Eglises d'Asie – Laos
Plusieurs années après, des villageois affectés par deux barrages attendent toujours des compensations
Publié le 01/08/2020
Plusieurs années après la construction de deux barrages hydroélectriques sur la rivière Nam Khan, au Laos, plusieurs centaines de villageois laotiens, déplacés de force, n’ont pas encore été compensés financièrement. Les fermiers ont dû quitter leurs villages et ont été relogés entre 2016 et 2018, dans le district de Luang Prabang, dans le nord du pays, afin de permettre la construction des barrages Nam Khan 2 et Nam Khan 3, financés par la Chine voisine. Mes villageois ont été installés dans des camps temporaires, après avoir obtenu la promesse des autorités de recevoir de nouveaux terrains où se réinstaller. Mais les promesses des autorités n’ont pas encore été respectées, et les fermiers déplacés n’ont toujours pas suffisamment de terres cultivables pour pouvoir vivre dignement. « Nous n’avons pas reçu suffisamment de terres agricoles, et de toute manière, ce n’est pas pareil de cultiver dans un lieu qui ne nous appartient pas », explique l’un d’entre eux, cité par Radio Free Asia. « C’est juste un lieu transitoire où nous devons survivre. »
Dégâts environnementaux et pertes des terres
Afin de gagner leur vie, beaucoup de villageois retournent tous les jours sur leurs terres d’origine, à près de dix kilomètres de là, afin de cultiver les terrains qui n’ont pas été inondés par les deux barrages. Outre les promesses de terres attribuées, les villageois déplacés n’ont pas non plus reçu de compensation adaptée pour leurs terrains perdus. « Chaque village a reçu une aide entre 5 millions de kips [465 euros] et 20 millions de kips [1 865 euros], selon leurs niveaux de production », confie un villageois. « C’est bien trop peu. » Le Laos, un régime communiste comptant près de 7 millions d’habitants, considère les barrages hydroélectriques, financés en grande partie par des puissances étrangères et construits le long du bassin du Mékong, comme une source de prospérité économique. Pourtant, la construction des barrages laotiens a entraîné les pertes des terres ancestrales de plusieurs milliers d’habitants, délaissés sans réelles compensations. Certains de ces barrages ont également entraîné des dégâts environnementaux considérables, voire des catastrophes en raison de constructions bâclées.
En juillet 2018, un barrage auxiliaire situé sur un affluent du Mékong, dans le sud-est du Laos, s’est effondré, libérant plus de cinq milliards de mètres cubes d’eau inondant plusieurs villages. Selon la population locale, plusieurs centaines de villageois ont péri dans la catastrophe et près de 7 000 personnes ont été déplacées. « Il n’y a eu aucun avertissement. L’eau est arrivée soudainement de toutes les directions », raconte Maï, une survivante, qui ajoute que sa sœur de 17 ans et son bébé se sont noyés. Malgré l’étendue de la tragédie, beaucoup de survivants n’ont reçu que peu d’aides financières. « Après avoir survécu à la perte de leurs maisons, de leurs proches et de leurs fermes, les villageois laotiens sont à nouveau privés d’aides alimentaires et de logements décents », a dénoncé International Rivers, une organisation caritative américaine, dans un rapport décrivant le sort des villageois. Les nouveaux barrages construits le long du Mékong et de ses affluents, affectent les vies de plusieurs millions de personnes. « Les barrages piègent des sédiments nécessaires à l’alimentation des poissons et empêchent leur migration », explique Kenneth Olson, professeur émérite du département des Sciences de l’environnement et des ressources naturelles de l’université de l’Illinois. « Le bassin inférieur du Mékong est de plus confronté à la sécheresse et à une salinité de plus en plus élevée dans les eaux du delta, ce qui affecte gravement la riziculture et la pollution des eaux souterraines. »
(Avec Ucanews, Vientiane)
CRÉDITS
Crédit Ariverstail.com / Ucanews