Eglises d'Asie

Province de Dak Nong : la mission d’un prêtre vietnamien dans le district reculé de Tuy Duc

Publié le 22/04/2021




Le père Pierre Tran Thanh Truc, vicaire de l’antenne paroissiale de Tan Phuc, dans le district reculé de Tuy Duc (dans la province de Dak Nong, près de la frontière cambodgienne), a été envoyé dans la région en 2018. La sous-paroisse de Tan Phuc, fondée en 2014, compte aujourd’hui près de 2 700 membres, majoritairement de l’ethnie Mnong, qui cultivent le riz, le manioc et le café. Une mission en terrain particulièrement défavorisé. Pierre Dieu Non, membre du conseil paroissial, âgé de 62 ans, explique que « le prêtre a gagné les cœurs des villageois avec son dévouement ».

Le père Pierre Tran Thanh Truc offre du riz à des villageois Mnong de l’antenne paroissiale de Tan Phuc, dans la province de Dak Nong, dans le sud du Vietnam.

Un jour de janvier, par temps frais, le père Pierre Tran Thanh Truc s’est levé à 3 heures du matin pour accueillir un groupe de 35 soignants d’Hô-Chi-Minh-Ville, dans le sud du Vietnam, en leur montrant des tentes où ils pouvaient se reposer. Il a ensuite célébré la messe à 5 heures puis préparé un copieux petit-déjeuner, avant que les soignants puissent offrir des examens médicaux gratuits à près de 400 patients issus d’une antenne paroissiale de Tan Phuc, dans le district reculé de Tuy Duc (dans la province de Dak Nong, près de la frontière cambodgienne). La veille, avec d’autres catholiques de la paroisse, le prêtre avait érigé les tentes et réservé une partie d’une chapelle en bois afin d’accueillir les soignants et les patients. Le père Truc a encouragé les paroissiens, majoritairement issus de l’ethnie Mnong, à se faire examiner. Les habitants maîtrisent peu le vietnamien, et leurs enfants sont peu scolarisés. Après les soins reçus, le prêtre et des habitants vêtus d’habits traditionnels ont remercié les visiteurs avec des danses et des chants autour d’un feu de camp, en plaisantant avec eux. « J’invite souvent des groupes de soignants et de bienfaiteurs à visiter la paroisse, afin de fournir des aides humanitaires comme des vêtements, des fournitures scolaires voire même des bourses d’étude pour les plus démunis, qui souffrent aussi d’un manque de nourriture en permanence », confie le père Thanh Truc, âgé de 50 ans.

Construction d’une nouvelle église

L’antenne paroissiale de Tan Phuc, fondée en 2014, compte 2 700 membres, majoritairement Mnongs, qui cultivent le riz, le café et le manioc, avec de maigres résultats à cause d’une terre aride et d’une météo difficile. Durant la saison sèche, la chapelle en bois, d’une superficie de 60 m², devient trop chaude et se couvre d’épaisses couches de poussières à cause d’une mauvaise route qui passe à côté. Durant la saison des pluies, qui dure au moins trois mois, les routes et les pistes deviennent glissantes, et les habitants doivent porter des bottes pour venir à la chapelle. « Je dois balayer et laver la chapelle moi-même tous les jours avant de pouvoir accueillir les paroissiens pour la messe », explique le prêtre. Sa routine quotidienne débute à 4 heures du matin et se termine vers 22 heures, avec entre autres la messe, les visites aux malades et aux personnes âgées, la prière du chapelet avec des villageois le soir et le nettoyage de la chapelle. Le père Thanh Truc doit aussi préparer ses propres repas et faire sa lessive et son ménage, et surveiller la construction d’une nouvelle église qui a débuté en octobre 2020. Le prêtre collecte des fonds dans ce but. L’église est construite sur un terrain de 1 000 m², afin de remplacer la petite chapelle érigée en 2007.

Des paroissiens se sont portés volontaires pour participer aux travaux. On trouve entre 20 et 100 ouvriers volontaires sur le site tous les jours, qui reçoivent de la nourriture en guise de paiement. Le père Truc participe également en portant des matériaux de constructions sur le chantier. « J’essaie de m’habituer à cette routine un peu exigeante afin de vivre au milieu d’eux et de les servir », confie-t-il. Le prêtre a été assigné là en 2018. Il explique qu’au début, durant un an, il a dû dormir dans une pièce située derrière la chapelle, avant de construire une maison temporaire. Une fois, la chapelle a été inondée à cause de fortes pluies. Le prêtre, qui est le premier vicaire de l’antenne paroissiale, confie également qu’il a construit des bâtiments traditionnels près de la chapelle, afin de pouvoir accueillir près de 300 enfants pour le catéchisme. Cela lui permet aussi de loger des visiteurs, mais il n’y a toujours pas de presbytère. Le père Tran Thanh Truc, qui a déjà servi deux autres paroisses, essaie de soutenir la foi des catholiques du district en fondant des associations de laïcs, notamment avec des groupes de catéchistes et de choristes. Le père Truc explique qu’il espère inviter des religieux pour l’éveil et la formation spirituelle.

Aide au développement et évangélisation

Le prêtre, qui a été ordonné en 2010, a aussi installé des systèmes de filtration d’eau afin de procurer de l’eau potable aux habitants, les rivières et cours d’eau de la région étant pollués ou à sec. Marie Thi Hen, qui participe au chantier de la nouvelle église, confie que le prêtre assiste en particulier les villageois en difficulté. « Beaucoup de familles n’ont pas eu de vrais repas depuis des mois ; ils se contentent toujours de légumes avec du sel », ajoute-t-elle. Marie Hen, qui est venu faire examiner ses yeux auprès des soignants de passage, confie que le prêtre les encourage à être solidaires et à s’entraider, en participant par exemple aux réparations des maisons voisines durant la saison des pluies. « L’engagement et le dévouement du père Truc ont eu beaucoup d’effet dans nos vies. Il garde toujours un regard paternel sur nous tous », ajoute Marie, une mère de 34 ans, qui gagne environ 10 millions de dongs (400 euros) par an en cultivant le café. « Nous sommes ravis d’avoir un tel prêtre », assure-t-elle. Pierre Dieu Non, membre du conseil paroissial, estime que le père Truc soutient aussi la ferveur des paroissiens en priant le chapelet avec eux dans leurs maisons, le soir, et en offrant des statues chrétiennes à ceux qui n’ont pas les moyens d’en acheter. Les habitants ont également renoncé à certaines coutumes d’offrandes aux dieux durant les funérailles et les fêtes des récoltes.

« Le nombre de catholiques est passé de 1 000 à 2 700 depuis son arrivée »

Pierre Non, âgé de 62 ans, explique que « le prêtre a gagné les cœurs des villageois avec son dévouement et sa tendresse ». « Ainsi, le nombre de catholiques est désormais passé de 1 000 à 2 700 depuis son arrivée. » Durant les années 1950, des missionnaires français ont travaillé auprès des villageois et baptisé plusieurs familles. Ils ont été expulsés du pays après 1975, après la guerre du Vietnam. Après cela, les catholiques de la paroisse ont dû parcourir 120 km afin de pouvoir participer à la messe. En 1997, 240 personnes issues de 60 familles ont reçu le baptême grâce aux efforts de l’Église locale, attirant d’autres conversions par leur témoignage. Ils devaient se rassembler dans leurs maisons respectives avant la construction de la chapelle actuelle en 2007. « Ma vocation est de les servir et de vivre en harmonie avec mes brebis, dans des zones particulièrement défavorisées. Être missionnaire, c’est une œuvre d’amour », confie le père Truc. « J’essaie tous les jours de rester humble et d’écouter les gens de bonne volonté. »

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Ucanews