude « irresponsable » de ses transporteurs d’ordures et les décharges à ciel ouvert qui provoquent le déversement du plastique dans la mer.

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Photo : Office the City Environment and Natural Resources, Zamboanga City