Eglises d'Asie – Corée du sud
Plusieurs groupes religieux sud-coréens appellent à abolir définitivement la peine de mort dans le pays
Publié le 20/07/2022
L’Église catholique sud-coréenne s’est jointe à d’autres groupes religieux afin d’appeler à abolir la peine de mort, en la dénonçant comme anticonstitutionnelle et inapte à freiner efficacement la criminalité dans le pays. La Commission Justice et Paix des évêques coréens a lancé cet appel alors que la Cour constitutionnelle nationale tient une troisième audience afin de décider si le moratoire actuel sur la peine capitale doit être maintenu ou non dans le pays d’Asie du Sud-Est.
En février 2019, la commission épiscopale avait également signé une pétition déposée concernant une personne accusée d’avoir tué ses parents. Le parquet avait demandé la peine de mort, mais la Cour avait condamné l’accusé à la perpétuité, selon le quotidien coréen Dong-A Ilbo. Les pétitionnaires avaient appelé les juges à reconnaître la nécessité de voir la dignité et la valeur de la vie alors qu’ils appliquent les sentences prévues par le système judiciaire. « La vie est une valeur absolue qui ne doit pas être supprimée par un jugement légal », avaient-ils insisté. « Alors que la société a changé au cours des douze dernières années, nous espérons une juste conclusion cette fois-ci. »
Le département sud-coréen de la Justice a poussé à maintenir le statu quo sur la question en se basant sur deux précédents jugements de la Cour suprême en 1996 et 2010. « L’abolition de la peine de mort est une question qui doit être décidée par le droit », a stipulé la Cour. Lors des deux précédents jugements, elles avaient voté en faveur de la peine de mort, les juges ayant voté pour à 7 contre 2 puis 5 contre 4. Il faudrait une majorité de 6 votes sur 9 pour que la peine de mort soit déclarée anticonstitutionnelle et abolie. En 2020, la Commission coréenne pour les droits de l’homme avait soutenu l’abolition de la peine de mort en soulignant que celle-ci « constitue une violation essentielle du droit à la vie ».
« L’État doit appliquer une politique préventive »
La Corée du Sud autorise officiellement la peine de mort malgré une situation d’abolition de fait depuis deux décennies. La dernière exécution a eu lieu il y a environ 25 ans, bien que depuis, 59 accusés ont été condamnés à mort. La Cour aurait engagé un expert pour ajouter l’avis d’une tierce partie, alors que les jugent débâtent de la question. Le professeur Koh Hak-su, de l’École supérieure de droit de l’Université nationale de Séoul, estime que l’effet de prévention de la peine de mort n’est pas avéré d’un point de vue juridique et économique.
En 2018, la Commission nationale coréenne pour les droits de l’homme a mené une enquête auprès de près de mille répondants. Elle a constaté que 70 % d’entre eux approuvaient l’abolition de la peine de mort et acceptaient des condamnations alternatives. L’étude a également sollicité les avis de 132 experts, qui ont partagé les mêmes convictions pour la plupart.
Sept groupes religieux différents ont cosigné un communiqué conjoint afin de lancer cet appel à l’abolition officielle de la peine de mort dans le pays. « L’État doit appliquer une politique préventive qui réduise les fréquences des crimes eux-mêmes en identifiant la racine et les causes de la criminalité et en tentant de résoudre les contradictions », demande le communiqué, publié conjointement par l’archidiocèse catholique de Gwangju, le Conseil national des Églises chrétiennes (NCCK), les groupes bouddhistes de l’Ordre Jogye et de Sungkyunkwan, l’Église chondoïste et le Conseil national coréen des religions.
Le pays a ratifié le Pacte international relatif aux droits civils et politiques en 1990, mais doit encore ratifier le deuxième protocole facultatif au Pacte international et visant à abolir la peine de mort. La Corée du Sud fait partie des 84 pays à n’avoir toujours pas aboli la peine de mort. Outre le Japon, elle fait également partie des trois pays membres de l’OCDE à être dans cette situation.
(Avec Ucanews)
CRÉDITS
The Catholic Times of Korea / Ucanews