Eglises d'Asie – Inde
Près de 300 responsables religieux rassemblés à New Delhi contre les violences au Chhattisgarh
Publié le 11/01/2023
Près de 300 responsables religieux sont rassemblés pour un temps de prière interreligieux, le 8 janvier dans une rue de New Delhi, afin d’exprimer leur solidarité avec les chrétiens aborigènes (Adivasis) qui ont été forcés de fuir leur domicile à cause des violences qui ont éclaté ces dernières semaines dans l’État de Chhattisgarh, dans le centre de l’Inde.
À cette occasion, des croyants hindous, musulmans, bouddhistes, juifs et bahaïs ont prié ensemble avec des cierges allumés en demandant au gouvernement d’intervenir contre les violences contre les chrétiens indigènes, pris pour cible à cause de leur refus de renoncer à leur foi.
La rencontre était organisée à l’invitation de la Commission pour l’œcuménisme et le dialogue interreligieux de l’archidiocèse de Delhi, devant la cathédrale du Sacré-Cœur, afin d’attirer l’attention sur le sort des chrétiens aborigènes des districts de Narayanpur et de Kondagaon au Chhattisgarh. Des indigènes non chrétiens, soutenus par des groupes nationalistes, y feraient pression sur les chrétiens pour qu’ils retournent à leurs pratiques traditionnelles animistes.
Presque 18 villages de Narayanpur et 15 villages de Kondagaon ont été attaqués selon une équipe, envoyée pour enquêter dans les districts affectés. Selon cette équipe, plus de mille habitants ont été déplacés à cause des attaques et des pressions sociales, qui ont débuté durant la seconde semaine de décembre dans la région.
« Une attaque contre la foi, la culture et la tradition indiennes »
Mgr Anil Joseph Thomas Couto, archevêque de Delhi, a assuré les victimes du soutien de l’Église et appelé les autorités locales et le gouvernement fédéral à prendre des mesures immédiates pour ramener la situation sous contrôle.
« Les attaques sur les chrétiens indigènes au Chhattisgarh sont une attaque contre la foi, la culture et la tradition indiennes », a souligné Goswami Sushil Maharaj, président du Parlement indien des religions. Présent à New Delhi pour représenter la communauté hindoue lors du rassemblement interreligieux, il a pris la parole en appelant à son tour le gouvernement à prendre des mesures appropriées pour mettre fin aux violences.
De son côté, Mohammad Salim Engineer, secrétaire général de l’organisation islamique indienne Jamaat-e-Islami Hind, a affirmé que « ceux qui s’attaquent aux autres au nom de la religion n’appartiennent à aucun groupe religieux ». D’autres responsables religieux, dont A. K. Merchant de la communauté bahaïe et le rabbi Ezekiel Malekar de la communauté juive, sont également intervenus en insistant pour le respect des autres confessions religieuses.
Mgr Paul Swaroop, de l’Église du Nord de l’Inde (ENI), Mgr Deepak Tauro, évêque auxiliaire de New Delhi, et le père Vincent D’Souza, vicaire général de l’archidiocèse, ont aussi participé à la rencontre.
11 personnes arrêtées à ce jour
Les tensions continuent au Chhattisgarh. La région a fait face à la plus grande vague d’attaques enregistrées contre les chrétiens indiens en 2021, et elle fait partie des nombreux États du pays à avoir voté des lois anti-conversion. Selon un responsable chrétien local, les attaquants disent aux Adivasis que s’ils veulent rester chrétiens, ils doivent quitter leur village ou continuer de subir des attaques.
Après une certaine accalmie, les violences ont éclaté à nouveau le 2 janvier quand une foule d’environ 50 personnes est arrivée dans l’église du Sacré-Cœur de Narayanpur en profanant l’autel, le crucifix et les statues. À ce jour, 11 personnes ont été arrêtées par la police dans quatre affaires séparées.
Il y a plusieurs décennies, des groupes hindous avaient lancé une campagne nationale intitulée Ghar Vapsi (Retour au pays), dans le but de reconvertir les chrétiens à la religion hindoue en affirmant que l’hindouisme est la « maison commune » et la « religion originelle » de tous les Indiens. Bien que les chrétiens représentent toujours moins de 2 % de la population au Chhattisgarh, sur environ 30 millions d’habitants, les groupes nationalistes hindous affirment que le véritable chiffre est bien plus élevé.
(Avec Ucanews)
CRÉDITS
Ucanews