Eglises d'Asie

Province de Thua Thien Hue : un groupe pro-vie aide les femmes à sortir du traumatisme post-avortement

Publié le 13/01/2022




À l’occasion de la fête des Saints Innocents (le 28 décembre) et du Nouvel an lunaire (le 1er février prochain), les membres d’un groupe pro-vie, fondé en 1990 par le père Dominique Truong Van Quy dans la province de Thua Thien Hue, apportent tous les ans des fleurs et de l’encens devant les tombes de bébés avortés, dans des cimetières catholiques de la région. « Les fœtus sont des êtres humains, ils ont le droit à un enterrement digne », souligne le prêtre, âgé de 54 ans, dont le groupe a également aidé de nombreuses femmes ayant vécu un avortement.

Le 28 décembre, des volontaires d’un groupe pro-vie déposent de l’encens devant les tombes de bébés avortés, dans un cimetière de la province de Thua Thien Hue.

Tous les ans, Dang Thi Thanh apporte des fleurs et de l’encens devant la tombe de son fœtus avorté, située dans un cimetière catholique, à l’occasion de la fête des Saints Innocents et du Nouvel an lunaire. Dang Thanh, âgée de 40 ans, qui gagne sa vie en vendant de la nourriture dans un marché traditionnel du district de Phu Vang, dans la province de Thua Thien Hue, dans le centre du Vietnam, cherche à demander pardon pour son enfant tué avant sa naissance il y a 22 ans. Pour elle, cela fait partie d’un important chemin de guérison.

Elle a dû quitter l’école à cause de la pauvreté de sa famille, alors que sa mère avait divorcé de son père alcoolique et violent. À l’âge de 18 ans, elle a commencé à travailler dans un café pour soutenir sa mère. Le propriétaire du café l’a mise enceinte et l’a forcée à avorter au bout de trois mois de grossesse. Deux ans plus tard, elle s’est mariée avec un jeune homme et s’est installée dans sa maison familiale. Mais quand ils ont découvert son passé tragique, ils l’ont traitée abominablement. Ils l’ont chassée de leur maison alors qu’elle était enceinte, et son mari s’est remarié avec une autre femme.

Après la naissance de son garçon à l’hôpital, elle a alors décidé de le confier à un orphelinat catholique, parce qu’elle n’avait pas de travail et que la famille de son ex-mari voulait l’éloigner d’elle. « Je me suis sentie terriblement coupable d’avoir abandonné mes enfants, en particulier le fœtus avorté. À l’époque, j’étais trop jeune pour envisager de meilleures décisions », explique-t-elle. Son fils a été adopté par une famille catholique locale sans enfants. « Je prie toujours pour lui, pour qu’il soit heureux et qu’il devienne quelqu’un de bien. »

Un groupe fondé en 1990 par le père Dominique Truong Van Quy

Pour se reconstruire, elle essaie d’aider des orphelins et des personnes âgées isolées. Durant des années, elle explique qu’elle était dans la détresse et qu’à cause d’un fort sentiment d’infériorité et même de la rancœur envers elle-même, elle évitait les rassemblements sociaux. Puis elle a rejoint un groupe pro-vie en 2017, fondé par un prêtre catholique au service de femmes comme elle, afin de leur donner l’opportunité de sortir de leur détresse émotionnelle et de les soutenir également sur le plan matériel.

La jeune vietnamienne se dit reconnaissante envers la communauté catholique, qui lui a donné de l’argent afin qu’elle puisse lancer son activité, en l’encourageant également à prendre part à des activités sociales pour qu’elle puisse sortir de sa tristesse et de sa souffrance en réintégrant pleinement la société.

Les membres du groupe organisent des visites régulières et vont nourrir les patients et les personnes âgées à l’hôpital, en particulier ceux qui n’ont pas de famille pour s’occuper d’eux. « Nous allons les voir souvent et nous nettoyons aussi les cimetières accueillant des fœtus avortés », confie-t-elle. Les membres du groupe se retrouvent toutes les semaines pour partager leurs peines et leurs joies avec les autres. Elles se soutiennent aussi financièrement. Ce sont des membres du groupe qui ont aidé Dang Thi Thanh à retrouver la tombe de son enfant, dans un cimetière catholique.

« Ils ont le droit d’être enterrés dignement »

Le père Dominique Truong Van Quy, qui a fondé le groupe pro-vie (Pro-Life Group) en 1990, explique que les 43 membres du groupe visitent et soutiennent des femmes qui ont vécu des avortements. Ces femmes sont encouragées à se confier et à s’engager à des activités sociales afin de faire face à leurs problèmes émotionnels. Le père Quy, curé de la paroisse de Chanh Xuan, explique que le groupe compte aussi des volontaires qui ont eu des enfants après des tentatives d’avortements. Le groupe se charge aussi d’aller chercher les corps des fœtus avortés dans les hôpitaux publics et les cliniques privées, afin de les enterrer dans les cimetières. Ils sensibilisent aussi la population locale sur le respect de la vie qui est un don de Dieu.

« Les fœtus sont aussi des êtres humains, et ils ont le droit à un enterrement digne », souligne le prêtre, âgé de 54 ans, qui utilise un terrain de 5 000 m² appartenant à sa famille, situé sur une colline. Le cimetière compte aujourd’hui 46 000 fœtus avortés, ajoute-t-il. Il précise que les membres du groupe se rencontrent aussi tous les trois mois pour prier et partager leurs expériences. Le jour de la fête des Saints Innocents, ils peignent et nettoient les tombes des enfants non nés dans deux cimetières catholiques, et ils visitent les orphelinats et vont à la messe.

Teresa Pham Thi Ngoc Oanh, membre du groupe, confie qu’autrefois, ils prenaient en charge entre 25 et 40 fœtus par jour dans les hôpitaux, et parfois même dans des poubelles. Aujourd’hui, ils en comptent entre 5 et 10 par jours, alors que beaucoup de femmes interrompent leur grossesse très tôt, explique Teresa, âgée de 54 ans. « Nous avons sauvé près de 2 000 bébés de l’avortement sur une période de 30 ans, depuis la fondation du groupe », se réjouit-elle.

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Ucanews