Eglises d'Asie – Divers Horizons
Plusieurs pays asiatiques en recul selon l’Indice de perception de la corruption 2022
Publié le 07/02/2023
Selon le nouvel Indice de perception de la corruption (IPC) 2022, publié le 31 janvier par l’organisation Transparency International (TI), de nombreux gouvernements de la région Asie-Pacifique ont réprimé les libertés fondamentales et l’espace civique, en particulier en Afghanistan, au Cambodge, en Birmanie et en Corée du Nord.
L’ONG internationale, basée à Berlin, a déclaré que « la grande corruption reste courante, et la situation générale ne s’est guère améliorée ». Bien que le rapport note le combat authentique de plusieurs pays asiatiques contre la corruption, la région a reçu la note moyenne de 45 points sur 100 pour la quatrième année consécutive.
L’IPC classe 180 pays et territoires à travers le monde selon les niveaux de perception de la corruption du secteur public, la note de 0 signifiant une corruption maximale. En tête des pays asiatiques les plus « propres » en termes de corruption, on compte Singapour, Hong-Kong et le Japon qui ont été notés respectivement 83, 76 et 73 sur 100. Les notes les plus basses sont enregistrées en Afghanistan (24), au Cambodge (24), en Birmanie (23) et en Corée du Nord (17).
L’organisation a également évoqué la Malaisie (47) et le « scandale 1MDB » (1Malaysia Development Berhad), un fonds souverain malaisien qui était censé contribuer au développement et qui a été détourné. TI dénonce une affaire de « grande corruption » qui a impliqué des banques, des célébrités et des institutions dans six pays différents. En 2022, l’ancien Premier ministre Najib Razak a été emprisonné dans le cadre de ce scandale.
Le rapport de l’ONG cite aussi la nomination d’Ahmad Zahid Hamidi, président de l’UMNO (Organisation nationale des Malais unis), malgré 47 accusations de corruption, de blanchiment d’argent et d’abus de confiance en tant que Vice-Premier ministre. Pour le rapport, cette nomination pourrait entraîner de nouveaux « risques de corruption ».
La Mongolie a obtenu sa note la plus basse avec 33 points à cause d’un « manque de régulation du secteur industriel des matières premières ». Le rapport affirme également que les membres du gouvernement ont « travaillé pour leurs propres intérêts plus que pour celui du public, jusqu’à déclencher des manifestations dans la capitale ».
Le scandale de l’arrestation du père Stan Swamy
Transparency International note aussi que la « démocratie a reculé » en Inde (40 points), aux Philippines (33) et au Bangladesh (25) qui sont parmi les pays les plus peuplés de la région. « Les régimes consolident leur pouvoir en réduisant l’espace civique avec plus de lois draconiennes qui limitent la liberté d’expression ou de critique – et ne risquent aucune poursuite en emprisonnant ceux qui s’opposent à eux », poursuit le rapport.
Par ailleurs, le gouvernement indien « continue de se maintenir au pouvoir et de limiter la capacité du public à répondre », selon TI. Le parti pro-hindou du BJP (Bharatiya Janata Party) a notamment massivement utilisé la loi relative à la prévention des activités illégales (UAPA) de 1967 afin de détenir des militants et opposants. Ainsi, en octobre 2020, le père Stan Swamy, un prêtre octogénaire s’est battu pour les droits des indigènes au Jharkhand, a été arrêté et incarcéré sans procès ni libération sous caution dans le cadre de la loi UAPA. Il est décédé en prison en 2021.
Les efforts du père Stan pour défendre les droits territoriaux des populations indigènes contre des grandes entreprises soutenues par le gouvernement faisaient de lui une cible idéale. Un rapport du groupe américain Arsenal Consulting a révélé que le prêtre a été arrêté sous de fausses preuves qui avaient été placées dans son ordinateur par piratage informatique.
Le journaliste Mohammed Zubair, qui a dénoncé les commentaires controversés d’un ancien dirigeant du BJP à l’encontre du prophète Mohammed, a également été poursuivi et harcelé par des agences du gouvernement.
Une baisse inquiétante de l’IPC en Birmanie
Le rapport de TI affirme également qu’en 2022, le Bangladesh et le Cambodge « ont permis à plusieurs centaines de personnes d’être arrêtées pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression et d’opposition », via des lois draconiennes limitant les droits et libertés des habitants.
La baisse de cinq points de l’IPC enregistré en Birmanie est également vue comme un « signe inquiétant » alors que les militaires sont toujours au pouvoir depuis leur coup d’État de 2021. « Comme ailleurs dans la région, les dirigeants se maintiennent au pouvoir en surveillant étroitement les militants et opposants avec des lois criminalisant toute action considérée comme contre le gouvernement », poursuit l’ONG.
De son côté, le Pakistan a reçu 27 points soit sa pire note depuis 2012. Des tensions politiques ont suivi le départ de l’ancien Premier ministre Imran Khan, chassé du pouvoir l’an dernier par une motion de censure votée contre lui par l’Assemblée nationale. Par ailleurs, une lutte juridique acharnée se poursuit concernant les profits qu’il a engendrés en vendant des cadeaux qu’il a reçus quand il était au poste de Premier ministre. Le rapport estime que le nouveau gouvernement qui a succédé à Imran Khan ne doit « pas permettre que de tels scandales politiques détournent le pays des efforts qui sont entrepris contre la corruption ».
Enfin, TI souligne que d’autres pays asiatiques ont montré des améliorations en réduisant la corruption, dont la Corée du Sud (63 points), la Chine (45), le Vietnam (42), les Maldives (40), le Népal (34) et le Laos (31).
(Avec Ucanews)