Eglises d'Asie

Plus d’1,3 million de voyageurs cherchent à quitter Manille avant le Triduum Pascal

Publié le 06/04/2023




Avant les fêtes de Pâques, plusieurs milliers d’habitants de Manille se sont retrouvés bloqués en cherchant à rejoindre leur région d’origine. Alors que le jeudi et le vendredi saint sont fériés aux Philippines, majoritairement catholique, de nombreux fidèles espèrent passer le Triduum Pascal avec leurs proches. Face à cette situation, de nombreux habitants ont demandé au gouvernement des bus et ferries supplémentaires. Selon les médias locaux, près d’1,3 million de voyageurs sont attendus depuis la capitale jusqu’au 10 avril.

Une foule de voyageurs philippins à Quezon City (en banlieue de Manille), le 2 avril avant la Semaine sainte.

Plusieurs milliers de Philippins se retrouvent bloqués dans les stations de bus et les ports de Manille, alors que plus d’un million d’habitants tentent de se rendre en hâte vers leurs villages d’origine avant les fêtes du Triduum pascal. Les catholiques philippins travaillant à Manille ont demandé au gouvernement d’organiser des bus et ferries supplémentaires afin de les aider à se rendre dans leurs provinces natales.

Parmi eux, Ginalyn de Vega, une femme de ménage âgée de 34 ans, interrogée le 3 avril, explique qu’elle n’a pas pu commander de billets en ligne et qu’elle s’est retrouvée coincée durant des heures à la gare routière d’Araneta, à Quezon City (au nord de Manille), à cause du manque de bus disponibles.

« Nous sommes restés bloqués durant huit heures en espérant trouver un bus libre, mais toutes les compagnies de bus étaient complètes depuis un mois. J’espère que je pourrai tout de même rentrer chez moi à temps pour la Semaine sainte. Vraiment, il n’y a pas suffisamment de bus pour tout le monde », ajoute cette mère célibataire de deux enfants, qui espère rejoindre la région des Visayas dans le centre de l’archipel philippin.

Elle raconte également qu’elle a passé la nuit avec ses deux enfants, âgés de quatre et six ans, sur des bancs dans la gare routière. Malgré ces difficultés, elle est déterminée à passer les fêtes pascales avec ses proches. « Les réunions de famille ont lieu durant la Semaine sainte, surtout cette année qui est spéciale parce que c’est férié jusqu’au lundi de Pâques [ndlr : aux Philippines, majoritairement catholique, le jeudi et le vendredi saint sont fériés]. Nous aurons plus de temps pour visiter les proches », confie-t-elle.

Beaucoup de passagers forcés de passer la nuit dehors

Selon les médias locaux, près d’1,3 million de voyageurs sont attendus depuis Manille vers les provinces philippines durant les fêtes de Pâques, jusqu’au 10 avril. Beaucoup de passagers tentant leur chance, comme Ginalyn de Vega, ont été forcés de passer la nuit dehors en espérant trouver un moyen de transport vers leur destination.

Comme Ginalyn, beaucoup ont utilisé leurs congés payés pour pouvoir arriver plus tôt durant la Semaine sainte. « J’ai déjà utilisé mes congés du lundi au mercredi, pour que nous puissions rester plus longtemps dans la province de Samar. J’aime participer aux célébrations de la Semaine sainte là-bas. Nous visiterons aussi des églises et nous irons au ‘pabasa’ », a expliqué Ginalyn de Vega.

Le Pabasa est une dévotion catholique populaire aux Philippines durant la Semaine sainte, impliquant le chant ininterrompu du Pasyón (un poème épique du début du XVIsiècle racontant la vie, la passion, la mort et la résurrection du Christ) durant 24 heures.

« Je trouverai une façon d’aller chez moi »

Carlos Pinero, un ouvrier âgé de 42 ans, raconte de son côté qu’il a cherché à trouver un ferry vers l’île de Cebu, également dans la région des Visayas. Il explique qu’il n’a pas pu trouver de billet en ligne et que son employeur a accepté qu’il prenne trois jours de congé.

Il précise qu’il est profondément attaché à la dévotion au Santo Niño (l’Enfant Jésus) de Cebu, et qu’il veut respecter son panata (vœu religieux) fait à l’Enfant Jésus à l’âge de 26 ans. « J’avais des calculs biliaires, et mon estomac était douloureux. J’ai prié l’Enfant Jésus pour ma guérison. Puis je lui ai promis que je lui rendrai visite tous les ans durant la Semaine sainte si j’étais exaucé », raconte-t-il.

Il ajoute qu’il a toujours respecté sa promesse, sauf durant deux ans à cause de la pandémie, et qu’il ne veut plus en manquer d’autres. « Pas cette année. Dieu a été généreux pour moi. Je trouverai une façon d’aller chez moi, même s’il faut patienter ici sur le quai jusqu’à ce que je trouve un ferry disponible. Je le ferai, je l’ai promis. »

« Des milliers de passagers vont voyager d’une île à l’autre »

Le 2 avril, le département des transports publics philippins (Land Transportation Franchising and Regulatory Board) a déclaré avoir accordé des permis spéciaux à 200 bus privés afin qu’ils puissent faire face à la demande élevée. Cependant, selon les voyageurs, les efforts du gouvernement n’ont pas suffi. « Vous comprenez, des milliers de passagers vont voyager d’une île à l’autre. Même s’il y a des bus, le gouvernement doit faire en sorte qu’il y ait assez de bateaux pour transporter un bus sur une autre île. Sinon, cela ne fera que rendre le trafic encore plus dense », estime Arwyn Bislogan, 43 ans, qui cherche à se rendre dans la province de Bohol.

Donald Sebastian, un responsable du bureau portuaire de la ville de Batangas (à environ 100 km au sud de Manille), explique qu’ils doivent réponde à un nombre particulièrement élevé de voyageurs. « Nous avons enregistré plus de 7 000 passagers en une seule journée, rien que samedi dernier, ici au port de Batangas. Dimanche, il y en a eu plus de 10 000 », ajoute-t-il.

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Denden Galicia / Ucanews