Eglises d'Asie

Province de Quang Tri : un prêtre vietnamien auprès des villageois Van Kieu face au typhon Vamco

Publié le 28/11/2020




Le 15 novembre, la tempête tropicale Vamco a atteint les régions centrales du Vietnam après avoir frappé les Philippines. La veille, les autorités vietnamiennes ont demandé l’évacuation d’au moins 460 000 personnes. Dans un village de la province de Quang Tri, des villageois de l’ethnie Van Kieu ont subi de lourdes pertes, dont 15 maisons et 10 hectares de cultures. Le père Francis Xavier Tran Vuong Quoc Minh, curé de la paroisse de Khe Sanh, à 12 km du hameau, leur a envoyé de l’aide. « Servir les personnes dans le besoin, c’est la meilleure manière d’introduire les autres à la religion de l’amour », explique le prêtre.

Le 23 octobre 2020, le père Francis Xavier Tran Vuong Quoc Minh (au centre), en visite pastorale auprès de villageois indigènes dans le district de Huong Hoa.

Le 15 novembre, la tempête tropicale Vamco a frappé les provinces centrales du Vietnam en détruisant une quinzaine de maisons et dix hectares de cultures dans un hameau du district de Huong Hoa, dans la province de Quang Tri. Les habitants du village, qui appartiennent majoritairement au peuple indigène Van Kieu, ont également perdu près de 2 200 têtes de bétail dans la catastrophe. Le chef du village, Anthony Ho Duoc, âgé de 51 ans et père de quatre enfants, s’est précipité à la rencontre du père Francis Xavier Tran Vuong Quoc Minh pour demander son aide. « Il a tout de suite promis d’envoyer de l’aide et de l’argent pour réparer nos maisons et pour que nous puissions acheter des porcelets, des chevreaux, de la canne à sucre et des plants de poivron », confie Anthony, qui a reçu 80 kg de riz et 4 millions de dongs (145 €). Le toit de sa maison a été arraché, et cinq porcs sont morts durant la tempête.

Pour lui, cela représente une perte d’environ 25 millions de dongs (905 €) par animal. Anthony explique que les villageois ont reçu de la nourriture pour trois mois, jusqu’à ce qu’ils puissent récolter leurs cultures, en début d’année. « Le père Minh est vraiment notre sauveur. Nous n’aurions pas su comment nous en sortir après la tempête, sans son aide », assure Anthony. Il ajoute que les 185 villageois, qui sont tous de l’ethnie Van Kieu, se sont convertis au catholicisme il y a sept ans après avoir rencontré le prêtre. Le père Minh est curé de la paroisse de Khe Sanh, à 12 km du hameau. Ho Luong un ancien du village, explique que les habitants traitent le père Minh avec le même respect qu’ils ont pour les anciens, à cause de l’amour et de l’attention qu’il a manifesté pour eux. « Nous l’invitons toujours à participer aux fêtes des récoltes, en remerciement pour sa générosité », ajoute-t-il.

Sécheresses, inondations et tempêtes tropicales

Ho Luong explique qu’il y a sept ans, une tempête et des inondations avaient déjà emporté leurs maisons et leurs fermes. Alors qu’ils étaient affamés et exposés aux éléments, beaucoup de villageois sont allés chercher de la nourriture dans les forêts alentour. D’autres ont parcouru 12 km à pieds jusqu’à la paroisse de Khe Sanh pour demander de l’aide. « Le père Minh et des paroissiens ont ouvert l’église et nous ont accueillis alors que nous étions des étrangers », raconte Ho Luong. Ils ont alors reçu de la nourriture, de l’eau et des médicaments. Il ajoute que depuis, ils ont gardé de bonnes relations avec le prêtre. Le père Minh explique qu’à l’époque, il a déplacé l’Eucharistie dans un autre lieu afin de permettre aux victimes de se réfugier dans l’église et dans le presbytère. Des paroissiens l’ont également aidé à préparer et à servir des repas. Ils leur ont également donné des vêtements, des moustiquaires et des couvertures. « Pour moi, leur visite inattendue était un signe de Dieu qui me demandait de les aider », confie le prêtre, âgé de 50 ans, qui ajoute qu’avec d’autres catholiques, ils ont également rendu visite au hameau.

Le père Minh, qui a été envoyé dans la paroisse de Khe Sanh en 2012, a appelé les paroissiens à fournir davantage de nourriture et de matériaux de constructions pour le peuple Van Kieu, pour leur permettre de reconstruire leurs maisons. Le père Minh explique qu’ils vivent simplement, et qu’ils sont très hospitaliers avec les visiteurs. Il assure qu’ils le voient même comme un membre de leur propre famille. Le prêtre, originaire de Quang Tri, ajoute que la plupart des habitants de la région sont des agriculteurs et des éleveurs, et qu’ils manquent de nourriture à cause des sécheresses, des inondations et des tempêtes tropicales qui affectent trop souvent leurs cultures. Certains font appel à des shamans plutôt que d’envoyer les patients à l’hôpital. Beaucoup abusent de l’alcool et se montrent superstitieux. Afin de mieux prévenir les tempêtes, le père Minh a fait construire des routes bitumées afin de relier les villages.

150 à 200 baptisés Van Kieu chaque année

Grâce à l’aide de la paroisse, plusieurs centaines de maisons ont également été construites pour les villageois, ainsi que deux maisons pouvant accueillir les réfugiés durant les catastrophes. Le prêtre, qui est également pharmacien, offre aussi des médicaments gratuitement à ceux qui souffrent de diarrhée, de fièvre, de pression artérielle ou d’allergies, et il utilise sa voiture pour conduire les patients à l’hôpital à Hué, à près de 160 km de la paroisse. Ho A Khuong, de l’ethnie Van Kieu, dont la femme a souffert de pneumonie le mois dernier, explique qu’il a pris sa moto pour aller voir le père Minh, qui l’a aidé financièrement afin que sa femme puisse être hospitalisée dans la ville de Dong Ha. Ho A Khuong, âgé de 34 ans, ajoute qu’en 2017, pendant qu’il était auprès de sa femme qui était alitée dans un hôpital local, le père Minh s’est occupé de ses trois enfants pendant trois mois. Le père Francis Xavier Minh raconte qu’en 2018, un couple a frappé à sa porte à minuit en demandant de l’aide. Il a alors emmené la femme enceinte et son mari à l’hôpital de Dong Ha à 80 km de là, pour qu’elle puisse accoucher.

À Noël et à Pâques, son église accueille près de 1 500 catholiques indigènes, qui participent aux célébrations, partagent des repas et reçoivent des cadeaux. « Servir les personnes dans le besoin, c’est la meilleure manière d’introduire les autres à la religion de l’amour, en particulier quand il s’agit de villageois indigènes qui vivent honnêtement », estime le prêtre, qui ajoute qu’on compte entre 150 et 200 indigènes qui sont baptisés chaque année dans la paroisse. Il explique que ceux qui vivent dans des régions plus éloignées, jusqu’à 70 km de l’église, ne peuvent pas venir tous les dimanches. Des patients et des personnes âgées meurent sans avoir pu recevoir les derniers sacrements. « Je rassemble les malades, les plus âgés et ceux qui habitent loin tous les six mois afin de leur donner les derniers sacrements », ajoute le prêtre. Le père Minh sert les paroisses de Khe Sanh et de Ba Long, qui couvrent les districts de Da Krong et de Huong Hoa. Les deux paroisses comptent environ 2 600 catholiques sur 135 000 habitants, dont 50 000 indigènes de l’ethnie Van Kieu.

(Avec Ucanews, Dong Hoi)


CRÉDITS

Ucanews