Eglises d'Asie

Plusieurs millions de Philippins participent aux neuf Simbang Gabi, ou « messes de la nuit »

Publié le 22/12/2022




Du 16 au 24 décembre, chaque année, de nombreux catholiques philippins participent à la neuvaine de messes appelée Simbang Gabi (littéralement « messe de la nuit »). Une tradition héritée de missionnaires espagnols et perpétuée dans tout le pays. « C’est difficile mais les messes ‘Simbang Gabi’ nourrissent ma vie spirituelle », confie ainsi une mère philippine de 42 ans, qui se joint aux quelques centaines de paroissiens de l’église Saint Jacques le Majeur de Cavite (Manille) qui viennent durant neuf jours avant l’aurore.

Une messe Simbang Gabi, en décembre 2019 dans une église de Quezon (Manille).

Durant les neuf jours précédant Noël, Cristine Pascual, âgée de 42 ans et mère de trois enfants de 14, 13 et 9 ans, se lève à 2h30 du matin au lieu de 6 heures comme d’habitude. Elle se prépare et se rend ensuite à l’église Saint Jacques le Majeur, à Cavite dans le sud de la capitale philippine. Durant la 4e semaine de l’Avent, elle se joint aux messes traditionnelles de l’aurore, appelées Simbang Gabi, qui débutent à 4 heures et qui durent plus d’une heure.

« Je fais cela depuis cinq ans », explique Cristine, enseignante dans une école publique. Son mari vient parfois avec elle. Après la messe, elle rentre préparer le petit-déjeuner pour ses enfants avant qu’ils aillent à l’école. « C’est difficile, mais les messes Simbang Gabi nourrissent ma vie spirituelle », confie-t-elle, en assurant que Dieu répond toujours à ses prières, à chaque fois, d’une manière ou d’une autre.

Plusieurs millions de catholiques philippins comme elle participent à ces messes de l’aurore, qui débutent le 16 décembre et se poursuivent jusqu’au 24 décembre. Cette tradition aurait été introduite par des missionnaires espagnols il y a déjà plusieurs siècles. À l’origine, ces messes étaient appelées « Missa Aurea » (« messes d’or ») et célébrées pour les fermiers philippins devant travailler aux champs le matin avant la chaleur du jour. « Simbang Gabi » signifie littéralement « messe de la nuit ». Elle est aussi parfois appelée « Missa de Gallo » ou « messe du coq ».

« Nous aimons anticiper la naissance de l’enfant »

Aujourd’hui, cette habitude est toujours perpétuée par de nombreux Philippins, à l’étranger ou dans le pays. Le cardinal Luis Antonio Tagle, préfet de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples, célèbre ainsi les messes Simbang Gabi dans la basilique Saint-Pierre de Rome depuis qu’il est au Vatican, avec la communauté philippine locale. En 2019, le pape François avait également participé à la neuvaine de messes.

Avant les messes Simbang Gabi, les églises sont décorées avec des illuminations et des ballons, mais l’enfant Jésus n’est pas encore installé dans les crèches de Noël. Certains catholiques philippins ont aussi d’autres raisons de participer à la neuvaine, convaincus que si quelqu’un achève les neuf messes et fait un vœu le dernier jour, il aura sa prière exaucée. Certains expliquent aussi que c’est la meilleure préparation spirituelle à Noël et que cela les aide à se détacher de leurs péchés. Cependant, la majorité des fidèles y voient une joyeuse anticipation de la venue du Christ.

Le père Joem Afable, un prêtre du diocèse de Sorsogon, souligne que « Noël est la saison la plus joyeuse parce que nous attendons la naissance du Christ. C’est comme dans une famille, si un bébé doit naître, tout le monde est excité et heureux, c’est pourquoi nous aimons anticiper la naissance de l’enfant. ». Aux Philippines, les maisons et centres commerciaux sont même décorés et illuminés particulièrement tôt, avec des chants de Noël qui sont parfois diffusés dès le mois d’octobre.

« Est-ce que c’est Jésus que l’on attend ? »

D’autres Philippins viennent aux messes Simbang Gabi aussi pour leur aspect social et amical. Cependant, les responsables catholiques philippins comme le cardinal Tagle insistent pour que les fidèles restent attachés au sens véritable de la Nativité – la venue de Jésus Christ et non l’aspect matériel de la fête. « Ce Noël, est-ce que c’est Jésus que l’on attend ? Cela ne semble pas toujours être le cas. Parfois, les gens semblent plutôt espérer des primes de fin d’année, et ce qu’ils peuvent acheter avec. Pour eux, si cela arrive, c’est Noël que Jésus vienne ou non », a-t-il confié dans une homélie en 2021.

À cette occasion, le cardinal philippin a également expliqué que le fait de participer à la neuvaine Simbang Gabi, c’est comme cheminer avec Marie, alors que l’enfant grandit en elle, à l’image de la foi de chacun qui doit grandir jusqu’à la naissance du Christ. « À travers ces neuf messes, c’est comme si nous accompagnions Marie durant neuf mois – un jour pour chaque mois qu’elle a passé à porter Jésus. Et au fil du temps, elle nous apprend comment l’accueillir et le laisser grandir dans nos vies. »

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Ucanews