Eglises d'Asie

Plus d’1,6 million de Philippins à Manille pour la fête du Nazaréen Noir

Publié le 12/01/2023




Entre le 6 et le 10 janvier, la fête du Nazaréen Noir a rassemblé plus d’1,6 million de Philippins, malgré l’annulation de la procession principale, ou « Traslacion ». Avec le retour du plus grand rassemblement catholique du pays, après trois ans d’interruption à cause de la pandémie, l’Église locale s’est réjouie de la ferveur des fidèles. « Chaque année, nous allumons des bougies aux fenêtres sur le passage du Nazaréen Noir. L’annulation de la Traslacion n’empêchera pas cela », assure Marina, 83 ans.

Des catholiques philippins à Manille, le 9 janvier dernier durant la fête du Nazaréen Noir.

Plus d’1,6 million de catholiques ont participé à la fête du Nazaréen Noir, qui attire tous les ans de nombreux Philippins dans la capitale. Selon l’archidiocèse de Manille, un total de 1 621 930 pèlerins se sont joints aux célébrations quotidiennes du 6 au 10 janvier, malgré l’annulation de la Traslacion – la grande procession solennelle, toujours accompagnée de millions de fidèles qui suivent habituellement la marche en étant pieds nus.

La fête a pu à nouveau avoir lieu après trois ans d’interruption à cause de la pandémie de Covid-19, malgré quelques restrictions sanitaires qui ont été maintenues comme l’interdiction de la procession principale avec la statue du Nazaréen Noir. « En 2019, plus de cinq millions de personnes avaient assisté à la Traslacion. Beaucoup d’entre eux voulaient toucher la statue avec leur main ou simplement l’effleurer avec leur mouchoir », explique le père Earl Valdez, curé de l’église de Quiapo (la basilique du Nazaréen Noir, située dans le district de Quiapo à Manille, où se trouve la statue à l’année).

Le père Valdez ajoute que cette année, le nombre de pèlerins était beaucoup plus faible par rapport aux années précédentes, quand les catholiques de tout le pays venaient dans la capitale pour accomplir leur panata (« vœu » en filipino), ou leur promesse de dévotion au Nazaréen Noir. « Beaucoup sont devenus prudents sur le plan sanitaire, mais ceux qui sont venus ont dit qu’aucun virus du Covid ne les tourmenterait », poursuit le prêtre.

« C’est notre tradition. Chaque année, nous allumons des bougies aux fenêtres »

Plusieurs familles ont malgré tout marché le long du parcours habituel de la Traslacion en portant leur propre statue à l’image du Nazaréen Noir, pieds nus et avec un masque de protection. « Nous sommes venus depuis notre maison à Manille, et les membres de notre famille assistent tous les ans à la procession. Puisqu’elle a été annulée cette année, nous avons décidé de marcher avec notre propre statue que nous avons chez nous, en l’amenant en procession le long de la route qu’emprunte toujours le Nazaréen Noir pour rejoindre l’église de Quiapo », confie Harry Toliba, de Manille.

Il précise qu’avec ses compagnons, il a amené une réplique grandeur nature de la statue pour parcourir les quelque 8 km de procession entre le parc Rizal et l’église. « Je pouvais voir beaucoup de gens en voiture ou à moto qui faisaient un signe de croix chaque fois qu’ils voyaient la statue. C’est un signe de respect et pour moi, c’est suffisant pour reconnaître une manifestation de foi dans le Christ de la part de mes compatriotes », ajoute Harry.

Des familles ont également allumé des cierges le long des rues de Manille, comme si la procession avait été maintenue. « C’est notre tradition. Chaque année, nous allumons des bougies près de nos fenêtres et tout le monde prie le chapelet alors que la procession du Nazaréen Noir passe devant chez nous. L’annulation de la Traslacion ne nous empêchera pas de faire cela », assure Marina Encarnacion, âgée de 83 ans.

« Nous avons été marqués par la foi fervente des fidèles »

L’archevêque de Manille, le cardinal Jose Advincula, a célébré une messe à minuit le 9 janvier en présence d’environ 500 000 pèlerins. À cette occasion, il a appelé les catholiques philippins à rester fidèles à leur foi dans le Christ malgré l’absence de procession solennelle et l’impossibilité d’embrasser les pieds de la statue selon la tradition. « Maintenant, laissez le Christ marcher avec vous, plutôt que vous avec lui. Laissez-le vous accompagner à vos côtés dans vos maisons, vos bureaux et vos familles. Comme vous ne pouvez l’approcher et embrasser ses pieds, laissez-le plutôt vous toucher et vous embrasser vous », a-t-il demandé dans son homélie.

La profession de foi des catholiques philippins, malgré l’annulation des deux principaux événements de la fête populaire pour raisons sanitaires, a surpris les organisateurs. « En sachant qu’il n’y a pas de procession et pas de Pahalik [le fait d’embrasser la statue], nous avons été marqués par la foi fervente des fidèles malgré l’absence de ces traditions dans les célébrations de cette année », confie Alex Israsga, qui a participé à l’organisation.

Selon les archives de l’Église locale, c’est un artiste mexicain qui a sculpté la statue du Nazaréen Noir au XVIe siècle, et des missionnaires espagnoles l’ont transportée aux Philippines en 1606. La statue montre Jésus portant sa Croix. Au fil des siècles, elle a survécu à deux incendies, deux séismes et de nombreux typhons, ainsi qu’à des bombardements durant la Seconde Guerre mondiale. Le pape Innocent X a approuvé la vénération de la statue en 1650.

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Archidiocèse de Manille / Ucanews