Eglises d'Asie

Plusieurs centaines de victimes de la traite de personnes secourues au Laos

Publié le 30/12/2022




Selon un rapport, depuis la création d’une zone économique spéciale chinoise, au Laos en 2007, presque 1 700 personnes victimes de la traite d’êtres humains et du travail forcé y ont été secourues et rapatriées. La Zone économique spéciale du Triangle d’Or, qui s’est implantée dans la province de Bokeo, le long du fleuve Mékong, a été accusée en 2018 par le Département du Trésor américain de prendre part à des activités de blanchiment d’argent et de trafic de drogues et d’animaux sauvages.

La Zone économique spéciale du Triangle d’Or (dans la province de Bokéo, au Laos), au bord du Mékong, vue depuis Ban Sop Ruak, en Thaïlande.

Selon un rapport, depuis la création de la Zone économique spéciale (SEZ) chinoise du Triangle d’Or, au Laos en 2007 (à la frontière avec la Thaïlande), près de 1 680 victimes de la traite des personnes et du travail forcé y ont été secourues et rapatriées.

Un membre anonyme d’une unité de lutte contre la traite d’êtres humains de la province de Bokeo a déclaré que les victimes, dont des ouvriers laotiens et des étrangers, ont été secourues et renvoyées chez elles depuis la SEZ, selon une information publiée le 19 décembre par Radio Free Asia (RFA).

« Une fois secourues, un grand nombre d’entre elles ont été transférées dans un centre d’immigration de la capitale, Vientiane, et les autres ont été placées dans un centre de la province de Luang Namtha [frontalière avec la Chine] », a-t-il ajouté. Les victimes, qui sont de plus d’une vingtaine de nationalités différentes, se sont vues promettre des emplois lucratifs, pour finalement se retrouver piégées par des réseaux de trafiquants qui les ont exploités sous menace de violences.

« Ces victimes viennent de régions pauvres et reculées »

La Zone économique spéciale du Triangle d’Or s’est implantée dans la province de Bokeo, le long du fleuve Mékong. On y trouve l’hôtel-casino chinois Kings Roman, et la zone est connue comme un centre de tourisme et de jeux d’argent aux nombreuses activités criminelles. En 2007, le gouvernement laotien a cédé 10 000 hectares de terrains à la société Kings Romans qui a investi plusieurs centaines de millions de dollars.

Beaucoup de victimes y ont été privées de leurs droits fondamentaux et forcées de travailler, y compris en devant prendre part à des activités criminelles comme la prostitution, la fraude et le trafic de drogue, selon RFA. « Près de la moitié d’entre eux ont été attirés et piégés dans la Zone économique spéciale, et les autres sont arrivés par choix », a indiqué la source anonyme.

Parmi eux, ont compte des femmes de moins de 18 ans qui sont en lien avec le syndicat local Lao Women’s Union, une organisation qui apporte un soutien physique et psychologique aux victimes avant de les renvoyer dans leurs familles, au Laos ou dans leurs pays respectifs. « Ces victimes viennent de régions pauvres et reculées. Elles ont besoin d’argent, sont peu éduquées et sont mal informées des dangers de la traite des personnes. »

Les chefs de gangs chinois souvent « insaisissables » selon la police laotienne

De son côté, la police laotienne affirme poursuivre les responsables de ces réseaux criminels. Kenchanh Phommachack, directeur adjoint de la police au ministère de la Sécurité publique, a déclaré la semaine dernière que 74 personnes ont été condamnées pour traite d’êtres humains dans la zone économique spéciale du Triangle d’Or, entre le 1er septembre et le 12 décembre. « La plupart des trafiquants arrêtés sont chinois, indiens, malaisiens et pakistanais, et la majorité d’entre eux sont des intermédiaires », a précisé l’officier anonyme de la province de Bokeo.

Il a toutefois reconnu que beaucoup des principaux responsables, comme les dirigeants chinois des réseaux de traite des personnes, sont « insaisissables ». « Nous savons que ces chefs de gangs vont parfois jusqu’à torturer les victimes voire les enlever contre rançon », a-t-il poursuivi. Selon Kenchanh Phommachack, parmi 27 suspects arrêtés, détenus et condamnés, on compte 16 étrangers. Il a ajouté que la police a également secouru 21 victimes dont 14 étrangers sur la même période.

La zone économique spéciale bénéficie d’un statut légal spécial au Laos

Une victime qui a quitté la SEZ l’an dernier a expliqué que beaucoup de ceux qui travaillent au centre d’appels de la zone économique spéciale sont Laotiens, Chinois, Indiens et Vietnamiens. « Leur travail est d’arnaquer les gens, de mentir, de convaincre d’investir dans la SEZ. Une fois qu’ils le font, ils perdent tout leur argent pour de bon », a-t-il souligné.

« Beaucoup de Laotiens continue de faire ce travail parce qu’ils n’ont pas d’autre emploi ou qu’ils n’ont pas le choix. Il n’y a pas beaucoup d’opportunités disponibles au Laos. » En mars dernier, 15 Thaïlandais, recrutés par des courtiers sous de fausses promesses, ont ainsi dû prendre part à une arnaque en ligne. Selon leur témoignage, ils étaient forcés de travailler 16 heures par jour.

La Zone économique spéciale du Triangle d’Or, située près de la frontière chinoise, a été embarrassée par des accusations de traite des personnes par des Laotiens et des Thaïlandais, qui se sont retrouvés piégés et forcés d’y travailler par des employeurs sans scrupule. La zone bénéficie d’un statut légal spécial dans le pays communiste, et les autorités locales refusent souvent d’enquêter sur les accusations de maltraitance.

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Slleong (CC0 1.0)