Eglises d'Asie

Province de Binh Dinh : des religieuses vietnamiennes assistent des lépreux déplacés de force par un projet touristique

Publié le 18/03/2021




Les 2 et 3 mars, dans la province de Binh Dinh, le long de la côte centrale du sud du Vietnam, plusieurs religieuses de la congrégation des Filles de Notre-Dame de la Visitation ont rendu visite à plusieurs lépreux et leurs familles, notamment à Hoai Nhon. Ces lépreux sont d’anciens patients d’une léproserie de Hoa Van, dans la province voisine de Da Nang – fermée par les autorités locales en 2012 à cause d’un projet de station balnéaire. « C’est la première fois que je revois les religieuses depuis que j’ai quitté la léproserie il y a dix ans », explique l’un d’entre eux, Dang Van Loc, âgé de 76 ans.

Le 2 mars, sœur Marie Nguyen Thi Loi parle avec Dang Van Loc, un lépreux de Hoai Nhon, dans la province de Binh Dinh, dans le centre du Vietnam.

Dang Van Loc, dont les pieds et les doigts sont déformés par la lèpre, est salué chaleureusement par quatre religieuses qui viennent lui rendre visite. Il vit dans un logement précaire de la ville de Hoai Nhon, dans la province de Binh Dinh, dans la région de la côte centrale du sud du Vietnam. Dang Loc, âgé de 76 ans, a profité de la visite pour demander des nouvelles d’autres patients qu’il a connu pendant plusieurs décennies dans la léproserie de Hoa Van, dans la ville côtière de Da Nang (à plus de 200 km au nord de Hoai Nhon). « C’est la première fois que je revois les religieuses depuis que j’ai quitté la léproserie il y a dix ans », confie-t-il. Aujourd’hui, il vit seul et il gagne sa vie comme fermier. Malgré tout, il manque de nourriture, d’autant plus qu’il a perdu 400 kg de riz et de manioc l’an dernier lors des inondations massives qui ont frappé la région. Les religieuses l’ont réconforté en lui offrant du thé, des gâteaux, un chapeau conique traditionnel et de l’argent.

Les 2 et 3 mars, les religieuses de la congrégation des Filles de Notre-Dame de la Visitation ont également visité six autres lépreux et leurs familles, dans le but de maintenir le contact avec ces patients et de trouver des façons de les soutenir. Sœur Marie Nguyen Thi Loi, responsable du couvent de Da Nang, explique que ces malades font partie d’un groupe de 362 personnes (en comptant les lépreux et leurs proches) qui ont été forcées de quitter la léproserie en 2012, quand les autorités locales ont décidé de construire des stations balnéaires sur le site. La léproserie était en bord de mer et entourée de montagnes. Le projet touristique, d’un coût estimé à près de 130 millions de dollars US, n’a jamais abouti à cause de litiges en cours entre les habitants de la zone et les investisseurs. Mais la plupart des lépreux et leurs familles ont été déplacés par le gouvernement local dans le district de Lien Chieu. Trois patients ont également été placés à l’hôpital pour y recevoir des traitements, et dix familles, dont celle de sœur Marie Loi, sont retournées dans leurs provinces d’origine.

« Nous essayons réduire leurs souffrances, ils sont nos frères et sœurs »

La léproserie a été fondée avec 40 lépreux en 1968. Elle a été baptisée Hy Lac Vien (« Joyeux refuge ») par Gordon Smith et son épouse – des missionnaires américains de la Communauté mondiale de l’Alliance, un mouvement évangélique. Ils ont quitté le Vietnam en 1974 pour problèmes de santé. Après 1975, quand la Guerre du Vietnam a pris fin, les lépreux ont gagné leur vie en cultivant, en pêchant et en ramassant des fruits et légumes dans la forêt. Ils ont vécu dans la pauvreté et éloignés de tout, n’ayant aucun moyen de transport disponible. En 1980, quand des scouts de Hué sont venus défricher un sentier entre la route principale et la léproserie, des religieuses de Da Nang ont commencé à les visiter et à travailler avec eux. Sœur Loi confie qu’à l’époque, les prêtres étaient interdits d’organiser des activités pastorales auprès des lépreux, dont près d’une centaine étaient catholiques. Les religieuses ont prétendu être de simple laïque en leur apportant l’Eucharistie et en leur offrant des vêtements, de la nourriture et des médicaments.

Dang Van Loc, qui a vécu dans la rue pendant des années, a été envoyé dans la léproserie en 1968. Son épouse est morte de la lèpre en 1979 et ils n’ont pas eu d’enfants. Sœur Loi confie que les lépreux qui n’avaient pas de travail ont vendu leurs maisons et sont partis dans d’autres régions. « Nous avons perdu leur contact, parce qu’ils sont illettrés et qu’ils n’ont pas de téléphone portable. Aujourd’hui, nous travaillons avec 23 familles, soit une centaine de lépreux et leurs proches, dans les provinces de Da Nang, Thua Thien Hue, Quang Nam et Quang Ngai », confie la religieuse, qui explique que les lépreux ont souffert de discriminations de la part des habitants. « Nous essayons de les réconforter et de les soutenir, afin de réduire leurs souffrances physiques et mentales, parce qu’ils sont nos frères et sœurs. » Sœur Loi ajoute que leurs activités sont financées par une association américaine, Friends of Lepers in Vietnam, qui soutient les lépreux vietnamiens.

(Avec Ucanews, Da Nang)


CRÉDITS

Ucanews